Chasses d’été et rechargement
Faites de meilleures cartouches !
Faites de meilleures cartouches !
Mais oui, recharger pour chasser permet d’utiliser de meilleures cartouches à la chasse. Pourquoi meilleures ? Tout simplement parce que parfaitement adaptées aux gibiers recherchés et aux modes de chasse pratiqués. Voici quelques pistes pour vos tirs d’été.
Choisir une cartouche ou un chargement soulève parfois bien des questions, et les réponses ne sont pas si faciles à trouver ou à mettre en oeuvre. En dehors de toute considération de calibre, de coût ou de prix de revient, dans un monde idéal, nous aurions un chargement dédié à chacune de nos activités. Une cartouche douce et très précise pour l’entraînement et les loisirs, une cartouche à la fois précise et efficace pour l’approche des capridés, une cartouche à balle lourde et bien construite pour la battue, une cartouche un peu plus rapide et très précise pour l’affût, etc. Mais la vie est ainsi faite que les multiples encartoucheurs qui nous appro- visionnent se cantonnent toujours à quelques chargements qui, économie, habitudes et marché aidant, représentent 80 % de leurs ventes. C’est parfaitement acceptable pour la majorité des utilisateurs et cela fonctionne habituellement plutôt pas mal sur le terrain. Disons, là encore, dans 80 % des cas. Oui, mais… Chaque saison, on nous propose des balles nouvelles et des chargements tout aussi nouveaux. Chaque année, quelques références éprouvées disparaissent des catalogues. A condition de recharger, on peut les refaire, recréer ce qu’on ne nous offre plus. Comment? Eh bien lisez la suite. Quand on parle tirs d’été, on pense le plus souvent à l’approche des capridés, parfois en contexte montagnard. Cela impose des tirs tendus, souvent assez lointains, une énergie suffisante à l’impact, une performance terminale sans défaut avec le projectile choisi. Les calibres le plus souvent employés vont de l’humble .222 Remington aux grands classiques « à tout faire » que sont les divers 6,5 et 7 mm. On recherche des vitesses assez élevées pour obtenir des trajectoires aussi « plates » que possible, on privilégie des coefficients balistiques importants et surtout une pénétration suffisante sous la plupart des angles de tir. Cela implique de bien connaître l’arme, la balle et la cartouche retenues.
L’essentiel
La première chose à déterminer est le calibre. La plupart présentent des limitations tout à fait objectives. Par exemple, en calibre .22, la quasi-totalité des chargements disponibles chez votre armurier favori emploient des balles absolument pas faites pour la chasse des ongulés. Trop fragiles, elles sont destinées au tir des nuisibles, ce qui les limite à l’affût du renard. Si on veut se frotter aux chamois, aux isards ou aux brocards de France ou d’ailleurs, il faudra choisir une balle mieux faite ou mieux adaptée, par son poids comme par sa construction. Il en va de même en calibre 6 ou 6,5 mm. Une fois réglée la question du calibre reste à choisir la balle qui procurera les effets recherchés. Les progrès sont constants dans ce domaine. Certes, il existe des balles homogè-
nes (Barnes), de plus en plus efficaces, dont les quelques inconvénients, en grande partie imaginaires, passent de plus en plus au second plan de nos préoccupations. Des balles à noyau soudé apparaissent quasiment chaque mois : Nosler, Norma, Swift, Speer et quelques autres nous offrent de quoi élever la performance terminale de nos armes de petit calibre, c’est une excellente nouvelle. Plus efficaces « in vivo », souvent d’une redoutable précision, elles ouvrent de nouvelles perspectives aux chasseurs- rechargeurs. Nosler propose une Bonded Solid Base en diamètre de 0,224 pouce en 64 grains, par exemple, qui complètera ce qu’apportait la célèbre et incontournable Partition de 60 grains. Chez Swift Bullets, les Scirocco II également en diamètre de 0,224 pouce (ogives sécantes, arrières fuyants, poids élevés) ouvrent de belles avenues aux chasseurs d’été. Speer a annoncé des balles Deep Curl en 6 mm qui font appel à des chemises plaquées par électrolyse et procurent expansion et pénétration spectaculaires sur les capridés et les cervidés de petite taille, aussi bien que sur les bêtes rousses en contexte d’affût. Plus que jamais, nous avons le choix. Bien entendu, ces projectiles peuvent paraître quelque peu « exoti - ques » et ne se trouvent pas n’importe où. Si, essais faits, vous voulez en disposer à volonté, il vous faudra planifier vos achats et gérer vos stocks de près. Mais cela n’est pas un obstacle, tout au plus une question de patience.
Quelles précautions ?
A priori, la procédure comporte peu de difficultés. La seconde édition du Guide pratique du rechargement vous sera d’une aide précieuse, même si toutes les balles récentes n’y figurent pas. Il vous suffira d’appliquer à la balle « inédite » la « méthode de l’escalier ». Il est à peu près impossible de réunir tous les projectiles dans des délais raisonnables, ne serait- ce qu’en raison de l’importance de la demande mondiale et de l’impact d’« accapareurs » de plus en plus nombreux qui stockent projectiles et autres composants avec l’espoir de réaliser des bénéfices faciles en quelques mois. C’est le cas pour les .22 Long Rifle dans certaines régions du monde. La première précaution à prendre est de déterminer la longueur hors-tout de la cartouche chargée, puis d’affiner cette donnée par des tirs d’essai. La technique en est bien connue, et une simple baguette de nettoyage suffit. Habituellement, un vol libre de 0,5 mm donne de bons résultats. Souvenez-vous simplement que les balles pourvues d’ogives sécantes donnent en général une longueur supérieure à celle qu’on obtient avec un projectile dont l’ogive est tangente. Deuxième précaution, réfléchir à la charge de poudre. Le Guide pratique contient de multiples tables de chargement, avec de multiples poudres. Comme toujours, il se peut que la
balle que vous avez choisie n’y figure pas. Partez alors de la table d’une balle proche par sa masse et son profil et refaites un « escalier ». Le chronographe vous aidera beaucoup dans cette démarche. Troisième précaution, se souvenir que l’efficacité d’une balle quelcon- que en tir de chasse dépend de multiples facteurs et pas seulement de la vitesse initiale. Ce qui compte est la vitesse à l’impact, et cette donnée change en fonction de la densité de section de votre projectile, surtout au-delà de 100 à 150 m. Inutile de choisir une balle « spéciale longue distance » réputée offrir une performance terminale exceptionnelle à grande distance si vous ne tirez jamais un animal à plus de 200 m !
Pas trop léger !
On se préoccupera aussi de la tenue de telle ou telle balle dans tel ou tel pas de rayure. Il est rare de trouver, par exemple, une .22-.250 dont le canon possède un pas de moins de 305 mm, ce qui rend la carabine incompatible avec les balles les plus lourdes dans ce calibre. Il existe des projectiles « faits pour » que le rechargeur aura tout loisir d’employer ; là encore, une petite réflexion préalable peut faire gagner du temps et des composants. Lorsqu’on parle « petits calibres », beaucoup de chasseurs se laissent tromper par les vitesses initiales élevées affichées dans les catalogues. Souvent, ils n’accordent aucune importance aux longueurs de canon. Parfois, ils cèdent aux impressions : l’aura de la marque, par exemple, ou les déclarations de l’un ou l’autre compagnon de chasse. Même s’il tombe sous le sens qu’on ne va pas employer la même balle pour mettre un terme à l’existence de quelques ragondins fouisseurs de rives ou rapporter un joli brocard bien coiffé et bien dodu, bien des gens ne prêtent pas d’attention à ce « détail ». Et découvrent finalement que les choses ne fonctionnent pas comme ils pensaient qu’elles devaient fonctionner. Particulièrement en calibres .22 à percussion centrale à hautes vitesses initiales, et parfois en calibres 6 mm, on tend à charger des balles trop légères ou insuffisamment « cohérentes » après l’impact, des balles qui blessent plus qu’elles ne tuent. Pourquoi ? Parce que notre balle à ragondins n’a pas besoin de pénétrer profondément et doit se fragmenter ou s’expanser très vite, dans les premiers 2,5 cm de sa pénétration, alors qu’un chevreuil ou un chamois présente une épaisseur bien supérieure et une densité osseuse ou nerveuse bien plus importante également. Tirer « lourd pour le calibre » s’impose donc, et permet rarement l’emploi d’autre chose que de cartouches rechargées. Si vous les produisez avec assez de soin et d’attention, sans oublier l’indispensable rigueur qui est la clé de voûte du rechargement, ces cartouches seront bien plus précises, vous mettez toutes les chances de votre côté.