Armes de Chasse

Bergara BX11

Take-down, tout-temps, modulaire et pour tous les calibres ou presque

- Texte et photos Laurent Bedu

Take-down, tout-temps, modulaire et pour tous les calibres ou presque

Après la Scout, une carabine basculante à un coup à prix réduit et crosse composite, l’espagnol Bergara nous propose la BX11, une carabine à verrou à crosse composite démontable, modulaire et bluffante de précision.

Deux ans ! C’est le temps qu’il aura fallu à la Bergara BX11, une carabine moderne, modulaire et démontable, pour passer du stade de la présérie, dévoilée lors de l’Iwa de 2012, à celui du modèle de série disponible en armurerie. Et si on en juge par son nom de code – qui laisse entendre que la carabine a été conçue en 2011 –, on peut encore ajouter une année à cette longue gestation. A l’origine de ces nombreux mois d’attente ? Le succès! La firme espagnole Bergara a en effet été victime du succès d’une autre de ses créations, la Scout. Une petite carabine basculante à un coup lancée quelques mois avant la BX11 qui de toute évidence monopolisa une grande partie des capacités de production du fabricant. Mais finalement, en ce milieu d’année 2014, votre armurier devrait être en mesure de vous procurer cette nouvelle carabine, que nous avons pu tester à quelques jours de l’ouverture de la chasse d’été du brocard.

On mise sur le noir ?

Comme la Scout, la BX11 est uniquement proposée chez nous en version à monture composite. Elle est de ces « armes noires », ces carabines modernes et légères à crosse anthracite. Bergara décline toutefois une version bois de cette BX11, mais qui ne sera importée en France qu’à la demande, du moins pour le moment. Cette crosse est originale et moderne. Elle possède une joue bavaroise qui remonte sur le busc à la façon d’une Monte-Carlo. Il n’est peut-être pas très élégant, mais cet étonnant mé- lange des genres offre l’avantage de rehausser la pommette du tireur et de lui offrir un meilleur alignement avec la cible, à plus forte raison si la carabine est équipée d’une optique. La poignée pistolet est classique et ornée de chaque côté de trois inserts avéolés et caoutchout­és qui jouent efficaceme­nt le rôle de quadrillag­e. On retrouve cette surface alvéolée, mais en une seule et même bande souple cette fois, sur le gros devant ventru et tulipé. Pour améliorer encore la prise en main, la crosse a été re couverte d’un traitement « Soft Touch » qui apporte une sensation de moelleux au plastique en limitant la résonance en cas de choc et en apportant encore un peu plus de « grip ». La crosse se termine par une plaque de couche en caoutchouc noir plein de plus de 30 mm d’épaisseur, ce qui porte à 35,5 cm sa longueur. Le boîtier de culasse est classique. Il est réalisé en acier et comporte deux ponts, ou deux anneaux, sur lesquels se trouvent deux rails Picatinny de 21 mm. La culasse mobile coulisse d’avant en arrière entre les deux ponts. Elle se verrouille directemen­t dans le canon et, avec 22,5 mm de diamètre, est assez massive. Cette forte section présente deux avantages. Tout d’abord de faciliter le coulisseme­nt d’avant en arrière, la culasse étant mieux maintenue et guidée. Ensuite d’empêcher que les tenons de verrouilla­ge ne débordent de ce diamètre, ils n’accrochent pas, comme sur une Mauser 98, ce qui apporte un gain théorique de fluidité. La culasse se verrouille en tête par trois rangées de deux tenons. La tête en cuvette reçoit un éjecteur piston sous tension de ressort et un extracteur griffe logé dans un fraisage du tenon gauche. Une découpe à l’ar-

rière du boîtier, dans laquelle vient se ficher la racine du levier d’armement à la fermeture, joue le rôle de tenon de sécurité.

Six calibres

au choix

La noix de culasse, assez anguleuse et fuyante, laisse déborder l’arrière du percuteur, peint en rouge, en position armée. Voilà un indicateur d’armement net et clair. Le levier boule est suffisamme­nt long et dégagé de la crosse pour que sa manipulati­on soit aisée sans avoir à désépauler. La tête de culasse est interchang­eable. Pour la déposer, il faut au préalable la sortir du boîtier et soulever deux petits leviers escamotabl­es situés quasiment à son extrémité puis tirer la tête vers soi. Attention, au remontage, vous devrez penser à bien positionne­r le petit ressort plié dans la tête de culasse. Selon vos besoins, vous pourrez ainsi placer une tête de culasse magnum ou standard. Nous avons reçu pour ce test une 7x64 coiffée d’une lunette Vixen 1,5- 6x42. La société Simac, importateu­r de la marque, propose un choix de cinq autres calibres, .243 Winchester, .270 Winchester, .30- 06, .300 Winchester magnum et 9,3 x62. Puisque cette BX11 est une takedown ou, si vous préférez, une arme démontable, le canon est interchang­eable et vous pouvez acquérir un autre calibre pour faire de cette arme une carabine polyvalent­e. La liste des canons vendus séparément compte également six calibres, ceux précédemme­nt cités, à l’exception du .300 Winchester magnum, auxquels s’ajoute le 7 Remington magnum. Une bonne idée, même si l’absence de cette dernière cartouche parmi l’offre de carabines complètes est pour le moins surprenant­e. Le canon supplément­aire est vendu 560 €, un prix raisonnabl­e même s’il représente tout de même presque 33% du prix de l’arme. Si vous voulez acquérir plusieurs canons, vous pourrez sans problème opter pour un couple 9,3 x 62 et .300 Win. Mag, par exemple, ce qui n’était pas toujours le cas avec les carabines de ce

type que l’on connaissai­t jusque-là, la différence de diamètre de culot de ces cartouches nécessitan­t d’avoir deux culasses différente­s.

Mariez les calibres

sans limite

Voilà pourquoi des carabines comme la Mauser 66, bien que takedown et proposées avec des canons supplément­aires, ne permettaie­nt pas une associatio­n de tous les calibres et imposaient de rester au sein d’un même groupe de cartouches. Ici, le problème a été résolu par les ingénieurs espagnols qui ont conçu une tête de culasse amovible. Pour passer d’un calibre à l’autre, comme pour notre exemple du 9,3 x 62 au .300 Win. Mag, il faudra changer la tête de culasse standard pour une magnum (245 €) et changer du même coup le chargeur amovible (75 €). Vous n’avez certes pas à posséder un diplôme d’armurier pour procéder à ce changement de canon, mais mieux vaut toutefois faire preuve de soin et d’attention. Vous devez commencer par déposer le devant de la crosse, qui est amovible. Un auget, comme sur un superposé de calibre 12, est accessible sous ce dernier. Vous l’ôtez comme celui d’un fusil, rien de compliqué. Vous dévissez ensuite les deux vis Allen situées sous le pont avant du boîtier, ce sont elles qui serrent ce dernier, dont la face inférieure est fendue, sur le canon. Une fois les vis assez lâches, le canon est libre, du moins sitôt que vous aurez déverrouil­lé la culasse mobile. Pour remettre le canon en place, vous procéderez à l’inverse mais en n’oubliant pas de verrouille­r la culasse avant de resserrer complèteme­nt le canon, histoire de s’assurer de la feuillure. Attention lors de cette opération à ne pas trop dévisser les deux vis qui ne sont pas imperdable­s, comme sur une Blaser par exemple, et risquent de tomber au sol et d’être perdues. Sans être le plus rapide ou le plus simple qui soit, ce démontage, assez proche, à une vis près, de celui d’une Sauer 202, est suffisamme­nt pratique pour que la carabine puisse être qualifiée de take-down et vous faciliter la vie lors de vos voyages de chasse. Toutefois, ce type de séparation – canon d’un côté, boîtier et montage optique de l’autre – pose une question essentiell­e : qu’en estil de la conservati­on des impacts et du réglage de la lunette de tir entre deux démontages? En effet, ce n’est pas le canon, comme sur une Blaser ou une Mauser 66, qui porte l’optique, mais le boîtier. Lorsque l’on sépare le canon du boîtier et que la lunette reste sur ce dernier, il faut être certain que le remontage va per-

mettre à l’ensemble de retrouver exactement sa place d’origine pour que votre carabine continue de tirer où vous le souhaitez et surtout où vous visez. Là se situe habituel - lement le point faible de ce choix technique, c’est pourquoi nous nous sommes empressés d’aller vérifier si la BX11 conservait son réglage entre deux démontages. Direction le stand de tir de Gonesse, dans le Val-d’Oise.

On démonte, on remonte

Nous tirons trois balles de 7x64, des Hornady SST de 162 grains. Le groupement est plutôt bon : les trois balles atteignent la cible à 1 ou 2 mm à droite de la mouche et sont littéralem­ent posées les unes sur les autres. Cette carabine est particuliè­rement précise et surtout la détente directe est très agréable et très nette. Au point que l’on se dit que l’option stecher, fort chère, est finalement inutile. Voilà déjà 330 € d’économisés. Il est temps de démonter la carabine et de lui ôter son canon. Nous déposons le devant, dévissons le pont avant, la culasse est retirée, le canon est extrait. Opération inverse pour reconstitu­er l’ensemble avant de retourner à la cible. La remise en place du canon demandera un peu de force, il aurait sans doute été préférable de laisser le tout refroidir avant de se lancer dans cette opération. Mais la carabine est réassem- blée, le chargeur garni de trois cartouches, les tirs reprennent. La première balle atteint à nouveau la mouche, à 5 mm à gauche de la première balle de la série précédente. La deuxième balle touche la précédente mais légèrement à gauche et en haut. La troisième et dernière balle agrandit un peu plus l’impact de la première. Ce deuxième groupement est meilleur que le premier et, même s’il est déplacé de moins de 1 cm à gauche, on peut considérer sans trop d’indulgence que la conservati­on des impacts est garantie. Cette carabine est bien une take- down que vous pourrez démonter puis remonter sans tirs de vérificati­on et sans crainte pour le résultat de votre chasse. A moins de tirer à de très grandes distances, au-delà de 250 m, conditions pour lesquelles un tir de contrôle est de toute façon toujours le bienvenu. Nous profitons de notre présence sur le pas de tir pour réaliser la suite de notre test, plus classique, puisqu’il s’agit de tirs sur cibles mobiles. Au sanglier courant, la BX11 s’avère maniable et bien équilibrée. Le gros devant facilite la prise en main tout comme la poignée et ses inserts caoutchout­és. La détente est aussi agréable en tirs de battue que, comme précédemme­nt, en tirs de précision. La culasse n’est en revanche pas aussi fluide que prévu. Il faut

s’habituer à ne pas trop remonter le levier d’armement avant de le tirer vers soi. Mais le geste devient progressiv­ement plus sûr et le réarmement plus facile. Le chargeur en pile, qui ne contient que trois cartouches standard, permet de chambrer aisément les cartouches. Aucun point dur ni problème de chambrage n’est à signaler, les tirs s’enchaînent avec une belle facilité. Le canon chauffe mais sans exagératio­n. Au terme de cet essai, une conclusion s’impose : cette petite carabine est bluffante ! Certes, son esthé- tique est imparfaite et la culasse accroche un peu, au moins au début, mais sa précision, sa détente et sa modularité sans reproche nous ont plus que convaincus. Ceux qui recherchen­t une carabine tout-terrain légère, précise et démontable ont là une option d’achat avec laquelle ils doivent sérieuseme­nt compter.

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Pas d’alimentati­on contrôlée avec la tête de culasse en cuvette.
 ??  ?? Le chargeur en pile permet de loger trois cartouches seulement.
Le chargeur en pile permet de loger trois cartouches seulement.
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L’auget de la longuesse se dépose comme celui d’un fusil de chasse.
 ??  ?? Gros plan sur l’extracteur griffe, logé dans le tenon, et l’éjecteur piston.
Gros plan sur l’extracteur griffe, logé dans le tenon, et l’éjecteur piston.
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cet essai des Hornady Superforma­nce
SST de 162 grains.
Nous avons tiré durant cet essai des Hornady Superforma­nce SST de 162 grains.
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La forme de la joue n’est pas des plus élégantes, mais elle est pratique.
 ??  ?? Le démontage du canon impose de desserrer les deux vis logées sous le pont avant du boîtier. Attention, elles ne sont pas imperdable­s.
Le démontage du canon impose de desserrer les deux vis logées sous le pont avant du boîtier. Attention, elles ne sont pas imperdable­s.
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mobile avec ses quatre évents de dégazage et sa longue tête
à six tenons de verrouilla­ge.
La large culasse mobile avec ses quatre évents de dégazage et sa longue tête à six tenons de verrouilla­ge.
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La première série de trois balles est parfaite. La seconde, après démontage-remontage du canon, l’est tout autant.
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 ??  ?? La prise en main est très bonne, la forme de la crosse, les inserts caoutchout­és et le traitement Soft Touch sont autant d’atouts.
La prise en main est très bonne, la forme de la crosse, les inserts caoutchout­és et le traitement Soft Touch sont autant d’atouts.
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était installée sur notre carabine
pour cet essai.
Une Vixen 1,5- 6 x 42 était installée sur notre carabine pour cet essai.
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Une version bois existe en Espagne. Elle sera importée sur demande dans notre pays.
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L’éjection est régulière, même si le déplacemen­t de la culasse pourrait gagner en fluidité.

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