Les modérateurs de son légalisés
Nous attendions cette loi, c’est fait ! Les réducteurs ou modérateurs sonores viennent d’être officiellement autorisés à la chasse par un arrêté du 2 janvier 2018 publié au Journal officiel le 23 janvier et modifiant l’article 2 de l’arrêté du 1er août 1986 relatif à divers procédés de chasse, de destruction des animaux nuisibles et à la reprise du gibier vivant dans un but de repeuplement. Le nouvel arrêté stipule que « l’article 2 de l’arrêté du 1er août 1986 susvisé est ainsi modifié : au troisième alinéa, les mots : “l’emploi sur les armes à feu de tout dispositif silencieux destiné à atténuer le bruit au départ du coup” sont supprimés » . Ledit article, qui liste les accessoires et dispositifs interdits à la chasse, est désormais le suivant : « Sont interdits pour la chasse de tout gibier et pour la destruction des animaux nuisibles : – l’emploi de toute arme munie d’un dispositif fixe ou amovible comportant des graduations ou des repères de réglage de tir pour les distances supérieures à 300 m; – l’emploi de sources lumineuses et de miroirs de nature à faciliter la capture ou la destruction du gibier ; – l’emploi sur les armes à feu et les arcs d’appareils disposant de fonctions de capture photographiques ou vidéos ; – l’emploi de gaz explosif ou toxique injecté dans les terriers ; – l’emploi délibéré de tout dispositif électrocutant. » Les silencieux, qui portent bien mal leur nom puisqu’il s’agit encore une fois de réducteurs de son, font passer la détonation d’une arme à feu de 140 ou 160 décibels (dB) à la bouche à 110 ou 130. La nuisance sonore et les dangers pour l’audition sont réellement réduits puisque l’on considère généralement que 3 dB supplémentaires correspondent à un doublement du volume sonore. Avec 30 dB de moins, les performances habituelles d’un bon modérateur de son, le volume est réduit considérablement. L’emploi d’un silencieux sur une arme permettra aux chasseurs qui pratiquent l’approche l’été de préserver leur audition, de ne pas réveiller les habitants d’un hameau proche en cas de tir au petit matin et de ne pas alerter inutilement tous les animaux à un kilomètre à la ronde. Enfin, sachez qu’un modérateur sonore joue aussi le rôle d’un super frein de bouche, puisqu’il limite le recul de l’arme de près de 30 %. Pour les chasseurs en battue, l’utilisation d’un réducteur de son est sans doute moins utile. Si vous êtes tenté par l’emploi de cet accessoire à la chasse, vous devez vous poser les bonnes questions pour ne pas vous tromper ou pire risquer un accident. Tout d’abord, concernant le filetage préalable de l’extrémité du canon. Si votre arme possède déjà un filetage, vérifiez bien son pas de vis, histoire de ne pas acheter un modérateur doté d’un pas de vis trop grand ou trop petit qui rendrait votre acquisition inutile et risquerait de détériorer l’un ou l’autre des pas, voire les deux. Si le canon de votre arme n’est pas fileté, attention, l’opération consistant à fileter un canon n’est pas simple. Il faut se fier à l’axe de celui-ci et non à son diamètre, sinon les risques d’avoir un modérateur de son désaxé sont grands et avec eux celui que la balle frotte ce dernier ou pire le détruise. Passez impérativement par un professionnel reconnu et spécialisé. Enfin, il vous faut acquérir un modèle adapté et spécifique au calibre de votre arme. Si le trou est trop grand, la réduction sonore sera peu efficace, s’il est trop petit, on risque un contact, voire une destruction du modérateur au tir. Une fois ces éléments pris en compte reste l’achat à proprement parler, et il va vous falloir choisir parmi une offre très vaste. Pour vous y aider, nous vous renvoyons à notre dossier de 16 pages publié dans notre précédent numéro (n° 68, 4e trimestre 2017). A noter qu’une pétition contre l’emploi des modérateurs de son circule déjà sur Internet, preuve que Les tontons flingueurs ont marqué profondément les esprits des membres de l’ASPAS (Association pour la protection des animaux sauvages) qui ont lancé cette campagne. Mauvaise foi ou bêtise incommensurable, ou bien les deux, les représentants de cette association sousentendent que les modérateurs de son sont réellement des silencieux, or 110 décibels ne sont pas ce que l’on peut appeler du silence. Ils affirment aussi que ces accessoires auront leur place sur nos fusils et que les promeneurs se retrouveront au coeur d’une battue dans un silence de cathédrale et sans le savoir. Quand le bon sens est mis en sourdine…