Les canons Heurtier
L’autre grand nom de la canonnerie stéphanoise
Jean Breuil ou Heurtier… Les canons d’un fusil stéphanois ont neuf chances sur dix de porter l’une de ces deux signatures. Si Jean Breuil est une figure assez familière au grand public, les établissements Heurtier sont moins connus. Il est temps de leur rendre hommage et de lever un coin du voile sur leur histoire.
Heurtier… A l’énoncé de ce nom, les images affluent dans la tête de l’amateur averti. Des juxtaposés à la bascule droite et bronzée noir ou entaillée et vieil argent, des fusils aux lignes fines, aux canons d’un noir profond. Les amoureux des belles armes françaises, industrielles ou artisanales, sont habitués à lire ce nom sous la table des canons des fusils de chasse fabriqués à l’âge d’or de la production stéphanoise. Au panthéon de cette dernière, Heurtier voisine avec Jean Breuil, Fanget et surtout MerleyPouly, famille à laquelle Heurtier fut associé à la fin du XIXe siècle. Au tournant des XIX et XXe siècles, les sagas familiales ne sont pas rares dans le milieu de l’armurerie comme dans l’ensemble du monde industriel. L’activité armurière alors en pleine effervescence, boostée par des découvertes techniques et quelques mariages au sein de lignées de spécialistes, produit les plus beaux fleurons de l’armurerie française : Darne, Brun-Latrige, etc. Grâce à une belle étude universitaire, parue en 19981, l’histoire de la maison Heurtier est désormais bien connue, ainsi que les liens qui l’unissent à la famille Merley. Les fondateurs de la firme sont les frères Jean et Simon Heurtier, petits-fils du canonnier Martin Merley (1867-1939). La lignée remonte au XVIIIe siècle et forme un ensemble impressionnant, avec une trentaine de noms gravitant dans le monde de l’armurerie, autour de Saint-Étienne et de sa proche régi on. Le plus connu est Augustin Merley, déjà canonnier réputé quand il est nommé en 1782 premier « éprouveur des armes bourgeoises »