Profession canonnier
Raphaël Rathier, la relève est prête
A 35 ans, Raphaël Rathier possède déjà un solide et beau parcours de canonnier : quatorze années, dont huit chez Holland & Holland, quatre chez Hartmann & Weiss et enfin deux à la tête de sa propre société.
Un demi- siècle après que les ateliers de Jean Breuil ou de Heurtier en France, de Jean Falla en Belgique ont cessé leur activité, ces noms n’ont rien perdu de leur prestige. Tout simplement parce qu’ont été réalisés dans ces maisons les meilleurs canons de leur époque. Des canons beaux, bien équilibrés, efficaces, résistants qui encore aujourd’hui sont reconnus comme tels et dont les qualités balistiques ont été rarement égalées. Avoir sur son arme des canons Jean Breuil demi-bloc en acier Jacob Holtzer par exemple, c’est l’assurance de posséder une arme précise et fiable mais aussi artisanale et de très grande qualité. Car du fait de sa notoriété, cet hommelà pouvait se permettre de choisir les destinataires de ses meilleurs canons. C’est pourquoi son nom est si souvent associé à ceux d’artisans aussi célèbres et prestigieux que Guichard, Maisonnial ou Blondeau. Des canonniers de ce niveau sont encore cités comme des références, comme des gages de qualité chez les plus grands professionnels aussi bien que dans les rangs des chasseurs amoureux de belles armes. Cela d’autant plus qu’aucune grande signature ne leur a succédé. Certes, la disparition de ces trois hommes coïncida avec la fin de l’âge d’or de l’armurerie fine et avec une demande de canons artisanaux beaucoup moins importante. Pour autant, les artisans-armuriers qui restèrent en activité eurent du mal à trouver d’autres canonniers après eux, la relève n’avait pas eu lieu. Contraints et forcés, les fabricants de fusils durent se résoudre à devenir de plus en plus autonomes et à réaliser ce qui auparavant était fabriqué à l’extérieur chez des ouvriers qualifiés ou encore faire appel à des fabriques ultramodernes et entièrement mécanisées.