25lunettes de battue
De 750 à plus de 2000 euros, champ visuel, poids, luminosité, prix… Notre sélection passé eau crible
Boswell a fabriqué tout à la fois les meilleurs fusils de tir aux pigeons vivants qu’il soit et des armes de chasse accessibles pour une grande majorité de nemrods britanniques. Voilà sans doute pourquoi la firme est inclassable et un peu sous-estimée. Depuis 2004, elle renaît de ses cendres grâce à Chris Batha, le plus célèbre des gun-fitters anglais.
La valeur d’une marque est estimée en fonction de son niveau de qualité, mais aussi de son positionnement concurrentiel. C’est ce que les économistes appellent la hiérarchie des marques, telle qu’elle a cours dans la haute horlogerie, les grands vins, la maroquinerie de luxe ou encore l’armurerie fine. C’est le cas au niveau mondial, mais aussi et surtout national, notamment chez les Britanniques, où cette hiérarchie est presque de notoriété publique. Purdey, Boss, Holland & Holland et Woodward occupent la première marche, Grant, Atkin, Churchill, Lang, Greener, Dickson, McNaughton, Westley Richards et Lancaster la deuxième, tandis que, sur la troisième, sont réunis les Beesley, Hellis, Watson Bros, William Powell, Pape, Gibbs et W. & C. Scott. Et, derrière, sur une large quatrième marche, tous les autres. Avec certains fabricants cependant, les « ranger » dans l’une ou l’autre catégorie devient plus difficile. Ils sont tantôt dans la deuxième, tantôt dans la troisième, voire dans la quatrième. Charles Boswell est de ceuxlà. Mais dans son cas, les raisons de son caractère inclassable sont à rechercher davantage dans son histoire que dans la qualité intrinsèque de ses armes. L’amplitude des prix des fusils a toujours été grande. Il y a deux siècles, quand un Manton coûtait l’équivalent de deux ans de salaire d’un garde-chasse, une escopette produite par un armurier de Birmingham valait à peine quelques shillings. Pourtant, de tout temps, il y eut des armuriers qui cherchèrent à concilier ces deux extrêmes, réaliser des armes fines de grand prix et d’autres abordables pour le plus grand nombre. Charles Boswell en est un parfait représentant.
Armurier, tireur et inclassable
Charles Boswell est né en 1850. Il est issu d’un milieu modeste, sa mère était analphabète. Son père exerçait le métier de boucher. La famille vivait dans la petite ville de Hertford, à 50 km au nord de Londres. Après sept années d’apprentissage auprès de Thomas Gooch, Charles se rend à Enfield pour travailler à la Royal Small Arms Factory, où il se spécialise dans le montage et le réglage d’optiques. Il y restera deux années, puis s’en ira à Upper Edmonton, près de Londres, ouvrir un tout petit atelier de réparation et de montage. Cette installation coïncide avec l’apogée de la popularité du tir au pigeon. Le tir est alors considéré comme un exploit sportif et on accorde aux tireurs le même respect que l’on réserve aujourd’hui aux pilotes automobiles ou aux cyclistes. A chaque
tournoi, les noms du vainqueur et de son fusil s’étalent dans les journaux généralistes et les périodiques spécialisés comme Arms & Explosives,
Land & Water ou The Field. Or Boswell est non seulement un armurier de qualité, mais surtout un tireur hors pair. Il bat régulièrement les meilleurs tireurs de son temps, y compris le Dr Carver, le Captain Bogardus ou son confrère et concurrent armurier E. J. Churchill. Il est luimême le support promotionnel de ses produits, une sorte de « publicité vivante » . Charles Boswell et les autres concourent sur le terrain du tir aux pigeons vivants pour vendre toute sorte de fusils de chasse, tout comme les constructeurs automobiles concourent maintenant sur les circuits de formule 1 pour promouvoir leurs voitures de série. Très vite, Boswell réussit à se faire un nom dans le secteur très concurrentiel de l’armurerie fine britannique en se spécialisant dans la fabrication des fusils de tir aux pigeons vivants. En 1884, le succès lui per- met de s’installer à une adresse plus prestigieuse, sur le Strand, au centre de Londres, au numéro 126. Un catalogue de cette période nous apprend que ses armes sont réalisées avec des platines fabriquées par les deux meilleurs platineurs de tout le Royaume- Uni, des noms encore