Au printemps, hivernez vos armes
Pour une intersaison réparatrice
Pour une intersaison réparatrice
Le printemps s’installe, la saison de chasse se termine. Il est désormais temps de faire le bilan, de déchausser les bottes et replacer votre arme au râtelier. Mais pour que votre précieuse alliée ne soit pas altérée par un « hivernage » raté, il vous faut prendre quelques précautions et lui consacrer encore un peu de temps.
En fin de saison, comme après chaque retour de chasse, le premier des réflexes à avoir est de sortir son arme de son étui. Nous sommes trop nombreux à laisser nos armes dormir dans leur housse, alors que fourreaux et mallettes sont conçus uniquement pour le transport, ils ne sont pas adaptés au stockage. Eux aussi doivent être séchés convenablement après chaque utilisation. Sans cela, ils absorbent rapidement l’humidité et garderont votre arme confinée dans cette atmosphère lors du prochain transport. Et l’humidité est l’ennemie des armes, elle risque de les détériorer avec des conséquences dé sas treuses sur le bois, le bronzage et les parties mécaniques. Voilà pourquoi il faut également procéder au séchage externe de l’arme. Avec un chiffon et non pas, pour aller plus vite, en la met- tant devant la cheminée ou près d’une autre source de chaleur. Les bois soumis brusquement à une température élevée risqueraient de bouger, voire de se fissurer.
La check-list du chasseur soigneux
Une fois l’arme bien séchée, vous devrez procéder au nettoyage de l’intérieur des canons afin d’enlever les résidus de poudre et de plastique qui proviennent des bourres et s’accumulent au fil des tirs. Pour ce nettoyage, gardez-vous de bricoler un outil fait maison qui risquera d’endommager les canons. Il existe de nombreux kits de nettoyage spécifiques, adaptés à chaque calibre et qui ne coûtent que quelques euros. Commencez par démonter votre arme et vaporisez un solvant, ou un dé semplombant adéquat, à l’inté- rieur des canons. Laissez agir quelques minutes, puis frottez à l’aide des brosses qui composent votre kit. Commencez par une brosse métallique en spirale (le laiton est idéal). Dans le cas d’un fusil, insérez la brosse depuis la chambre et faites des allers-retours jusqu’à la bouche. La brosse doit ressortir de l’autre côté du canon pour que les débris soient expulsés. Vous pouvez également mettre autour de la brosse de la laine d’acier, la plus fine (triple 0), qui atténuera l’agressivité pour l’intérieur des tubes. Pour les armes rayées, plutôt que de faire ces allersretours, enfoncez la brosse dans le tube jusqu’à ce qu’elle sorte à la bouche et dévissez ensuite afin de ne pas user les rayures. Passez ensuite la brosse en laine, de la même manière, pour essuyer l’intérieur du canon, puis une brosse en nylon imprégnée d’huile. Il ne reste
plus qu’à sécher en passant une dernière brosse bien propre. Votre brosse métallique doit être renouvelée régulièrement car l’usure lui fait perdre toute efficacité. Pendant la saison de chasse, vous pouvez utiliser des cordons de nettoyage (tout aussi bon marché), plus adaptés à un entretien fréquent et rapide et peu encombrants. Mais les écouvillons restent indispensables pour votre nettoyage annuel, ils permettent de gratter les résidus de façon plus efficace et complète. Une fois les canons parfaitement nettoyés, attardez-vous sur la bascule à l’aide d’une petite brosse douce ou d’un pinceau. Faites de même pour la bande, les embases de montage, les détentes et tous les petits recoins dans lesquels peuvent s’accumuler poussières et débris. Pensez à désarmer les percuteurs afin d’éviter que leurs ressorts ne restent sous tension et occasionnent ainsi une usure prématurée. Pour ce faire, évitez d’actionner la détente à vide, cela risquerait d’endommager le percuteur ou de casser le ressort de chien si ce dernier est à lame. Il est préférable d’utiliser une douille amortisseur. Il s’agit d’une copie de cartouche en plastique ou en aluminium qui permet d’absorber l’énergie des percuteurs lorsqu’on les déclenche. Installez la douille dans la chambre et pressez la détente. Enlevez ensuite la douille, ou les douilles dans le cas de deux canons, pour éviter tout risque de corrosion. Autre solution, vous pouvez poser une calle de bois sur le plat de la bascule et appuyer sur la détente afin que les percuteurs viennent taper sur celle-ci ; les percuteurs sont alors désarmés. Il sera judicieux d’en profiter pour jeter un coup d’oeil sur ces percuteurs pour vérifier qu’ils ne sont pas émoussés. Ils doivent être pointus ou tout du moins de forme ovale afin de venir frapper efficacement l’amorce. Un percuteur émoussé, cassé ou cratérisé à son extrémité ne remplit plus correctement sa tâche. Il est dans ce cas temps de le changer pour ne pas risquer une casse sur le terrain, toujours catastrophique et frustrante.
Bois et métal bien huilés
Les bois doivent être protégés. Pour ce faire, appliquez au chiffon une simple huile de lin ou une huile spécifique pour cet usage. Veillez cependant à ne pas appliquer l’huile sur le quadrillage, elle l’encrasserait et en atténuerait l’efficacité. L’extérieur du canon et les parties métalliques ont aussi besoin d’être lubrifiés mais cette fois avec une huile neutre de type vaseline. Essuyez l’excédent. Votre arme ainsi dorlotée sera prête à passer quelques mois au repos. Si elle a besoin d’une révision ou d’une remise en état, cette période vacante est le bon moment pour la faire. Il est toujours préférable de faire réviser ou réparer une arme à la fin de la saison de chasse, sans urgence, plutôt que la veille de l’ouverture dans la précipitation. Votre armurier pourra ainsi consacrer toute l’attention nécessaire à une révision complète ou à des travaux qui demandent du temps, comme le bronzage des canons, le poncé-huilé, la réparation ou le changement de pièces usées.