Mas, Mat, Mac, Manu…
Que signifie ce mic-mac ?
A l’époque où les manufactures d’armes étaient nombreuses et disséminées sur tout le territoire, les sigles pullulaient au risque de dérouter le candidat à l’achat d’une arme française. Voici de quoi vous y retrouver parmi toutes ces appellations d’origine plus ou moins incontrôlées !
En arquebuserie, comme en toute autre activité, s’il est bien de faire oeuvre de qualité, il est tout aussi indispensable de le faire savoir. Une bonne publicité est un gage de réussite commerciale. Certes, la notoriété acquise par le bouche-à-oreille est un atout, mais rien ne remplace l’information visuelle ou auditive directe ; surtout si l’on y ajoute quelques éléments un peu plus tapageurs tels que les titres honorifiques ou ronflants. Les expositions apportaient autrefois leurs lots de médailles ou de citations dont on ne manquait pas de faire état dans les en-tête des courriers ou dans les catalogues. A côté d’un tel honneur, le simple nom de l’arquebusier pouvait-il suffire ? Non, bien sûr ! Il fallait quelque chose de plus imposant qui frappe l’esprit du client. Ainsi, les premiers ateliers (les « boutiques » des Stéphanois) devinrentils des « maisons » et enfin des « manufactures ». Le titre de Manufacture était suivi du nom du ou des arque- busiers (par exemple, la Manufacture Brun-Latrige ; Brun s’étant installé dans l’atelier de son beau-père Latrige) ou d’une raison sociale évoquant l’activité. Tel est le cas de la Manufacture d’armes de tir, qui deviendra la Manufacture française d’armes de Saint-Etienne en 1885, nom auquel sera ajouté « et cycles » en 1901, avant d’autres mutations, comme nous allons le voir. Ainsi, à la fin du XIXe siècle, il y eut en quelques années une prolifération de manufactures. Parallèlement se disputait une vraie guerre commerciale tant la concurrence était âpre. A tel point que certains directeurs n’hésitèrent pas à soudoyer les distributeurs de courrier pour qu’ils se « trompent » dans l’orientation des commandes. Les lettres marquées « Manufacture » étant systématiquement livrées à un destinataire choisi avec opportunisme. De nombreux procès eurent lieu et une mise en garde contre cette pratique fut même publiée dans certains catalogues de vente. Une parade contre ces pratiques consista à simplifier les intitulés et à utiliser des timbresadresse spécifiques à lisibilité instantanée, tant par leur graphisme que par leur couleur. Il en résulta de véritables bannières de manufactures avec l’usage du style télégraphique, puis des sigles par simples initiales qui aboutirent aux logos. Au bout du compte, on se retrouva avec une kyrielle d’abréviations dont beaucoup furent apposées sur les armes elles- mêmes. Ce détail constitue d’ailleurs un point de repère pour le collectionneur ou, inversement, un vrai casse-tête. A la lumière de quelques exemples, essayons de démêler cette pagaille de sigles.
MAS Manufactures
d’Etat
La MAS, la MAT et la MAC étaient des manufactures d’Etat, par nature axées sur la production d’armes de guerre mais qui dans certaines périodes fabriquèrent également des fusils de chasse, aspect qui nous intéresse ici. MAS, pour Manufacture nationale d’Armes de Saint-Etienne : ce marquage fut alternativement utilisé sous sa forme longue ou abrégée au cours du temps. On le trouve in extenso sur tous les fusils de guerre Chassepot et Gras transformés pour la chasse, avec parfois le sigle MAS repoinçonné lorsque l’arme était recanonnée ; des milliers de fusils de ce type furent ainsi recyclés. Beaucoup plus rares, des fusils