Le système Mackenzie & Wentworth
Les deux font des paires
Le problème avec les fusils à pistons est qu’il fallait, pour les recharger, travailler à la bouche du canon. Si l’opération était sans risque lorsque les deux coups avaient été tirés, elle devenait autrement plus dangereuse lorsqu’une des charges restait prête dans un des deux tubes. C’est cette problématique qui a donné naissance au Mackenzie.
Dans les années 1850, les deux arquebusiers Mackenzie et Wentworth sont associés à Londres. Leur production comporte de bons et beaux fusils de chasse à piston classiques se chargeant par la gueule à l’aide de la baguette de bourrage coutumière pour cette opération. Ce principe de chargement présente quelques inconvénients. Il demande de poser la crosse à terre, ce qui n’est pas toujours aisé en terrain marécageux, et, en cas de précipitation, l’utilisateur risque d’introduire les deux charges dans le même canon. Surtout, il expose au pire des accidents : le départ d’une charge en cours de rechargement si l’amorce « capucine » n’a pas été retirée du côté non utilisé. Voilà pourquoi, comme tous leurs contemporains, notre duo d’arquebusiers cherche un principe de chargement par la culasse. Après de nombreux essais, ils déposent consécutivement deux brevets en 1859 pour un « percussion capping breech- loading rifle » . Une chambre de rechange, chargée à l’avance, permettait de redoubler un tir assez rapidement en cas de besoin. Ce fusil de chasse à chambres amovibles sera copié, avec quelques menues variantes, par beaucoup d’arquebusiers anglais et continentaux. Même la célèbre firme Holland & Holland se basera sur ce modèle pour établir, en 1860, un fusil de grande chasse monocoup à canon rayé de fort calibre.
Dans nos mains, le matricule 101
Dans sa pureté originelle, le Mackenzie est une arme rare. Un heureux hasard nous a permis d’accéder à un de ces modèles, d’autant plus intéressant qu’il porte le matricule 101 – les marquages débutant alors à la centaine, il s’agirait du premier exemplaire de la série. C’est d’ailleurs le seul marquage du fusil, ce qui confirmerait que nous avons affaire au prototype initial. L’arme est à canons juxtaposés, établis en damas fin – dit damas cheveux – et bronzés tabac. Curieusement, leur longueur n’est que de 60,8 cm alors que les tubes de l’époque, utilisant la poudre noire, étaient géné-