Nitroglycérine, ou le salaire de la peur
La nitroglycérine, base de la cordite, s’obtenait en versant goutte à goutte un corps gras dans un concentré d’acide nitrique et sulfurique. Le liquide jaunâtre et huileux obtenu détonait au moindre choc – c’est le thème de l’inoubliable film de Clouzot Le Salairedelapeur. Dix fois plus puissant que la poudre noire, il était de ce fait très employé en milieu minier. C’est aussi grâce à lui que commencèrent à être percés les grands tunnels européens comme celui du mont Saint-Gothard dans les Alpes. Il ne fut en revanche jamais employé en tant que tel sur le plan militaire et pour les armes et munitions en général, même s’il entra dans la composition de nombreux explosifs. Nobel s’insurgea contre le détournement de son brevet, l’affaire traîna à la chancellerie britannique jusqu’en 1892. Il perdit, fit appel à la Chambre des lords où il perdit encore en 1895. Il réussit malgré tout à placer sa ballistite un peu partout (Allemagne, Suède, Norvège), tandis que la France et ses amis (Etats-Unis, Russie) employaient la poudre B. Et la cordite s’implanta néanmoins dans tout l’Empire britannique, sur lequel le soleil ne se couchait jamais.