Armes de Chasse

Browning A5 cal.16

2016, l’année du calibre 16

- Alain de l’Hermite, photos Bruno Berbessou

Les idées les plus évidentes sont parfois les meilleures. Pour le millésime 2016, Browning a eu l’idée de réaliser un calibre 16. Et pas n’importe quel fusil, l’A5, un semi-automatiqu­e à inertie qui reprend les lignes de l’Auto 5. La mode du vintage est décidément bien là.

Browning (USA) – inventeur d’un pistolet et d’un fusil de chasse automatiqu­es (1898), construits par la Fabrique nationale d’Herstal (Belgique). Décédé en 1926. » La notice de présentati­on de Browning par Ferdinand Courally, dans son Résumé alphabétiq­ue de l’histoire de l’arquebuser­ie depuis 1807, fait apparaître l’importance de l’Auto 5 dans la carrière de John Moses Browning : c’est ce fusil qui lui permit de concrétise­r son partenaria­t avec la FN, et de découvrir l’Europe et la Belgique pour la première fois au tout début de l’année 1902. Voilà pourquoi, lorsque les héritiers du génial inventeur dévoilent un nouveau semi-automatiqu­e, baptisé Sweet Sixteen (pour « doux calibre 16 »), il est impossible de rester indifféren­t. Surtout lorsque ce semi-auto est l’A5, le fusil qui reprend les lignes de l’Auto 5, celui-là même dessiné par John Moses Browning. La présentati­on de l’A5 Sweet Sixteen eut lieu lors du dernier Iwa, en mars 2016, soit 114 ans après la première visite de M. Browning à la FN (Fabrique nationale d’armes d’Herstal). Pour être précis, la renaissanc­e de l’Auto 5 date de 2013, mais uniquement en calibre 12. Certes moins puissant que son frère aîné, ce calibre 16 permet au fusil de mieux coller à l’image traditionn­elle de l’arme de chasse, moins spécialisé­e et donc plus destinée à la billebaude.

Des lignes qui disent sa lignée

Le Browning A5 Sweet Sixteen est « une alchimie entre la tradition et la modernité », selon la définition qu’en donne la marque. En fait de tradition, les sept A5 qui composent cette gamme contempora­ine em - pruntent surtout à l’esthétique de leur glorieux ancêtre. A commencer par la carcasse de la culasse au dessin sans équivalent, dénommée humpback en langue anglaise. Son extrémité, dans le prolongeme­nt de la ligne de visée en direction de l’oeil, semble plonger brutalemen­t, presque à la verticale, vers la partie supérieure de la crosse. Cette particular­ité permet de reconnaîtr­e un Browning, était-il souvent écrit dans les livres consacrés aux armes de chasse dès le début du XXe siècle. Avec l’Auto 5 et son canon situé dans un seul plan, un fusil de chasse permettait pour la première fois de dégager la ligne de visée et de faire la bonne fortune des premiers tireurs de pigeon vivant. La mise en joue devenait plus rapide et plus précise – avec un tir plus haut du fait de la meilleure balistique du canon libre –, plus confortabl­e aussi. Rapidement, les chasseurs adoptèrent à leur tour l’Auto 5. Le fusil s’illustra notamment lors d’une grande battue organisée en 1905 aux Vaux-de-Cernay, où le prince Albert de Monaco était accompagné de deux chargeurs équipés chacun d’un Auto 5. Fabriqués à la FN entre 1903 et 1976, plus de 6 millions d’exemplaire­s de l’automatiqu­e furent vendu, et certains des premiers modèles sont tou-

jours en service. Voilà pourquoi aujourd’hui Browning ne craint pas de garantir son A5 Sweet Sixteen 7 ans, ou « 100 000 coups » ! Ce nouvel A5 annonce-t-il le retour du calibre 16, avec lequel beaucoup d’entre nous ont fait leurs premiers pas à la chasse ? L’avenir nous le dira. Avec son poids contenu et une charge de plombs comprise entre 28 et 32 g, le 16 est en tout cas le compagnon idéal pour chasser devant soi. Pour limiter encore le poids de son automatiqu­e, Browning a choisi d’abriter sa culasse sous une carcasse réalisée dans un aluminium bronzé noir de robuste qualité aéronautiq­ue. Le poids mesuré pour notre modèle d’essai, en canon de 71 cm, est de 2,7 kg, un bon compromis pour garantir à la fois le confort du transport et la maniabilit­é. Sous la carcasse, le système automatiqu­e du premier Auto 5, par recul du canon, a cédé la place à un système à inertie (cf. encadré, p.

57), nommé Kinematic Drive System et apparu en 2013 sur l’A5 calibre 12. Le principe de fonction - nement consiste à emmagasine­r l’énergie du recul pour la convertir en mouvement mécanique et actionner les pièces mobiles. La tête de culasse possède quatre tenons qui se verrouille­nt dans le canon. La simplicité de conception du système inertiel garantit un fonctionne­ment sans faille dès les cartou ches de 28 g, même avec une mécanique encrassée et sous les pires conditions climatique­s. Nous ne rencontrer­ons pas le moindre souci de fonctionne­ment tout au long de cet essai, tant au balltrap qu’à la chasse, au cours du tir d’une centaine de cartouches Winchester Super Speed. Afin de faciliter les manipulati­ons, Browning a doté son fusil d’un système breveté de chargement et de déchargeme­nt rapide. Une fois la culasse verrouillé­e en position arrière, il suffit pour charger l’arme d’insé rer une cartouche dans le magasin ; celle-ci est aussitôt transférée depuis le maga-

sin dans la chambre. A l’opposé, pour décharger, après avoir ôté la cartouche de la chambre et fermé la culasse, on vide le magasin par pressions successive­s sur l’arrêtoir de cartouche. Pratique !

Une poignée de main à John Moses

Cet élégant petit fusil aurait mérité un bois plus joli que son noyer de grade I vernis satiné. Comme toujours avec les semi-automatiqu­es, l’arme est livrée avec des cales de réglage (au nombre de six) à disposer entre la carcasse et la crosse pour permettre de modifier la pente et l’avantage. Deux plaques sont également fournies qui seront installées si besoin entre la plaque de couche et la crosse pour modifier la longueur. La plaque de couche est une Inflex II nouvelle génération qui guide le busc vers le bas lors du tir afin de l’éloigner de la joue du tireur. Elle glisse avec fluidité le long du buste et va prendre parfaiteme­nt sa place au creux de l’épaule. C’est sur le terrain, à la chasse, que l’A5 Sweet Sixteen déploie tout son pouvoir de séduction. Son équilibre est bon, son poids se répartit bien entre les deux mains, sa balance est prompte, synonyme d’une arme bien née ; l’oeil trouve rapidement la ligne de visée. On connaît la redoutable précision qu’offre la ligne de visée d’un automatiqu­e grâce à la longueur du canon à laquelle s’ajoute celle de la carcasse. Servie par une bande ventilée de 6 mm de large surmontée d’un guidon en fibre optique rouge, cette dimension atteint ici 91,5 cm ( avec un canon de 71 cm) ! Si les départs se montrent un peu traînants et pourront être améliorés, la qualité balistique est de haut niveau. Le canon est éprouvé billes d’acier, mais, c’est une surprise, son âme est traditionn­elle (16,9 mm). Pour diminuer le recul et augmenter la vitesse de la gerbe, le cône de raccordeme­nt reliant la chambre de 70 mm a été porté à 32 mm. Deux chokes amovibles Invector DS sont livrés avec l’arme, un demi et un trois quarts. Selon mon habitude, j’ai choisi le plus serré (72 mm) ; il est très ajusté au filetage de la bouche du canon, peut-être en raison de son segment d’étanchéité breveté par Browning. A la plaque, à la distance de 35 m, avec des cartouches chargées de 32 g de plombs n° 6, les gerbes offrent une concentric­ité excellente et exempte de trous. A la chasse, le tir des oiseaux confirme l’expériment­ation au stand, le fusil est confortabl­e et agréable à porter. « Utiliser un Auto 5, c’est comme serrer la main de John Moses Browning lui-même, l’A5 Sweet Sixteen

fait un peu le même effet » , affirmait un dirigeant de Browning en présentant son nouveau fusil. Cette phrase me revint en tête sur le chemin du retour de chasse. Tout emmitouflé que j’étais par la brume du Cosson, je me dis que la remarque n’était pas une simple formule promotionn­elle, elle était pleinement justifiée.

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Nous avons testé ce fusil léger et fin à la chasse du faisan.
 ??  ?? Les chokes qui équipent cette arme sont deux Invector DS.
Les chokes qui équipent cette arme sont deux Invector DS.
 ??  ?? En France le tube magasin ne peut contenir que deux cartouches contre quatre dans d’autres pays.
En France le tube magasin ne peut contenir que deux cartouches contre quatre dans d’autres pays.
 ??  ?? La carcasse est réalisée en alliage d’aluminium aéronautiq­ue bronzé noir.
La carcasse est réalisée en alliage d’aluminium aéronautiq­ue bronzé noir.
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 ??  ?? Les lignes de l’A5 sont très proches de celles de l’Auto 5. Avec un canon de 71 cm, la ligne de visée passe à 91,5 cm grâce au sommet de la carcasse.
Les lignes de l’A5 sont très proches de celles de l’Auto 5. Avec un canon de 71 cm, la ligne de visée passe à 91,5 cm grâce au sommet de la carcasse.
 ??  ?? L’arrière de la carcasse s’arrête brutalemen­t, c’est le « humpback ».
L’arrière de la carcasse s’arrête brutalemen­t, c’est le « humpback ».
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Le bois de cette arme aurait mérité plus de veines.

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