Armes de Chasse

B725 calibre 20

Le premier essai du superposé Browning de petit calibre

- Laurent Bedu, photos Bruno Berbessou

Il aura fallu deux ans aux dirigeants de Browning pour nous proposer ce que nous attendions tous, une version calibre 20 du B725. C’est chose faite, le fusil vient d’être présenté, et nous avions pu le tester fin février en avant-première.

Le B725 est la septième génération de superposés Browning depuis le B25. Certes, le B625 n’a jamais traversé l’Atlantique pour venir caresser le sol européen de la pointe de sa plaque de couche, mais ce B725 est bel et bien le successeur des B525, 425, 325 et 125, lequel était la première des versions industriel­les du célèbre et incontourn­able superposé créé par john Moses Browning. Lancé en 2012, le B725 n’existait jusqu’alors qu’en calibre 12. Le calibre 20 dévoilé il y a quelques jours à l’Iwa vient combler cette lacune. Un calibre 20 que nous avons pu découvrir et tester quelques semaines avant cette présentati­on officielle pour vous en proposer la primeur. Le modèle qui nous a été confié pour cet essai est la version UK, enten- dez United Kingdom, pour Royaume-Uni. Cette appellatio­n fait référence aux bois et plus précisémen­t à leur relime qui différenci­ent le Hunter UK du Hunter. La poignée pistolet est de type boule, le devant est rond et non tulipé. Les bois ressemblen­t à ceux des B25 des années 60 et début 70, les A1 à bascule carrée bronzée noir. L’autre version, le B725 Hunter, possède une poignée pistolet et un devant tulipé traditionn­els, plus proches des Browning de ces dernières années. Sur le B725 calibre 12, nous avions souligné la montée en gamme des noyers utilisés, des 2,5 étoiles au lieu des 2 employés jusqu’alors. Sur ce calibre 20, les bois ne sont pas très veinés, mais la teinte soutenue et la ponce à l’huile satinée les mettent en valeur comme il se doit. En revanche, le bouche-porage n’est pas des mieux réalisés, les pores du bois sont assez visibles, plus qu’à l’ordinaire. Il s’agit d’un des premiers 725 calibre 20 réalisés, ceci explique peut- être cela. La crosse mesure 36 cm avant la plaque de couche et 38 cm à son extrémité. La pente est de 36 et 56 mm.

4 mm en moins

sous la toise

Pour le reste, gravure, canons, bande de visée, presque rien ne change. Notre B725 est un magnum, autrement dit ses chambres mesurent 76 mm, ce qui nous permettra de tirer des cartouches de 24 à plus de 36 g selon les besoins. De prime abord, la bascule est typique des superposés de la marque. On retrouve l’entaillage caractéris­tique à pointes supérieure et infé-

rieure entre lesquelles le bois avance vers la bascule. Des petites différence­s se font jour toutefois, jusqu’à aboutir au constat que cette bascule est surtout semblable à celle du B725 calibre 12, au redimensio­nnement près. Sa relime est différente de celle des autres membres de la série 25. Pour la première fois, les ailerons de canons ne sont pas accentués par des filets remontant vers la bande de visée ou la clé en dessinant les arrondis des coquilles. Ici, les filets sont presque horizontau­x et suivent la bascule sur toute sa longueur sans remonter plus que de quelques millimètre­s. Ils forment une bande qui prend naissance au niveau du quadrillag­e du devant, puis rejoint le corps de crosse pointu et se prolonge avec le bord supérieur du quadrillag­e de la poignée. Cette nouvelle relime a pour effet d’alléger la bascule en l’étirant. Cette dernière semble moins haute, d’autant plus qu’elle a réellement perdu 4 mm. C’est là l’autre caractéris­tique de ce fusil et sa différence fondamenta­le avec les autres 25, une broche d’un diamètre inférieur. Cette broche de bascule réduite permet d’abaisser le positionne­ment des canons dans cette cage d’acier, ce qui aboutit à gagner les quatre précieux millimètre­s. Pourquoi avoir voulu diminuer la hauteur de la bascule ? Tout d’abord parce qu’une bascule plus basse est synonyme de centre de gravité

ramassé, de plus grande vivacité dans l’épaulé et d’une prise de visée plus rapide. Les canons relèvent moins et on peut enchaîner un second tir dans de meilleures conditions. Voilà pour la théorie. Il est également probable que l’engouement actuel des tireurs et chasseurs pour des fusils à bascule basse, italiens le plus souvent, a joué un rôle dans le choix des technicien­s Browning qui n’ont pas voulu risquer de se retrouver en reste avec une bascule trop haute. L’astuce technique retenue permet de satisfaire ce choix en ne modifiant en rien les vertus de résistance et de fiabilité du verrou Browning, quasi inchangé depuis l’invention du B25 il y a quatreving­t-neuf ans. La goupille est un peu moins large que sur les B525 par exemple sans être pour autant trop réduite. On retrouve le système de fermeture de la marque avec ses deux crochets bas dans lesquels prend place le large verrou inférieur. Un système fiable, validé par cinq mille coups tirés pour chacun des prototypes de cette arme et par les deux ans d’exercice et de tirs des B725 calibre 12. La gravure de ce fusil reprend les codes du calibre 12. On retrouve une scène animalière en médaillon, gra- vée à la molette, et une ornementat­ion moderne faite de stries qui se déploient en éventail de l’arrière vers l’avant. Cette fois, c’est la technologi­e laser qui a été utilisée pour un rendu dégradé du meilleur effet, qui non seulement semble diriger le fusil vers l’avant mais l’affine un peu plus visuelleme­nt.

Au laser et « à l’ancienne »

Les scènes animalière­s sont composées de perdrix en vol, deux de chaque côté de la bascule, et deux autres un peu plus loin dans le ciel qu’un regard plus attentif sur le côté droit fait apparaître. Une gravure « à l’ancienne », discrète, qui plaira aux nostalgiqu­es des grandes battues de perdreaux. Le dessous de la bascule est orné de motifs végétaux qui encadrent le nom de ce fusil, B725 Hunter G1. Ce qui laisse présager l’arrivée de fusils plus richement décorés, des Grade 3 ou 5. La monodétent­e dorée qui équipe ce calibre 20 est à réarmement mécanique. Le réarmement inertiel, utilisé sur les autres fusils de la gamme 25, a en effet été abandonné sur le B725 pour cette monodétent­e mécanique d’un nouveau genre. Ce changement de technologi­e est, selon les ingénieurs de Browning, le résultat des progrès considérab­les apportés ces dernières années aux monodétent­es mécaniques, à commencer par les courses respective­s des détentes et gâchettes, considérab­lement réduites pour une plus grande vitesse de percussion. Et effectivem­ent, nous le vérifieron­s, les départs de ce fusil sont caractéris­és par une très grande netteté et une course quasi nulle. Des départs réglables, comme sur le calibre 12, de 1,5 à 1,8 kg. Ce qui n’a pas changé en revanche depuis le B25, c’est le sélecteur de tir. Il s’actionne en déplaçant le poussoir de sécurité vers la droite ou la gauche après l’avoir au préalable reculé. Les fi dèles de la marque ne seront pas dépaysés et passeront vite du premier au second canon en cas de besoin. Les canons de notre modèle mesurent 71 cm, mais plusieurs longueurs sont disponible­s en fonction de la version choisie. La version Hunter UK est proposée en deux autres longueurs : 76 et 81 cm. Il faut dire que les canons longs sont à la mode outre-Manche où une canonnerie de 81 cm est de plus en plus courante, surtout parmi les amateurs de battues de faisans de haut vol qui en apprécient la prise de visée facilitée. La version Hunter est déclinée en trois longueurs également, mais plus petites : 66, 71 et 76 cm. Ces canons sont tous équipés de chokes interchang­eables, les Invector DS. Apparus avec le calibre 12, ces chokes longs de 8 cm possèdent un segment en laiton doré qui va se comporter comme un joint et empêcher les résidus de poudre de s’immiscer entre les parois du choke et le canon. L’innovation a pour but de protéger les chokes et surtout leur filetage pour une durée de vie accrue et une aisance durable de démontage, le pas de vis ne pouvant pas être grippé, ce qui arrive après quelques séances de chasse par mauvais temps et un entretien inexistant. Les cinq chokes usuels sont livrés avec l’arme, cylindriqu­e, quart, demi, trois quarts et full. Des appellatio­ns qui n’ont qu’une valeur indicative, car depuis longtemps Brow ning réalise ses chokes en fonction de la distance de tir et non en termes de rétreints réellement étagés de 0,25 en 0,25 mm. En clair, la firme préfère penser et étager ses

chokes pour une utilisatio­n à 15, 20, 25 ou 30 m par exemple, et chez elle un quart de choke n’aura pas toujours un rétreint de 0,25 mm ou un demi de 0,5 mm. Ces chokes possèdent en outre un profil spécifique adapté aux canons Back Bored suralésés du fusil. Des canons dont l’âme interne est de 16,1 mm – même si notre fusil, l’un des premiers fabriqués avait été poinçonné à 15,9. Il est à noter que le suralésage est moindre sur le calibre 20 que sur le 12. Sur ce dernier la norme est de 18,4 et les Back Bored sont mesurés entre 18,75 et 18,8 mm ; sur le calibre 20, où la norme est de 15,7 à 15,9 mm, le Back Bored possède un alésage de 16,1 mm. Outre une âme élargie, ces canons possèdent des cônes de raccordeme­nt allongés et adoucis en sortie de chambres : les Vector Pro. Toutes ces technologi­es – Invector DS, Back Bored et Vector Pro – ayant pour but commun de diminuer la sensation du recul, de préserver la plus grande vitesse et la plus grande régularité possibles à la gerbe de plombs en réduisant les frictions à l’intérieur du canon.

Une mise à la couche facilitée

Les canons sont bronzés noir et unis entre eux par une bande intermédia­ire soudée s’arrêtant à 12 cm de la fin des chambres, histoire sans doute d’alléger l’arme de quelques grammes superflus. La bande de visée droite est ventilée et striée, mesure 6 mm de large et se termine par un guidon boule doré. La plaque de couche est la même que celle que l’on trouve sur le calibre 12, l’Inflex II. C’est une fine plaque de 12 mm semblable à toutes les autres du marché avec un rebord supérieur dur et glissant, pour un meilleur épaulé, et une partie centrale et basse à la fois moelleuse et accrocheus­e. Une plaque d’apparence anodine qui dans la pratique absorbe le recul et le redistribu­e en ligne droite vers l’épaule et vers le bas et non vers le visage. Elle est proposée en option en trois longueurs, 12, 20 et 25 mm, et avec deux entretoise­s, de 7 et 12 mm, de quoi trouver à coup sûr la bonne longueur. Notre essai fut involontai­rement mené dans des conditions exigeantes, à savoir sous une pluie diluvienne et dans une obscurité presque totale. Le fusil fut confronté à trois parcours de chasse et à une centaine de cartouches de toutes sortes et de tous grammages. Programme qu’il remplit sans montrer le moindre signe de faiblesse. Comme toujours avec les superposés Browning l’éjection est irréprocha­ble, puissante, régulière, la percussion nette. Même chose pour le sélecteur de tir, manipulé beaucoup et rapidement dans l’attente, vaine, d’une panne éventuelle. L’ouverture et la fermeture produisent toujours ce bruit mat et caractéris­tique, rassurant pour la longévité du fusil.

Au tir, il est difficile de mesurer l’intérêt de quelques millimètre­s de bascule perdus. Tout ce que l’on peut dire est que le fusil est très agréable à épauler et offre, poids oblige, un bon suivi de la cible et un recul inexistant. Il est très agréable à utiliser, vif, malgré là encore un poids de 3,080 kg contre 2,950 annoncé. Cette différence de 130 g est impercepti­ble et, au risque de me répéter, mieux vaut un fusil un peu plus lourd mais bien équilibré plutôt qu’un fusil léger dont la mauvaise balance lui fait perdre sa maniabilit­é. Les adep- tes du toujours plus léger pourront opter pour les canons de 66 cm, même si de mon point de vue ceux de 71 cm, voire de 76, offrent une visée rare avec un calibre 20.

Un gros capital

séduction

Avec sa crosse à poignée pistolet boule, sa plaque de couche de 12 mm et sa pente de série, ce fusil me convient parfaiteme­nt. Les ratés sont peu nombreux et uniquement imputables à des erreurs personnell­es. La qualité des départs, leur douceur et leur netteté participen­t aussi à cette réussite. Dans ces conditions, le fusil s’attire un excellent capital sympathie. Néanmoins, en toute objectivit­é et au-delà de ces bons scores, le B725 Hunter UK calibre 20 est une réussite. Il rassure en offrant une image de solidité et de fiabilité. Sa qualité de fonctionne­ment, son éjection, la douceur de son ouverture et de sa fermeture finissent de nous convaincre que cette arme est bien née, bien pensée et profite des deux saisons d’expérience du B725 calibre 12, qui représente déjà près de 50% des ventes de superposés Browning. Une performanc­e qui atteste du succès et de la popularité de cette arme, appelée en calibre 20 à récolter les fruits d’un potentiel de charme supérieur. A suivre…

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certaineme­nt des Grade 3 et 5.
Le Hunter G1 inscrit sous la bascule annonce certaineme­nt des Grade 3 et 5.
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 ??  ?? Sur cette version, la Hunter UK, la poignée pistolet est de type boule et le devant rond. La version Hunter dispose d’une poignée pistolet classique et d’un devant tulipé.
Sur cette version, la Hunter UK, la poignée pistolet est de type boule et le devant rond. La version Hunter dispose d’une poignée pistolet classique et d’un devant tulipé.
 ??  ?? Les chokes Invector DS de 80 mm apparus avec le calibre 12 ont été repris, une bonne chose.
Les chokes Invector DS de 80 mm apparus avec le calibre 12 ont été repris, une bonne chose.
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mécanique, et de plus très douce et sans
course.
La monodétent­e est désormais mécanique, et de plus très douce et sans course.
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puissants et réguliers, nulle raison d’en
changer.
Les éjecteurs à marteaux sont toujours aussi puissants et réguliers, nulle raison d’en changer.
 ??  ?? La prise en main est bonne, le fonctionne­ment sans histoire.
La prise en main est bonne, le fonctionne­ment sans histoire.
 ??  ?? Pas de faisans mais des perdrix sur ce fusil gravé en Italie chez Giovanelli.
Pas de faisans mais des perdrix sur ce fusil gravé en Italie chez Giovanelli.
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 ??  ?? La silhouette typique des fusils Browning depuis près de quatreving­t-dix ans, inchangée si ce n’est une légère baisse de hauteur côté bascule.
La silhouette typique des fusils Browning depuis près de quatreving­t-dix ans, inchangée si ce n’est une légère baisse de hauteur côté bascule.

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