Vivre avec le loup ?
Trois mille ans de conflit
Ah le loup ! L’ennemi héréditaire de l’homme depuis toujours. Le loup, à la fois craint et mythique, dont la France – comme le Petit Chaperon rouge avant elle – avait cru se débarrasser, est de retour. L’animal pourtant si discret est désormais aperçu de plus en plus fréquemment, pas seulement dans les massifs montagneux où nos esprits par confort ou aveuglement inconscients le cantonnent trop souvent. Le loup se rapproche du centre de la France, de ses plaines. Ce retour anachronique et à l’origine toujours aussi suspecte ne laisse personne indifférent. Les chasseurs y voient un concurrent implacable ou un futur gibier, les éleveurs, un fléau économique contre lequel ils tentent de se défendre, les écologistes et protectionnistes de tout poil, le retour heureux du sauvage en niant son impact sur les communautés humaines et sur les autres populations animales, les scientifiques, un nouveau sujet d’études et les habitants des zones conquises par la « bête », une terrible épée de Damoclès. Les représentants de toutes ces sensibilités étaient rassemblés pour un symposium, du 9 au 12 octobre dernier à Saint-Martin-Vésubie (Alpes-Maritimes). Ce sont les actes de ces journées de travail que l’on retrouve ici. L’histoire du loup en France, ses attaques sur l’homme, sa représentation, sans oublier sa place aujourd’hui dans cette France du XXIe siècle face à l’urbanisation et à l’élevage. Des avis contrastés, opposés, dramatiques, réalistes ou utopiques, qui sont finalement symptomatiques des conflits opposant ceux qui vivent dans la nature à ceux qui la rêvent pure comme au premier jour, c’est-à-dire sans êtres humains. Instructif !
Sous la direction de Jean-marc Moriceau
Edition Tallandier, 620 p., 29,90 €