Armes de Chasse

Recettes de Noël, foie gras et amendes !

- Bonne lecture et bonne année 2014 à tous, Laurent Bedu

Allez, c’est le réveillon de Noël, c’est la fête, vous prendrez bien un peu de ce foie gras que j’ai déniché chez un petit producteur du Gers ? – Non merci, pas d’« organe tuméfié d’un oiseau mis en cage, gavé et rendu malade » ! – Euh… Quoi ? Non, ça c’est du foie gras… – Oui, oui, c’est ça, « l’organe tuméfié d’un oiseau mis en cage, ga vé et rendu malade ». Ce sont les termes exacts employés par la porteparol­e de l’associatio­n L214 Ethique & Animaux pour désigner le foie gras qu’elle demandait récemment aux chefs des plus grands restaurant­s parisiens de supprimer de leur carte. – Ah… elle veut supprimer le foie gras ? – Pas seulement. L214 se bat sur tous les fronts. Avec 23 autres associatio­ns, elle a fondé le CACC, le Collectif pour l’abolition de la chasse à courre. On y retro u ve p ar exemple l’Associatio­n nationale de défense des propriétai­res non-chasseurs (ANDPNC), l’Associatio­n pour la protection des animaux sauvages (ASPAS), le Comité radicaleme­nt anti-corrida (CRAC), la Convention vie et nature pour une écologie radicale (CVN), Dignité animale, Droits des animaux (DDA), Rassemblem­ent anti-chasse (RAC), etc. – C’est joli, tous ces sigles, mais pourquoi interdire la chasse à courre ? – Parce que, d’après le CA CC, « la chasse à courre, abandonnée depuis la Rév olution et réactivée par Napoléon, qui dans le même temps rétablissa­it l’esclavage [est] une pratique extrêmemen­t cruelle qui n’est justif iée que par le plaisir de ceux qui s’y livrent, et qui scandalise tous les autres ». – Que vient faire l’esclavagis­me là-dedans ? – C’est une associatio­n d’idées assez subtile pour rendre la chasse à courre encore plus inhumaine ! – Ah bon… et ça marche ? – Toujours. De la même façon, on rappelle que « les fédération­s de chasse [ont été] créées en 1941 par un décret du maréchal Pétain ». – Je comprends, c’est comme Hitler qui a été le premier à interdire la chasse à courre… – Non, ça, c’est faux ! – Ah bon ? – Oui. Enfin, on le dit, car ça nuit à notre lutte contre la vénerie qui «mobilise 17 000 chiens et 7 000 chevaux [et] près de 100000 suiveurs ». – Je connais ces chiffres et je peux même vous dire qu’il y a 10 000 boutons. – Oui, mais pas pour nous ! – Comment ça ? – Dix mille, c’est à la sauce grand veneur… – Tandis que vous, c’est sûrement mitonné à la sauce verte, celle qui réduit beaucoup ? – Le CACC, qui s’y connaît en chiffres, estime qu’en fait « on compte 2 692 membres payants, chiffre qui peut sans doute être divisé par deux en éliminant les anciens membres, sympathisa­nts ou membres de la f amille. Cent mille suiveurs est aussi un nombre commode qui doit pouvoir être ramené à 4 000 assidus. » – Wouah ! Le nombre de veneurs fond très vite, encore un coup du réchauffem­ent climatique ? – Non, c’est vrai ! Ces gens-là sont de bonne foi, ils se battent pour l’émergence d’un texte reconnaiss­ant le bien-être animal. – En plaçant les animaux au même rang que l’être humain ? – Bien sûr, puisque que, comme nous le répétons, chez L214, «les animaux sont eux aussi des habitants de cette planète ». – C’est beau comme du Miss France ! Mais ils sont écoutés, ces gens-là ? – Oui, ils sont très or ganisés, présents sur le Net et très actifs dans les villes, là où l’on sait ce qu’est l’écologie, qui est trop sérieuse pour être confiée à des ruraux. Et puis, sur F acebook, ils ont près de 30 000 amis ! – C’est énorme ça ! Si mes calculs sont bons, ça représente 2,5 %, soit un quarantièm­e du nombre de chasseurs en France ! – Oui. Mais parfois «des militants qui avaient manifesté leur opposition à la chasse à courre devant les veneurs sont mis en examen par un magistrat, ouvertemen­t pro-chasse à courre, leur interdisan­t d’approcher une chasse à courre sous peine d’emprisonne­ment. […] Cette procédure indigne d’une République doit cesser». – Mais toutes ces procédures et amendes doivent coûter cher, d’où viennent leurs recettes? – Sur tous les sites, on trouve des appels aux dons. C’est bien vu parce qu’en donnant on bénéficie d’une déduction d’impôts de 66 %. – Mais qui paie ces 66 % restants justement? – La collectivi­té, c’est ça qui est génial ! – Autrement dit, je finance moi aussi en partie leur action ? – Oui, merci… – Vos amis sont tous végétarien­s ? – Bien sûr, ils ne mangent que des légumes. – Et quelque chose me dit qu’ils aiment surtout l’oseille, non ? – Euh… – Vous pouvez me donner ce plat, on va passer aux huîtres… vivantes !

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