Armes de Chasse

Troisième verrou : est-il nécessaire ?

Fusils à deux ou trois verrous, comment s’y retrouver

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Sur les fusils anciens ou les armes fines, un verrou supérieur est souvent présent, le plus souvent sous la forme d’une extension de la bande supérieure des canons qui vient se bloquer dans la bascule. Est-ce un gage de solidité, de qualité ou un accessoire superflu vestige de craintes anciennes ?

Dans les premiers temps de l’arme basculante chargée par la culasse, le problème principal n’était pas de savoir comment ouvrir cette dernière mais plutôt comment la garder solidement fermée pour résister aux contrainte­s du tir. Les armuriers essayèrent alors toute sorte de solutions, de la plus simple et rationnell­e à la plus complexe et farfelue, mais finalement le double verrou Purdey, introduit en 1863, relégua toutes les autres inventions au rayon des antiquités. On sait aujourd’hui, avec l’expérience mais aussi grâce à la simulation informatiq­ue, ce qui se passe à l’intérieur d’une arme à l’instant du tir. Autant de cartes dont ne disposaien­t par les armuriers pendant l’ère victorienn­e, époque où la force du mécanisme de l’arme basculante chargée par la chambre soulevait de nombreuses craintes. Aussi n’étaientils pas encore en mesure de comprendre comment les pressions s’exerçaient sur les mécanismes, les bascules et les canons. Ils ne pouvaient compter que sur leur propre expérience, faite le plus souvent d’erreurs et d’échecs cuisants. Une croyance commune était qu’une flexion entre la face de la bascule et les canons se produisait au moment du tir. Une flexion qui, à long terme, conduisait potentiell­ement à une fissure entre la tranche et le plat de bascule. Pour y pallier, ou plus prosaïquem­ent pour faire naître un nouvel argument marketing, les verrous supérieurs fleurirent comme du chiendent (cf. Armes de Chasse n° 50, p.102). Les plus célèbres de ces troisièmes verrous et les plus usités dans le monde sont la tête de poupée (Westley Richards), le triple Greener ou encore le screw grip (Webley & Scott). Des débats très nourris opposèrent dès 1870 les partisans du verrou supérieur et leurs contradict­eurs. Les plus célèbres représenta­nts des pro-troisième verrou étaient John Henry Walsh, le fameux rédacteur en chef du magazine The Field, et l’armurier William W. Greener, tandis que, du côté des opposants, on retrouvait l’auteur et expert en armes de chasse Henry Sharp et Sir Ralph

Deux camps s’affrontent

Payne- Gallwey, auteur également mais encore inventeur et grand fusil du Royaume. Les pro-verrou supérieur insistaien­t sur le fait qu’une telle fermeture empêche la face de bascule de sauter vers l’arrière au moment du tir et les canons de se déplacer latéraleme­nt. Elle vient également compenser la relative faiblesse des bascules équipées d’une platine à ressort avant (plus évidées que celles à ressort arrière) et d’une façon générale augmente la solidité de l’arme. W. W. Greener, dans son ouvrage The Gun and its Developmen­t, a affirmé catégoriqu­ement que « toute arme avec un verrou haut, bien ajusté, est largement supérieure à celle disposant d’ un verrou inférieur seulement » . Comme toujours, cet infatigabl­e polémiste n’omettait pas de souligner que son propre système était de ce point de vue supérieur à tous les autres. A l’opposé, les « anti » jugeaient le verrou supérieur encombrant et laid, et mécaniquem­ent superflu, puisque le double verrou bas de Purdey pouvait à lui seul gérer les contrainte­s du tir des fusils de chasse, même les plus puissants. « Quant aux verrous supérieurs, écrivait Sir Ralph PayneGallw­ey dans Letters to Young Shooters, il en existe des dizaines, de toutes formes et tailles, mais très peu sont d’une quelconque utilité, car un bon fusil peut être aussi fort et sûr en s’en passant, et en même temps être plus pratique à utiliser,

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