Une charge pour ma .280 Rem.
Tout d’abord, merci pour votre revue fort sympathique et permettant d’approfondir notre culture des armes et des techniques de rechargement. Je suis cependant perplexe en consultant les tables de rechargement justement. Par exemple, lorsque je recherche la combinaison « idéale » pour ma .280 Rem. à verrou (je sais, c’est rare) ayant un canon assez court (56 cm), je me dis qu’une poudre type T5000 serait bien car suffisamment vive pour ledit canon et lente pour monter des ogives de 10 g. Je pioche dans mes stocks une Speer 160 grains et regarde les tables. La SNPE me donne une charge maxi de 48 grains en T5000. Le guide d’A. F. Geerbrant : 42,4 maxi ! C’est pas une paille, une tuile ? Intrigué, je consulte un peu plus avant les autres charges pour le même calibre et quelle ne fut pas ma surprise : toujours pour mon bon vieux .280 Rem., une non moins bonne vieille Tig de 11,5 g (177 grains) se voit propulsée par 47,8 grains de ma vénérable T5000 ! Je n’y comprends plus rien. Du coup, je continue mon « escalier » et espère atteindre la sagesse du chasseur rechargeur. Et ça m’a l’air très bien aux environs des 46-46,2 grains. Donc, en résumé, suis-je sur la bonne poudre? Comment m’expliquer qu’avec une ogive plus lourde je charge plus ? Et dire que je voulais également essayer les GPA en 150 grains… Merci de bien vouloir éclairer l’humble rechargeur que je suis dans la voie de la précision !
La poudre Tubal 5000 est un peu « vive » pour le volume disponible dans l’étui de .280 Rem., malgré le fait que votre canon soit relativement court, et procure rarement des densités de chargement satisfaisantes. D’autre part, les poudres ont évolué et bien des choses ont changé. La SNPE ne fait plus aucune poudre de tir ou de chasse et a cédé la place à Nobel Sport depuis plus de vingt années ! Ni paille ni tuile. Les charges que donne le Guide pratique ont en grande partie été développées dans une Remington 700 Mountain Rifle, aux dimensions proches de celles que vous citez. Ces charges ne sont jamais ou très rarement des charges maximales, pour d’excellentes raisons que vous n’aurez aucun mal à comprendre. Il vous appartient de déterminer la charge qui conviendra le mieux à votre arme et à vos activités en appliquant la « méthode de l’escalier » décrite dans cet ouvrage. Notez en outre que les traitements de surface des différentes balles (nickelage pour la Tig) ainsi que la composition de leur chemise (acier doux dans le même cas) ainsi que leur profil plus ou moins obturant jouent un rôle déterminant en ce qui concerne les différents coefficients de friction et d’expansion arrière dans le tube, ce qui se traduit toujours par l’emploi de chargements différents. Ces chargements peuvent également et doivent d’ailleurs souvent faire appel à des poudres différentes selon le mode de fonctionnement de l’arme. Une carabine semi-automatique a besoin d’une certaine pression à l’évent de prise de gaz, de l’ordre de 700 à 850 bars, chose qui n’est pas sans rapport avec la vivacité des poudres utilisables. Les poudres les plus lentes peuvent alors de leur côté provoquer des désordres mécaniques importants. En d’autres termes, la mise en oeuvre systématique de la « méthode de l’escalier » vous permettra de mettre au point dans votre arme les chargements que vous recherchez en toute sécurité.
Vincent Demiot