Zeiss V6
La firme allemande passe la 6e
La firme allemande passe la 6e
C’est sur le tard que Zeiss est passé aux lunettes superzoom, c’est-à-dire à plage de grossissements de 5 x ou plus. Après tous ses concurrents, la firme dévoilait sa famille de lunettes au zoom 8 x, les V8. Trois ans après, elle récidive avec une gamme plus économique, les V6, à grossissements 6.
La mode des superzoom fut initiée par Swarovski Optik et sa Z6 il y a dix ans. Zeiss aura attendu sept saisons supplémentaires pour dévoiler sa famille de quatre lunettes au zoom 8 x, les V8. La guerre des deux fabricants n’allait bien sûr pas en rester là. Deux ans plus tard, en 2016, Swarovski sortait la Z8, une lunette à zoom 8 x. Et cette année, Zeiss dévoile sa V6, la boucle est bouclée. Les V8 sont des lunettes Victory, le haut de gamme du fabricant, les V6 sont des Conquest, la qualité in - termédiaire, avec un prix forcément plus accessible. La famille V6 est constituée de trois lunettes. Un modèle de battue, un autre d’approche, qui peut aussi convenir en battue et à l’affût, un autre enfin d’affût, qui satisfera aussi le candidat à l’ap - proche mais avec la contrepartie d’un poids un peu élevé. Il y a une 1,1- 6 x 24, soit un grossissement mini de 1,1, la vision humaine selon Zeiss, avec un objectif de 24 mm, une 2-12x 50, qui offre une plage de 2 x, utilisable en battue, à 10 x, pour les tirs lointains, associée à un objectif lumineux de 50 mm, et une 2,515x 56, qui autorise des tirs très lointains grâce à son grossissement maxi de 15 et sa lentille d’objectif hyperlumineuse de 56 mm. Les trois lunettes sont étanches jusqu’à 4 m, le corps en alliage d’aluminium est recouvert d’une robe noir mat et antirayure obtenue par anodisation. Elles sont conçues pour laisser passer 92 % de la luminosité naturelle. Pour arriver à ce chiffre incroyable, les lentilles reçoivent les revêtements multicouches spécifiques à la marque, baptisés « T* », pour le rendu d’image, et « Lotu - Tec », pour le revêtement antibuée et déperlant des lentilles externes. La distance oculaire est dans la norme actuelle, 90 mm.
L’illumination sans paliers
Nous avons testé le modèle battue, qui sera le plus vendu chez nous, et la 2- 12x 50, pour ses évidentes qualités de polyvalence. Les lunettes comportent trois tourelleaux à mi-longueur. Ceux du haut et de droite sont destinés au réglage des impacts en site et en dérive. Celui de gauche commande l’illumination, on tourne la molette vers soi et la lumière s’intensifie, vers la bouche de la carabine elle diminue. Car cette molette tourne comme une vis sans fin, il n’existe pas de paliers d’illumination, on ne sait pas si on a atteint le niveau maxi ou mini, il faudra contrôler de visu.
Autre particularité, l’allumage du réticule impose de tirer le tourelleau au préalable; pour l’éteindre, on l’enfonce. Cela donne un on-off vraiment pratique, d’autant plus que le tourelleau est facetté et assez large pour offrir la meilleure prise en main possible, même avec des gants. Le réglage des impacts se fait à l’aide d’une molette crantée et graduée dont chaque clic équivaut à 1 cm à 100 m. Cette molet te est débrayable et vous pourrez, après réglage, placer le repère sur zéro. La bague de grossissements est classique. En plastique souple cannelé, elle possède une butée qui joue le rôle d’appui de pouce pour faciliter la rotation. Son sens de fonctionnement en revanche n’est pas classique, puisque l’on doit tourner la bague vers la gauche pour obtenir les forts grossissements. Intuitivement, c’est l’inverse, les faibles grossissements sont situés à gauche, les plus élevés à droite. Cela surprend au début, mais on cesse rapidement d’y prêter attention. Un point fort de cette gamme est sa grande sobriété. Un petit logo bleu Zeiss figure de part et d’autre de l’oculaire, tandis que la marque, les grossissements, le made in Germany sont gravés en blanc sur un anneau noir qui habille la fin de l’oculaire. C’est discret, vous pourrez installer l’optiq ue sur une arme ancienne ou vintage sans qu’elle ne dépareille. La 1,1- 6x 24 possède un champ visuel de 38,1 m à 100 m au grossissement mini. Une valeur correcte mais en deçà de la « norme » actuelle, plus proche des 40 m. L’acquisition de la cible sera facile, et qui plus est favorisée par la simplicité et la clarté du réticule. Il s’agit d’une va riante du 4- A, depuis longtemps baptisé n° 60 chez Zeiss. Son illumination centrale sous la forme d’un fin point rouge ne vient pas vous gêner, au contraire, il vous permet de gagner du temps au mo ment de la visée. Vous devriez pouvoir tirer les deux yeux ouverts, comme vous le faites avec un point rou ge, avec cette lunette de battue réglée sur faible grossissement. Avec 505 g pour une longueur totale de 29 cm, elle ne vous handicapera pas, même si votre arme est une allégée. Puisque cette lunette est une 6x et que son grossissement mini est de 1,1x, logiquement, nous devrions être en présence d’une 1,1- 6,6 x… C’est le cas. Après le grossissement 6 x, la bague porte un demi-palier qui atteste d’un grossissement 6,5 x. Cette 1,1- 6 x 24 aurait dû s’appeler 1,1-6,5 x 24. La 2- 12 x 50 ne joue pas dans la même catégorie, même si son champ visuel maxi à 100 m est de 20,5 m. Vous pourrez aussi l’utiliser en battue, à condition de ne pas chasser dans des allées microscopiques où l’acquisition de la cible doit être quasi réflexe. Néanmoins, la polyvalence est bien là. La lunette mesure 33,5 cm pour 620 g, ce qui reste convenable. Son tourelleau supérieur peut recevoir le nouveau dispositif ASV – ce qui est aussi le cas pour l’autre lunette à forts grossissements, la 2,515 x 56. Il s’agit d’un correcteur balistique intégré, qui permet de compenser la chute du projectile à une distance donnée de 0 à 300 m en France et davantage hors de nos frontières. L’option coûte 200 € et constitue un choix judicieux, surtout pour qui a des velléités de voyages au long cours, pourquoi pas aussi de chasse en montagne.
Bien nées, mais tardivement
Sur le plan optique, les V6 ne cherchent pas à rivaliser avec les Victory V8, elles ne jouent pas dans la même cour. Les V8 1,8 - 14 x 50 coûtent 2 990 €, contre 1 775 € pour les V6. La qualité n’est pas la même, le contraire aurait été surprenant. Voilà pourquoi, en périphérie d’image, les lignes droites s’incurvent légèrement et pourquoi aussi on perd de la netteté à mesure que l’on s’éloigne du centre. C’est là que se situe la différence. Néanmoins, la qualité d’image est bonne, notamment son rendu chromatique, quasi parfait, avec en plus un contraste amélioré, très précieux lors de la visée. L’image restituée est nette et claire, ces Conquest restent des Zeiss, cela ne fait aucun doute. Un bémol ? Elles nous arrivent tardivement, débarquant sur un marché ultra- concurrentiel où tous les autres fabricants sont déjà solidement implantés et cela depuis plusieurs saisons. Elles vont devoir se mesurer aux Meopta R2, aux Leupold VX-6, aux Kahles Helia 5 et même aux Swarovski Z6, dont le prix vient de baisser. La bataille va être rude, mais ces considérations sont-elles vraiment en mesure d’intimider des « Conquest » ?