La crosse du futur
Modulaire et 100% ajustable, Evocomp d’Ergosign
Si vous montez un jour cette crosse sur votre fusil, vous ne passerez pas inaperçu ! L’Evocomp d’Ergosign est une crosse ergonomique et entièrement modulaire. Pente, longueur, avantage, mais aussi pitch, dévers et poignée, tout est adaptable, ajustable à vos mesures. Nous avons testé cette crosse étonnante venue du monde du sport.
Lors des derniers Jeux olympiques d’été, à Londres, toutes les médailles du double trap ont été remportées par des tireurs dont les fusils possédaient une crosse étrange, mi- noyer, mialuminium, digne de Robocop ou des meilleurs films d’anticipation. Une crosse que l’on retrouvait aussi sur le fusil du médaillé d’or en skeet ou encore celui du nouveau record du monde de double trap (198 plateaux sur 200) décroché cette même année 2012 à Tucson (Etats-Unis). Assez de performances réunies pour que cette crosse soit adoubée dans l’univers des tireurs de compétition, comme ce fut le cas par le passé pour les chokes interchangeables, les busc amovibles, les bandes ventilées ou encore les batteries amovibles. Pour toutes ces innovations, l’étape suivante fut immanquablement l’arrivée dans l’univers des armes de chasse et nous pensons que tel sera le cas pour cette crosse venue du futur, baptisée Evocomp et fabriquée par la société Ergosign. Aussi avonsnous décidé de la tester et de vous la faire découvrir.
Modulable à volonté
Il s’agit d’une crosse modulaire et 100% ajustable à vos besoins, à votre morphologie ou à la discipline pratiquée. Tout y est réglable, modifiable : longueur, avantage, pente, tombée, etc. Cela à tout moment, rien n’est figé, la crosse reste une sorte d’élément souple que vous pouvez « tordre » à loisir. Quelles motivations ont présidé à la naissance d’une crosse aussi étrange et pourquoi récolte-t-elle un tel succès ? Pour le savoir, nous avons sollicité les services de l’armurerie Univers Chasse de Besançon qui, avec l’armurerie Gilles de Flers, représente et distribue la marque. L’armurerie possédant en stock une crosse pour Beretta, c’est le nouveau Beretta 692 Sporting à canons de 75 cm qui fut réquisitionné pour l’exercice. Les crosses Ergosign sont actuellement disponibles pour les fusils Beretta DT10, DT11, 682, 686, ASE 90, ASE Gold et 692 ; Blaser F3 ; Krieghoff K-32/K-80; Perazzi MX8, MX2000, MX2003, MX2005, MX2008 ; Renato Gamba Daytona, Carrera, Star Cup ; et une version B25 en cours d’élaboration devrait arriver sans tarder. Nous avons expédié notre fusil chez Univers Chasse, accompagné d’une série de données précises : longueur, pitch, pente et avantage pour un montage et un réglage de la crosse à mes mesures. Le fusil et sa nouvelle crosse nous sont revenus quelques jours plus tard. L’apparence de l’Evocomp étonne et détonne. Nous n’avons pas encore l’habitude de voir nos armes, fussent- elles modernes et de tir, dotées d’un tel assemblage de bois et d’alu. D’autant plus que la crosse installée sur notre Beretta 692 possédait des pièces métalliques grises,
bien plus visibles que sur une des autres versions proposées, où elles sont bronzées noir. Quatre éléments principaux composent cette crosse modulaire, tous entièrement amovibles et pour certains interchangeables.
En quatre parties
Le premier de ces modules est le coeur du système : le corps métallique de la crosse. Il s’agit d’un corps en aluminium dans lequel est en - chassé un second tube cranté dans sa partie inférieure. Ce système est télescopique, l’enfoncement du tube cranté dans le tube principal est ajustable, une façon de régler très simplement la longueur de la crosse. Trois types de tubes sont disponibles, standard, pour une longueur de crosse totale comprise entre 34 et 39 cm, grand, pour une longueur de 36 à 43 cm, et petit, pour une longueur de 32 à 36 cm. C’est sur ce tube cranté que se fixe le deuxième élément, la plaque de couche, elle-même en trois parties puisqu’elle se compose d’une plaque d’accrochage, d’une surface d’appui dure et de la plaque de couche proprement dite, disponible en noyer, en bois de rose ou en élastomère. Cette plaque est réglable dans toutes les directions ou presque. Son inclinaison est ajustable de 90 à 82 degrés (par rapport aux canons). On adapte ainsi le pitch ou la tombée du fusil à sa morphologie et à sa façon de tirer. La hauteur de la plaque sur son support est également réglable, de 40 à 58 mm : votre plaque de couche pourra être située sous ou au-dessus du busc en fonction de vos goûts et de vos besoins. Grâce à cette plaque encore, l’avantage est ajustable également, de 0 à 8 mm et, pour les plus grands, de 6 à 12 mm. La plaque de couche est rotative selon un angle de plus ou moins 10 degrés.
Le busc, troisième de nos quatre éléments principaux, est fixé sur le corps métallique immobile de la crosse. Il est bien sûr ajustable en hauteur et en inclinaison, afin de vous offrir la pente désirée, de 36 à 46 mm avec le busc standard de 33 mm et de 28 à 37-41 mm avec le busc de 38 mm. Il peut de plus se déplacer latéralement, c’est-à-dire perpendiculairement à la crosse, dans les deux sens jusqu’à 4 mm. Le dernier composant est la poignée en noyer. C’est elle qui se fixe sur la bascule, comme sur une crosse classique à ceci près que, juste derrière elle, on trouve notre tube de métal. Cette poignée est ergonomique et comporte systématiquement une découpe de pouce large et englobante ainsi qu’une calotte remontante qui vont littéralement bloquer votre main. Elle est disponible avec passage de doigts ou pas et en plusieurs tailles, et même sur mesure. Quand on songe à l’importance des cotes de poignée dans la réalisation d’une crosse sur mesure, cotes qui sont malheureusement souvent négligées lors d’une mise en conformation classique, on apprécie à sa juste valeur l’attrait que représente cette incroyable proposition de versions et de tailles. Avec cette poignée parfaitement adaptée à votre morphologie, votre main est calée et ne bouge pas, la position de votre index sur la queue de détente est identique à chaque tir. Cette meilleure prise en main vous aide aussi à mieux maîtriser le recul. Bien sûr, ces poignées spécifiques sont disponibles en version droitier comme en version gaucher, les 15 à 20 % de chasseurs et de tireurs gauchers n’ont pas été oubliés. Voilà pour l’exploration de notre nouvelle crosse, il est temps d’aller la confronter à l’épreuve du tir. Elle est en principe l’exacte copie de ma crosse de superposé idéale, puisque ce sont mes cotes qui ont été prises pour son réglage. Nous prenons la direction du stand de tir de Voulangis, en Seine- etMarne, accompagnés du 692 Spor- ter et de son Evocomp. Il tombe une pluie diluvienne, c’est bien contrariant, mais au moins ne pourra-t-on pas dire que la crosse aura été épargnée pour son baptême du feu.
Ajustée et réajustable
Le premier constat est évident, cette crosse me convient parfaitement. Les petits ajustements qui s’imposent, comme celui de baisser la plaque de couche un peu trop haute, peuvent être réalisés très vite en repositionnant quelques pièces après avoir desserré une ou deux vis. De même, si au fil du temps votre pantalon ou votre chemise « rétrécissent » , dites- vous qu’il en ira de même de votre crosse. On considère généralement qu’une nouvelle mise en conformation s’impose à chaque prise de poids de 5 kg, ou à chaque perte – après tout, la saison des régimes approche. Avec cette crosse, il suffira d’un nouveau réglage, nulle nécessité de changer la plaque de couche ni de tordre la crosse à la presse à huile chaude. Et si vous changez d’arme? Eh bien vous pourrez garder la crosse s’il s’agit de la même marque et vous n’aurez sinon à changer que la poignée, sans avoir à acquérir un nouveau corps métallique ou une nouvelle plaque de couche. Un nouveau busc peut toutefois s’imposer selon le type et la
hauteur de la bande de visée de votre nouveau fusil. Les dimensions sont idéales pour moi, en revanche la poignée à passage de doigts est un peu grande à mon goût et surtout la main se trouve un peu trop bien bloquée, cette nouvelle posture demande un temps d’adaptation. L’équilibre du fusil n’est pas modifié par la crosse qui pèse tout de même 850 g, c’est une surprise. Une autre vient de la perception particulière du recul, un peu comme si la main en arrêtait une partie. Au tir, même avec les cartouches de 34 g que nous avions apportées, le déplacement du fusil est imperceptible à l’épaule. Et pourtant notre crosse Evocomp ne possède pas de système amortisseur anti-recul, proposé en option. La prise en main plus ferme du fusil constitue sans aucun doute une aide importante pour le tir des plateaux type fosse ou rentrant, voire chandelle. Pour les traversards, il faudra sans doute s’entraîner un peu et s’habituer à cette position. D’ailleurs, au fur et à mesure que nos boîtes de vingt-cinq cartouches se vident, les plateaux sont de mieux en mieux maîtrisés, les tirs plus précis. Même les traversards, qui avec les rafales de vent et de pluie prennent des trajectoires étranges, finissent par être cassés avec régularité. La crosse devient familière, la position de tir aussi et le geste d’épauler naturel. L’enchaînement est meilleur, les résultats suivent.
L’alternative aux crosses borgnes ?
Au terme de plusieurs parcours de chasse et d’une centaine de cartouches tirées, quel est le verdict pour ce condensé d’ergonomie ? La qualité d’approche du réglage et de la mise en conformation personnalisée ne fait pas de doute. Tout est possible et modifiable, cette crosse s’ajustera à vos besoins, vos modes de chasse ou disciplines de tir, vos éventuelles prises ou pertes de poids. Elle est réellement adaptable dans tous les sens avec une grande facilité. Reste une question : à qui s’adresse- t- elle ? Clairement, aux tireurs sportifs et, au sein de cette catégorie, à ceux jouissant d’un bon niveau national ; un dilettante y regardera à deux fois avant d’investir les 2 200 € que coûte l’Evocomp. La fosse, le double trap ou dans une moindre mesure le skeet sont ses domaines de prédilection tant elle aide le tireur dans son acquisition de la cible et la conservation de sa visée. Ce n’est pas tout, certains chasseurs, pour des raisons de morphologie, ont besoin d’une crosse parfois très tourmentée, une réalisation complexe pour un crossier. Sans aller jusqu’à la crosse borgne, ceux-là trouveront en l’Evocomp l’accessoire qu’ils recherchaient depuis longtemps. Enfin, quelques spécialistes des battues anglaises ou des perdreaux verront en elle la monture qu’ils attendaient peut- être. Il y a en tout cas fort à parier que cette crosse d’un nouveau genre ne tarde pas à gagner les territoires de chasse si elle continue à truster les podiums des compétitions internationales. C’est là le destin de toutes les innovations du monde du tir ayant rencontré le succès en compétition. Le fait que cette dernière invention en date représente un budget notable ne devrait pas suffire à démentir la règle.