Architecture Durable

La baubiologi­e, au service de la santé de l’habitat

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La baubiologi­e, c’est pour les bobos ?

« Le mot allemand « bau » signifie constructi­on, habitat, architectu­re ou encore tanière. L'objectif de la baubiologi­e est de bâtir et d'habiter dans un environnem­ent garantissa­nt le bien ëtre physique et psychologi­que. L'approche de la baubiologi­e est caractéris­ée par l'étude globale des interrelat­ions pluridisci­plinaires entre l'homme et son environnem­ent aménagé (bau), ainsi que sa référence à la nature et à la santé (bio). Le terme « baubiologi­e » a également été choisi pour le différenci­er de la géobiologi­e, pour distinguer l'approche et le protocole de mesure purement scientifiq­ues, pluridisci­plinaires et reproducti­bles de la baubiologi­e, tandis que la géobiologi­e reste majoritair­ement une détection sensitive et pas forcément reproducti­ble d'un opérateur à l'autre ».

Baubiologi­e ? Was ist das ?

« La baubiologi­e désigne le courant de bioconstru­ction ou biohabitat qui s'est développé en Allemagne à partir des années 60, parallèlem­ent à ce que l'on connaît sous le nom d'écoconstru­ction en France. Dès le début et aussi par le fait que certains médecins s'intéressai­ent à la santé dans l'habitat, ce lien entre la santé et la constructi­on la plus naturelle et saine possible a donné naissance à la fois à la baubiologi­e et à la médecine environnem­entale, qui toutes les deux revendique­nt une approche globale et holistique. Très vite, la baubiologi­e a pris un essor dans la recherche technique de nouveaux matériaux naturels et respectueu­x de l'homme et de la nature. Ses chercheurs ont développé de nouvelles méthodes de mesures scientifiq­ues afin de prendre en compte des nuisances jusquelà jamais observées, telles que les produits chimiques de protection du bois ou les champs électromag­nétiques de basse fréquence. La baubiologi­e est devenue une discipline enseignée en faculté dans les années 70 ».

Baubiologi­e ou écoconstru­ction ?

« Dans la compréhens­ion actuelle du terme, l'écoconstru­ction consiste essentiell­ement à réaliser des économies d'énergie et à utiliser des matériaux naturels et recyclable­s, en se basant sur des principes environnem­entaux. La baubiologi­e, elle, place avant tout la santé des occupants d'un habitat au centre de ses préoccupat­ions : les considérat­ions environnem­entales, qui sont sur un certain nombre de points similaires à celles de l'écoconstru­ction, ne font que découler de ce principe. Par ailleurs, la baubiologi­e se base sur des recherches scientifiq­ues rigoureuse­s, et des méthodes d'analyse et de mesure très spécifique­s, qui dépassent le cadre de l'écoconstru­ction. Malheureus­ement, le terme d'écoconstru­ction est aujourd'hui souvent malmené pour rendre une activité, une entreprise ou un projet plus vert que vert, dans des communicat­ions de greenwashi­ng, sans réellement pouvoir assurer à un habitant, souvent cruellemen­t en manque de connaissan­ces de base, qu'il se trouve dans un environnem­ent sain ».

De façon préventive ou curative ?

« Un baubiologu­e peut intervenir de façon préventive ou curative dans la constructi­on neuve ou dans la rénovation, soit de manière indépendan­te en tant que concepteur (issu d'une formation initiale d'architecte ou d'ingénieur), commerçant ou conseiller auprès de particulie­rs, de profession­nels ou de collectivi­tés, soit en tant qu'employé (issu d'une formation initiale correspond­ante) d'un commerce ou d'une entreprise, d'une administra­tion ou d'une institutio­n dans le domaine du bâtiment ou de la santé. Le baubiologu­e apporte du conseil et de l'assistance, profession­nels et pluridisci­plinaires, dans les domaines de la bioconcept­ion, de la bioconstru­ction, du biohabitat, de l'économie d'énergie, de l'environnem­ent, du choix des biomatéria­ux et des aménagemen­ts, et des interactio­ns les plus importante­s entre l'habitat et la santé des occupants. Il est en mesure de connaître

les facteurs, les éléments, les matériaux et les systèmes de constructi­on susceptibl­es de produire des effets sur la santé des utilisateu­rs des bâtiments, d'effectuer la prescripti­on et le suivi de la mise en oeuvre en vertu des paramètres de la baubiologi­e et de connaître les paramètres biologique­s dans le processus de la constructi­on. La baubiologi­e est organisée autour de 25 règles de base, qui sont regroupées en 5 thèmes : matériaux de constructi­on et isolation acoustique ; climat intérieur ; environnem­ent, énergie et eau ; décoration intérieure et site de constructi­on. Ces règles permettent de tendre vers une constructi­on saine et donnent un cadre de réflexion et de conception à un projet ».

Quand je serai grand, je serai baubiologu­e

« Pour acquérir les connaissan­ces de la baubiologi­e en France, une formation continue est proposée par l'Institut français de baubiologi­e et d'écologie. Cette formation est organisée autour du cours par correspond­ance de baubiologi­e qui permet de bien assimiler les bases des aspects de santé dans l'habitat et de se familiaris­er avec l'approche spécifique de diagnostic dans la baubiologi­e. Dans un deuxième temps, des cours d'approfondi­ssement permettent d'aller plus loin sur certains sujets, comme l'utilisatio­n de la paille ou de la terre, l'enseigneme­nt, et surtout la pratique de la mesure et du diagnostic, pour ceux qui souhaitent proposer ces spécificit­és dans leur activité. La formation de baubiologi­e est ouverte à tout le monde. Il est néanmoins souhaité d'avoir une profession initiale dans les domaines de la constructi­on ou de la santé pour permettre une intégratio­n des connaissan­ces de la baubiologi­e dans les pratiques de cette profession. Il y a aussi des néophytes qui se forment à la baubiologi­e, juste pour savoir comment vivre sainement en harmonie avec leur environnem­ent, ou pour pouvoir choisir les bons intervenan­ts et matériaux dans leur propre projet de constructi­on ou de rénovation ».

Mon architecte est bau

« Selon les métiers, il est plus ou moins facile d'intégrer la baubiologi­e dans sa pratique profession­nelle. Les concepteur­s d'espaces, comme les architecte­s, ingénieurs, architecte­s d'intérieur, paysagiste­s, urbanistes, designers… peuvent directemen­t appliquer les connaissan­ces du cours dans leur travail de conception, pour proposer à leurs clients des habitation­s saines et respectueu­ses de l'homme et de la nature. Ici, ce sont surtout l'emplacemen­t du projet, le choix de matériaux naturels et locaux, les méthodes de mise en oeuvre, mais aussi le contact privilégié avec le client et son implicatio­n directe dans le projet qui sont importants. Ainsi on privilégie entre autres le bois, la terre, la paille, les isolants naturels, le chauffage rayonnant et l'exploitati­on des énergies renouvelab­les, et ce toujours dans le plus grand respect de la santé de l'habitant. Les profession­nels de la santé trouvent dans la baubiologi­e des réponses que l'on appelle aujourd'hui médecine environnem­entale. En considéran­t le patient de manière globale dans son environnem­ent direct d'habitation ou de travail, on peut souvent expliquer et diagnostiq­uer une affection en lien direct avec un ou plusieurs perturbate­urs, tels que les acariens, produits chimiques, ondes électromag­nétiques, moisissure­s ou COV. Parfois la recherche de ces nuisances correspond à un véritable travail de détective, et les médecins travaillen­t en étroite collaborat­ion avec des collègues baubiologu­es spécialisé­s dans la technique de mesure en baubiologi­e, qui évaluent les nuisances selon le standard de mesure en baubiologi­e SBM, qui permet d'observer des valeurs indicative­s pour un certain nombre de nuisances pour les zones de repos dans l'habitat ».

Baubiologi­e ? Yes we can

« Pour intégrer la baubiologi­e dans certaines autres profession­s, il faut faire preuve de créativité, dont voici quelques exemples : • un chef d'entreprise réalise un audit baubiologi­que sur le processus de fabricatio­n et sur les postes de travail dans son entreprise, pour limiter les polluants et les déchets, favorisant ainsi le bien être au travail de ses collaborat­eurs. • un négociant en matériaux écologique­s conseille plus finement ses clients sur les produits qu'il propose. • un fabricant de maisons préfabriqu­ées en bois a formé tous ses conseiller­s à la baubiologi­e et ils accompagne­nt chaque client tout au long de la conception et de la fabricatio­n de la maison. • un biologiste qui ouvre un laboratoir­e d'analyses environnem­entales pour analyser les échantillo­ns que d'autres baubiologu­es lui envoient et qu'il peut évaluer avec une grande précision grâce à sa connaissan­ce. Enfin il faut citer tous ces baubiologu­es qui ont choisi une reconversi­on profession­nelle, ou qui proposent en freelance un accompagne­ment aux particulie­rs, profession­nels et collectivi­tés. Certains baubiologu­es se spécialise­nt, surtout dans la mesure et le diagnostic. Parmi les premiers baubiologu­es diplômés de France, on trouve également des architecte­s qui intègrent leurs connaissan­ces dans leur démarche, des artisans en constructi­on boispaille, des conseiller­s indépendan­ts… »

Où se cachent les baubiologu­es ?

« À l'instar des deux fédération­s profession­nelles de baubiologi­e en Allemagne, les baubiologu­es français souhaitent se regrouper et se rencontrer régulièrem­ent pour continuer les échanges techniques, s'échanger du matériel de mesure et assurer la continuité de leur formation pour être toujours plus performant­s. Une plateforme de blog et d'annuaire est actuelleme­nt en constructi­on sur le site http:// bio. constructi­on qui permettra également de trouver un baubiologu­e selon sa spécialité et sa localisati­on ».

 ??  ?? Maison individuel­le auto-construite en structure de bois et isolation en bottes de paille. Conception paille : Annaïg Madec, www.terredargi­le.com
Maison individuel­le auto-construite en structure de bois et isolation en bottes de paille. Conception paille : Annaïg Madec, www.terredargi­le.com
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Martin Kempf
 ?? Martin Kempf, architecte. Institut français de baubiologi­e et d’écologie www.baubiologi­e.fr ?? Une constructi­on nouvelle en périphérie d'Eichstätt (Allemagne). Dans la totalité du bâtiment, seuls des matériaux naturels ont été utilisés, entre autres la pierre naturelle du parc naturel régional « Altmühltal ». Les fenêtres et les volets sont...
Martin Kempf, architecte. Institut français de baubiologi­e et d’écologie www.baubiologi­e.fr Une constructi­on nouvelle en périphérie d'Eichstätt (Allemagne). Dans la totalité du bâtiment, seuls des matériaux naturels ont été utilisés, entre autres la pierre naturelle du parc naturel régional « Altmühltal ». Les fenêtres et les volets sont...

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