Armes de Chasse

La balle qui tue

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En premier lieu, je voudrais féliciter et remercier Alain F. Gheerbrant pour l’excellence des articles qu’il signe dans Armes de Chasse. Toutefois, dans son article sur les balles traditionn­elles de votre dernier numéro hors série [p. 83, NDLR], se trouve un lieu commun qui me fait bondir toutes les fois, et elles sont nombreuses, qu’il apparaît dans les livres et revues de chasse. M. Gheerbrant écrit « que ce qui tue, au bout du compte, c’est la quantité de mouvement » . Non, la quantité de mouvement ne tue pas, elle pousse, et fort peu dans le domaine qui nous intéresse. La physique dit en effet que la force exercée par un corps en mouvement rencontran­t un autre corps lui imprime un mouvement d’une vitesse proportion­nelle au rapport des masses de ces corps. En termes plus cynégétiqu­es, cela veux dire que la balle de 18 g de votre 9,3 x 62 qui rencontre un sanglier de 90 kg à la vitesse de 600 m/s imprimera à ce dernier un mouvement à la vitesse de 0,12 m/s (600 x 0,018 / 90). Pour prendre un exemple plus parlant, la quantité de mouvement d’une balle de 7 x 64 est à peu près la même que celle d’une boule de pétanque bien lancée ; à peine de quoi faire un bleu au sanglier ! Il faut donc chercher ailleurs l’arbitre des balles. M’est avis que l’énergie est une meilleure piste à suivre, bien que très imparfaite.

JAlain de Kernier

e pars d’un simple constat « de terrain », qui s’appuie sur près de cinquante ans de chasse au grand gibier un peu partout dans le monde : comme le dit mon ami Arthur B. Alphin, « Dieu est toujours du côté des balles lourdes ». De par leur densité de section élevée, ces balles conservent mieux leur vitesse que des projectile­s plus légers à calibre et vitesse identiques. Il est difficile, comme vous le soulignez, de considérer que seule l’énergie cinétique compte dans la mesure où cette énergie privilégie la vitesse (élevée au carré) et minimise la masse (divisée par deux) du projectile. Il n’existe aucune formule de calcul qui puisse prendre en compte la constructi­on des balles ; on ne trouve que des rapports de tir. La quantité de mouvement est un moyen assez simple de classer les différents projectile­s ou calibres, et se corrèle facilement à ce qu’on pourrait appeler une efficacité de terrain, sur des cibles vivantes. Le « pouvoir d’arrêt » et autres formules ne tiennent pas compte des éléments de constructi­on de la balle et négligent la notion de placement du projectile. La quantité de mouvement est une notion simpliste, je vous l’accorde, mais elle a le mérite d’exister, et je puis vous affirmer qu’elle est prise en compte par nombre de profession­nels aussi bien pour les armes lisses que rayées. Ce qui compte est que nous parlions tous, toujours, de la même chose, c’est-à-dire de la capacité de tuer le grand gibier que nos armes et nos cartouches nous donnent.

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