Armes de Chasse

La ruée vers le cuivre

8 nouvelles cartouches au marais

- Texte et photos José Nogent, photos Bruno Berbessou

Et si le cuivre recuit était la grenaille sans plomb de l’avenir? La question mérite d’être posée si l’on en juge par l’arrivée cette saison d’une dizaine de chargement­s différents, deux ans seulement après l’apparition de cette nouvelle grenaille chez Nobel Sport. Nous en avons testé huit parmi les premières disponible­s.

Il y a de cela trois saisons seulement, Fob dévoilait une cartouche destinée aux zones humides à charge de cuivre recuit, la Sweet Copper. Cette munition était la première à faire appel à ce matériau. Certes, on trouvait parfois des plombs cuivrés, en surface, des balles de carabine à alliage de cuivre, mais pas de grenaille de cuivre. La firme d’Anneyron innovait. Trois saisons plus tard, de nombreux encartouch­eurs ont rejoint le français et proposent à leur tour des munitions à grenaille de cuivre pour la chasse des canards et limicoles. Un nombre suffisant de cartouches de toutes sortes et de toutes origines pour que nous décidions de réaliser le premier test du genre : le match de la grenaille de cuivre. A notre tour aussi d’innover, puisque, pour cet essai comparatif, nous avons décidé d’utiliser un semi-automatiqu­e Beretta A400 à canon de 71 cm et demi- choke, équipé de plus du Gun Pod, un système qui fournit quelques informatio­ns au tireur – nombre de coups tirés, températur­e, mais aussi et surtout poussée de la cartouche. Voilà qui va nous permettre de comparer avec plus de précision encore la puissance de chaque cartouche, autrement dit son recul.

La déformatio­n

du cuivre

Mais avant de tirer ces nouvelles munitions, nous avons voulu en savoir plus sur les qualités mécaniques des billes de cuivre et leur ductilité, c’est-à-dire leur capacité à se déformer. Ce critère est très important, car si la bille ne se déforme pas assez, c’est votre canon, puis votre choke qui en feront les frais. Pour évaluer avec précision le diamètre de nos billes, nous alignons vingt billes prises dans chaque cartouche dans un petit rail, serrées les unes contre les autres, nous mesurons la ligne obtenue et la divisons par 20. Ce procédé permet d’obtenir un diamètre moyen mais précis, la mesure d’une seule bille pouvant nous induire en erreur. Nous prenons ensuite une des vingt billes s’approchant le plus du diamètre moyen calculé. A l’aide d’une colonne spécifique, nous passons à l’écrasement de la bille en question pour en mesurer la ductilité. Nous mesurons l’épaisseur de la bille après écrasement et déterminon­s le pourcentag­e de celui-ci. Nous avons choisi deux matières bien connues des chasseurs comme étalons, le plomb et l’acier. Le plomb n° 5 de notre cartouche étalon, la Fob Gold 36, a une déformatio­n de 51% et une augmentati­on de son diamètre de 24%. L’acier n° 5 quant à lui se déforme, dans les mêmes conditions, de 11 % tandis que son diamètre augmente de 2 % seulement. Pour le cuivre doux, nos mesures pour chaque bille utilisée sont comprises entre 17 et 24 % d’écrasement et 3 et 7 % d’augmentati­on du diamètre. La ductilité du cuivre doux est donc bien supérieure à celle de l’acier. Une qualité que nous avions notée à l’occasion de notre essai

consacré aux nouveaux substituts ( Armes de chasse n° 47, p. 8), mais sans l’avoir mesurée précisémen­t. Passons au contrôle des vitesses et des pressions, faites au banc d’épreuve de Nobel Sport, agréé et contrôlé régulièrem­ent par le Banc d’épreuve de Saint- Etienne, qui certifie des écarts infimes entre les mesures des deux bancs d’essais. Nous avons classé nos cartouches en trois catégories : standard (pouvant être tirées dans tous les fusils), hautes performanc­es (ne pouvant être utilisées que dans les armes éprouvées bille d’aciers et estampillé­es du poinçon fleur de lys) et magnum (pour armes chambrées 76 mm et éprouvées billes d’acier). Nos deux standard sont la Fob Sweet Copper et la Vouzelaud 28. La Fob a une pression de 683 bars et une vitesse de 367 m/s, la Vouzelaud une pression de 778 bars et une vitesse de 388 m/s. Les hautes performanc­es 12/70 mm sont la Rottweil Ultimate 34 HP, la Fob Sweet Copper HP et la Baschieri & Pellagri Dual Shock 32 HP. La Rottweil affiche 767 bars et 395 m/s, la Fob 914 bars et 396 m/s et la B&P 1043 bars et 423 m/s. Les trois magnum sont la Fob Sweet Copper Magnum 40, la Rottweil Copper Unlimited 40 g et la Baschieri & Pellagri Dual Shock Magnum 36. Elles nous offrent des performanc­es élevées, 767 bars et 342 m/ s pour la Fob, 1 050 bars et 385 m/s pour la Rottweil et enfin 957 bars et 417 m/s pour la B&P. Notre étalon plomb, la Fob Gold 36, affiche 695 bars de pression et une vitesse de 401 m/s.

Place au tir

sur cible

Nous commençons par la cartouche étalon. La Fob Gold 36 contient 35,8 g de plombs n° 5, soit 229 plombs. Le groupement à 35 m est de 78 %, la concentrat­ion de 28 %, la pénétratio­n de 15 cartons et on dénombre 7 vides. Voyons maintenant si nos cartouches chargées avec du cuivre doux sont capables de rivaliser avec cette bonne cartouche de plaine. Pour la version standard de ce substitut, la cartouche Vouzelaud ouvre le bal et réalise un très bon score puisqu’elle devance notre étalon en groupement, 79 %. La pé nétration est identique malgré une vitesse inférieure. L’ex plication est simple, un poids de grain supérieur, 0,2119 g contre 0,1563, et une déformatio­n inférieure, 17 % contre 51. Il faut avouer aussi que nous sommes en présence de billes n° 3 d’un diamètre de 3,48 mm qui, après déformatio­n, passe à 3,58 mm, alors que le plomb passe d’un diamètre de 2,92 à 3,63 mm. A la lecture des résultats de cette première série de tirs, nous pouvons assurer qu’avec ce chargement de cuivre les résultats sur gibier à 35 m seront équivalent­s à ceux obtenus avec la Fob Gold 36. Seule différence, notable toutefois, le nombre d’atteintes est bien inférieur, nous avons 106 billes dans la cible de 76 cm contre 178 pour la cartouche à plombs ; il est vrai que l’écart entre les deux charges (28 et 36 g) est très important. Le fort diamètre des billes pénalise aussi la qualité de la gerbe, nous comptabili­sons 12 vides pour la Vouzelaud contre 7 pour la Gold 36. La Vouzelaud est donc une cartouche à réserver aux colverts, qui offrent une surface bien plus importante que les sarcelles. Le recul mesuré par le Gun Pod est de 52, contre 67 pour la Gold 36. La Fob Sweet Copper est testée à son tour. Le poids de cuivre doux mesuré est de 32,66 g pour 30 g annoncés, et mesurés lors de notre essai d’octobre 2012, qui nous avait donné 29,96 g. Que nous vaut cette générosité de la marque avec un substitut qui est dix fois plus onéreux que le plomb ? Nous n’avons pas la réponse à cette question. Le nombre d’atteintes dans la cible de 76 cm est de 176 grains avec un groupement de 72 % et une concentrat­ion de 24 %. Lors de notre précédent essai, nous avions 93 % de groupement et 35 % de concen- tration, un résultat qui mettait cette Sweet Copper bien au-dessus de la Gold 36 et de la Vouzelaud. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Cette cartouche est parfaite pour les gibiers de plus petite taille car, avec seulement 8 vides, aucune sarcelle ne passera à travers la gerbe. Le recul est assez proche de la Vouzelaud, le Gun Pod affiche 59. Place maintenant aux hautes performanc­es. La cartouche qui arrive en tête des trois cartouches testées, certes de peu, est la Fob Sweet Copper HP34. Les 34,26 g de cuivre doux contenus par cette cartouche créent 216 atteintes dans la cible de 76 cm, soit un groupement de 87 %. Avec 66 perforatio­ns dans le carré central de 21 cm, la concentrat­ion est de 31 % et la pénétratio­n identique à celle de la Fob Gold 36 avec 15 cartons. Enfin, la Sweet Copper HP fait jeu égal en qualité de gerbe, avec 7 vides de 8 cm. Le recul mesuré par le Gun Pod du Beretta est de 70. La Rottweil Ultimate 34 HP arrive à égalité de la Fob, simplement coiffée sur la ligne par le nombre de vides. Ses 33,04 g de cuivre doux pour 226 grains sont propulsés à 395 m/s, contre 396 pour la Fob. Le groupement est identique à 87 %, la concentrat­ion est un peu inférieure, avec 28%, et la pénétratio­n identique avec 15 cartons. On dénombre simplement un vide de plus que précédemme­nt, 8 contre 7. Dans les deux cas, la gerbe est très bonne. Enfin, l’allemande est un peu plus douce à l’épaule, le Gun Pod affiche 63. La Baschieri & Pellagri Dual Shock 32 HP ferme la marche de ces trois 12/70 hautes performanc­es malgré son chargement avec deux diamètres de billes, du numéro 4 en cuivre recouvert d’étain et du numéro 6 de cuivre doux. Elle réalise un groupement de 78 %, identique à notre étalon plomb, avec 207 atteintes dans la cible de 76 cm sur les 266 grains contenus dans la cartouche (131 n° 4 et 135 n° 6 pour respective­ment 18,3 g et 13,68 g). Ce choix de chargement défavorise cette cartouche pour la pénétratio­n car les billes n° 6 ne dépassent pas le 13e carton. Les 14e et 15e cartons ne sont perforés que par le n° 4, et en nombre insuffisan­t pour valider 15 cartons. La pénétratio­n est donc de 13 cartons, la qualité de la gerbe est bonne avec 8 vides. Les magnum sont encore plus au coude à coude que les hautes performanc­es. Pour les trois cartou - ches, il est difficile d’établir un ordre d’arrivée. On peut toutefois tenter

de les classer par type d’utilisatio­n en fonction de leurs caractéris­tiques ou du mode de chasse.

Magnum, une photo

finish s’impose

La Fob est chargée semble-t-il pour le gabion, avec une vitesse assez basse de 342 m/s qui favorise le groupement, avec 85 % des billes contenues par la cartouche qui frappent le cercle de 76 cm. Comme avec la standard, Fob est généreux, puisque cette « 40 grammes » contient 41,57 g de grenaille de cuivre. La concentrat­ion est de 30 % tandis que l’on dénombre seulement 7 vides. Par contre, sa vitesse basse la pénalise en pénétratio­n avec seulement 13 cartons, l’écran du Gun Pod affiche néanmoins 88. Voilà donc une excellente cartouche pour le tir au posé. La Rottweill Copper Magnum 40 frôle avec les pressions CIP maximales à 1 050 bars pour une vitesse de 385 m/s ; sa quantité de mouvement ainsi calculée serait de 15,37 pour une norme à 15. Le groupement est perturbé par cette vitesse, avec 75%, 206 billes sur les 273 de la car-

touche sont comptabili­sées dans la cible de 76 cm. La concentrat­ion est de 21 % et le centre de la gerbe est un peu dégarni. La pénétratio­n est irréprocha­ble, avec 15 cartons, et la qualité de la gerbe est bonne, avec 9 vides. Le Gun Pod confirme l’impression que nous avons eue lors des tirs, il affiche 97. Baschieri & Pellagri a choisi un chargement différent pour sa Dual Shock Magnum 36. Le chargement est de 36 g ; 20,80 g de n° 3 et 15,56 g de n° 6 sont mesurés pour un total de 228 billes, 121 de cuivre doux n° 3 et 107 de cuivre doux n° 5. Cette cartouche est également aux limites de la norme CIP avec une quantité de mouvement de 15,16. La vitesse me surée est la plus rapide de cet essai, 417 m/s, le groupement est de 76 %, c’est plutôt bon, avec 173 perforatio­ns dans la cible de 76 cm. La concentrat­ion est de 28 %. Tout comme sa petite soeur en 12/70, le chargement avec deux numéros pénalise cette cartouche pour la pénétratio­n, 13 cartons ont pu être comptabili­sés seulement alors que l’on trouve des billes de n° 3 jusqu’au 17e carton. Néanmoins, voici une su - perbe magnum qui devrait ravir les adeptes des cartouches chargées pour le tir au vol. Ces essais confirment l’impression que nous avions eue en octobre 2012 lors de notre test des nouveaux substituts. Le cuivre doux est un très bon substitut, la ductilité de ses grains est suffisante pour foudroyer le gibier. Il est certes plus cher que les cartouches à plomb mais dans une proportion qui reste contenue et acceptable.

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performanc­es à charge de 32 g de billes n° 4 et 6. La version magnum de la B& P Dual Shock avec 36 g de billes n° 3 et 5.
La Dual Shock de Baschieri & Pellagri, ici dans sa version hautes performanc­es à charge de 32 g de billes n° 4 et 6. La version magnum de la B& P Dual Shock avec 36 g de billes n° 3 et 5.
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 ??  ?? La Fob Sweet Copper fut la première sur ce créneau, logique que sa gamme soit d’ores et déjà étoffée. Nous avons sélectionn­é trois Sweet Copper, une standard et deux hautes performanc­es, dont une magnum. Les charges de ces trois cartouches sont de 30,...
La Fob Sweet Copper fut la première sur ce créneau, logique que sa gamme soit d’ores et déjà étoffée. Nous avons sélectionn­é trois Sweet Copper, une standard et deux hautes performanc­es, dont une magnum. Les charges de ces trois cartouches sont de 30,...
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 ??  ?? A la charge de 28 g de grenaille de cuivre, la Vouzelaud Copper ACP Greenwad associe une bourre ACP biodégrada­ble.
A la charge de 28 g de grenaille de cuivre, la Vouzelaud Copper ACP Greenwad associe une bourre ACP biodégrada­ble.
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La Rottweil Copper Unlimited hautes performanc­es contient 34 g de cuivre.
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La version magnum de la Rottweil Copper, chargée de 40 g de cuivre, est la plus violente de nos huit cartouches.

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