La France a peur !
Roger Gicquel n’est pas de retour. Mais son ouverture de JT la plus célèbre semble traduire, si l’on en croit les réseaux sociaux et les porte- parole des amis des petites bêtes, l’état d’esprit de nos concitoyens envers tout ce qui, de près ou de loin, touche à la chasse. Sommes-nous si terrifiants ? Sommes-nous si dangereux, voire irresponsables et menaçants pour l’ordre public qu’il faille nous mettre au ban de la société ? La question, mé rite d’être posée si l’on en juge par les cris d’orfraie poussés par une frange de la population – certes toujours la même, nos chers vert-de-gris, ces écologistes de bitume, ces citadins passionnés de nature et responsables parce qu’ils se rendent chaque semaine dans le square en bas de leur immeuble sans y jeter de papier gras – dès que l’on donne aux chasseurs une once de responsabilité. Je n’ai pas dit de pouvoir, ni d’autorité, juste de responsabilité. La preuve avec cette initiative intéressante et innovante unissant les chasseurs de l’Oise et les gendarmes mise en place fin janvier. Au terme d’une formation spécifique, deux cents chasseurs deviennent pour les forces de l’ordre des vigies réparties sur l’ensemble du département et disposent pour cela d’un accès privilégié aux gendarmeries. Le constat est simple, les chasseurs pratiquent réellement la nature, ils passent du temps sur leur territoire, le connaissent parfaitement et sont en mesure de donner l’alerte si quoi que ce soit d’anormal s’y produit – dépôt d’ordures sauvage, pollution industrielle, feux de forêt, etc. Baptisée « Chasseurs vigilants », cette opé- ration donne à ces deux cents nemrods d’un nouveau genre la mission « d’observer, d’alerter et de sensibiliser » . En aucun cas d’intervenir ou d’appréhender, ils doivent juste informer. Aussitôt annoncée, l’initiative a suscité, chez les opposants à la chasse, les pires inquiétudes auxquelles se mêlait le torrent d’insultes habituel et désormais consubstantiel aux réseaux sociaux et à toute leur armée de justiciers à la petite semaine. Et la fondation 30 millions d’amis, qui devrait s’appeler « 1,2 million d’ennemis », de s’insurger contre « un privilège de plus accordé à cette caste (entendez les chasseurs)… En plus d’avoir le droit d’abattre un animal jusque sur une propriété privée, ou encore de s’approprier des forêts et d’y faire interdire les promeneurs tous les dimanches, ou tout simplement de terroriser familles et enfants avec leurs coups de feu, ils pourront désormais, avec ces nouveaux privilèges, épier leurs concitoyens et signaler tout fait qui les importune… » Avant d’ajouter : « [Ils] disposent déjà d’un pouvoir exorbitant sur la nature, il est à regretter qu’il leur soit confié un rôle de plus, celui d’une véritable “milice” armée qui dissuaderait définitivement les promeneurs qui osaient encore s’aventurer en forêt en période de chasse... » Il ne manque plus que le mot collaboration pour achever de dresser le portrait robot de ce chasseur vigilant à la sauce verte. Las, pour nos opposants, à quelques jours de là, les silencieux devenaient légaux. Aïe. L’Aspas, Cécile Duflot et encore une fois 1,2 million d’ennemis montaient au créneau avec des arguments imparables. Cécile Duflot tirait la première, dès le 26 janvier : « Incroya- ble arrêté chasse passé en catimini le 2 janvier, rompant avec 32 ans d’interdiction : il est désormais possible d’équiper les fusils de chasse de silencieux ! La stupéfaction le dispute à la consternation. » Pourquoi légaliser quelque chose qui a été interdit 32 ans, l’argument est imparable… émanant de l’égérie de la légalisation du cannabis interdit depuis 1916. Le silencieux, non! Mais une sourdine s’imposerait peut-être pour l’ex-députée… L’Aspas de son côté lance un appel à Nicolas Hulot et clame qu’avec le silencieux « en battue ou à l’approche, [les chasseurs] pourront tirer sans faire fuir les animaux, et multiplier les cartons », oubliant les plans de chasse mis en place en 1979 par les rois du carton qu’ils dénoncent. Enfin 30 millions d’amis poursuit sur la voie de la terreur, « les promeneurs pouvaient jusque-là a minima se repérer au son éclatant des balles pour se mettre à l’abri. Dès lors que les bruits sont atténués, la vigilance des promeneurs est amoindrie… et leur vie mise encore plus en danger ! » Il est vrai qu’avec une détonation réduite à 110 dB, soit un peu plus que le bruit d’un marteau-piqueur (100 dB) la vigilance a de quoi être amoindrie, voire écrasée ! Face à ces a priori, face à de tels procès d’intention, face à autant de mauvaise foi et de bêtise aussi, j’avoue qu’à mon tour, j’ai peur. Alain Gheerbrant avait coutume de dire aux gens qu’il aimait bien « puisse Bouddha vous protéger des c… » , je crains malheureusement que, mê me en employant Shiva, il manque de bras !