Convergence : la quadrature du cercle
Ce canon supplémentaire qui change vraiment tout
Si la convergence des express est délicate à régler, que dire de celle des armes combinées, à deux, trois canons ou plus et à âme lisse et rayée ? Ce canon supplémentaire qui est la carte maîtresse des armes combinées est aussi leur pierre d’achoppement. Un risque d’écueil majeur auquel tous les fabricants ont été confrontés.
En France, l’année 1972 est à marquer d’une pierre blanche dans l’histoire de la chasse et de ses armes : cette année-là, le tir à balle du grand gi bier devient obligatoire dans la presque totalité des départements français. Tandis que naît l’engouement pour la chasse des grands animaux, principalement en battue, les chasseurs comprennent que les canons lisses de leurs fusils ne sont plus adaptés. Dès lors, une véritable révolution s’opère dans l’armurerie avec l’avènement du marché de l’arme rayée. La réussite la plus emblématique est celle de la maison Chapuis. Grâce à l’express Progress présenté en 1976, la manufacture familiale d’un petit village de la Loire devient en moins de vingt ans le premier fabricant mondial de carabines doubles. Parallèlement aux armes à plusieurs canons rayés, les chasseurs découvrent ou redécouvrent les armes mixtes, appelées aussi armes combinées, qui, comme le fusil mixte ou le drilling, associent au canon rayé le canon lisse. Souvent détournées des services auxquels leurs créateurs les avaient destinées, elles se révèlent redoutables d’efficacité, à l’image de l’expressdrilling en battue. Les difficultés rencontrées dans la fabrication de ces armes multi-canons sont désormais bien maîtrisées. Le verrouillage, notamment la combinaison Kersten-Greener, a fait ses preuves, comme le mécanisme Blitz disposé sur la plaque de pontet. Quant au poids, il est contenu depuis l’utilisation d’aciers spéciaux qui autorise la réduction des parois des tubes. L’express-drilling Mathelon, en dépit de ses bois denses, n’excède pas 3,5 kg équipé d’une bascule en acier et 3,3 kg avec une bascule en alliage. Finalement, il ne demeure qu’un seul point noir, celui de la difficulté du réglage de la convergence des canons quand ils sont soudés entre eux.
Le casse-tête de la solidarité
Au moment du tir, sous l’effet de la dilatation due à l’élévation de sa température, le canon dans lequel a été effectué le tir a tendance à s’allonger momentanément. Comme les deux canons sont soudés, donc solidaires l’un de l’autre, le faisceau se cintre en direction du canon froid à proportion de l’élévation de la température. Il est donc nécessaire de régler la convergence en tenant compte du déplacement du faisceau pour le tir du second canon.