Beretta 695 : notre test
En mars dernier, Beretta dévoilait le 695, l’ultime rejeton de la gamme des 690 lancée en 2014 et son plus beau représentant, avec des bois sélectionnés et une gravure soignée. Nous avons soumis ce fusil à plusieurs parcours de chasse afin de savoir si so
Le 690 est apparu au cours de l’été 2014 et ddepuisi BBeretta a misi lles bouchées doubles pour faire de cette arme de chasse une gamme à part entière, en lançant à sa suite, presque chaque année, de nouvelles versions et déclinaisons. Il faut dire que le 690 devait constituer une version supérieure au 687 et remplacer le SV10 Perennia qui n’avait pas trouvé son public en dépit de qualités certaines. Sont apparus ainsi le 691, dont les bois sélectionnés apportaient un plus intéressant, puis le 693, avec sa gravure améliorée et ses bois plus beaux encore. Et, depuis mars dernier, le 695 constitue le haut de gamme de cette nouvelle famille de superposés techniquement et esthétiquement supérieurs aux 687 Silver Pigeon qu’ils devaient remplacer. A noter, le 692, la version tir et compétition dde cette arme, éétaiti sortiei ddeux ans avant le 690, c’est elle qui préfigurait la nouvelle gamme.
Une bascule large et basse
En 2014, le 690 Field III incarnait selon son fabricant « l’alliance entre la technologie moderne et le classi
cisme des lignes » : l’union des lignes Beretta et de plusieurs innovations technologiques imperceptibles à l’oeil nu. De nouveaux profils internes de canons, une crosse avec deux pentes au choix, des éjecteurs débrayables et d’autres petites choses qui mises bout à bout donnaient au 690 beaucoup de fraîcheur. Comme le 690 avant lui, le 695 reprend la bascule étoffée du 692. Cette bascule large et épaisse modifie l’équilibre de l’arme. Elle lui confèrefè un centre dde gravitéié médian, édi au niveau des tourillons de basculage, et de ce fait son comportement au tir est très agréable. L’arme ne saute pas et, une fois le fusil sur la trajectoire du gibier ou du plateau, les canons sont naturellement entraînés par inertie sans qu’il soit besoin de forcer son geste. Il faut dire aussi que notre arme d’essai possède des canons longs, de 76 cm, et pèse 3,360 kg. Ainsi configuré, ce fusil pourrait presque être qualifié de sporting, autrement dit de fusil universel aussi à l’aise au parcours de chasse qu’à la chasse proprement dite. La bascule reprend ce qui fait le charme des 690, à savoir la double relime des coquilles avec une découpe supplémentaire en vitrail.
A la façon d’un Woodward juxtaposé, les deux coquilles semblent prendre place dans des arches. L’ensemble est souligné d’un filet qui rejoint les platineaux de bascule et d’une belle gravure florale en semi-fond creux. Il y a beaucoup d’élégance dans cette découpe et cette ornementation, beaucoup d’originalité aussi. L’aileron de canon des Beretta joue le rôle de portée de recul. Il prend place dans une découpe de la bascule. Ici, comme sur le Perennia aujourd’hui disparu, cette découpe est arrondie, là encore c’est aussi élégant qu’original. Un superposé Beretta est forcément associé à une bascule basse. Ce 695 n’échappe pas à la règle avec son verrouillage traditionnel et haut qui permet de limiter la hauteur du faisceau des canons aux seuls deux tubesb superposés.é DDeux verrous tronconiques escamotables logés dans les tonnerres viennent, à la fermeture, prendre appui dans deux mortaises pratiquées entre les deux tubes, dans deux mortaises cylindriques. Ce verrouillage est solide, car situé entre les deux canons, bas, puisque aucun ajout de matière n’est nécessaire sous les canons, et doté d’un rattrapage de jeu naturel, du fait justement de la forme des verrous. Il équipe les fusils Beretta depuis des dizaines d’années, les possesseurs d’un S56 peuvent le confirmer, et il n’a jamais été pris en défaut. La bascule de notre 695 est entaillée, elle est revêtue d’une finition vieil argent. La quasi totalité de sa surface est ornée d’une gravure flo- rale composée de feuilles d’acanthe. Elle a été réalisée avec une machine laser à cinq axes qui apporte beaucoup de précision. Le résultat est là, magnifique. Les motifs ressortent dans un semi-fond creux réussi.
L’armement des canons
La détente est dérivée du 692. Elle est unique, inertielle et dotée d’un sélecteur. Pas de finition dorée mais un nickelage qui lui donne l’éclat qu’il faut sans être trop tape- àl’oeil. Pour changer l’ordre des canons, il faut agir sur un sélecteur placé comme à l’accoutumée sur le poussoir de sécurité. En déplaçant ce sélecteur vers la gauche ou la droitedroite, on modifie le choix du premier coup, clairement identifié grâce à la présence de deux petits points symbolisant les canons. Lorsque le poussoir est bloqué sur la gauche, il dévoile un point blanc en haut et un point rouge en bas, on repère sans mal que c’est le canon du bas qui est armé en premier. Quand on ramène le poussoir vers la droite, c’est l’inverse, le point rouge est en haut. Les canons, qui sont proposés en trois longueurs, 66, 71 et 76 cm, sont frettés. La frette monobloc comporte les éjecteurs à échappement, la découpe circulaire qui viendra prendre appui sur les tourillons de basculage. Ces découpes sont assez grandes, les tourillons de basculage étant de taille conséquente. L’origine sportive de ce fusil est ici bien visible, tant mieux, c’est un gage de longévitélongévité.
Les éjecteuéjecteurs du modèle 690 étaient débrayables, débrayable en un tour de main on pouvaitpouvai passer des éjecteurs à des extracteurs.extra C’est pratique au momenmoment de ramasser ses étuis, cela évite d’avoir à courir après ses cartouccartouches vides, mais fragile à l’usage. CCe n’est plus le cas ici, notre 695 est un fusil à éjecteurs non débraydébrayables.
Un acier haute technologie te
Les canoncanons du 695, comme ceux de la série des 690, sont particuliers.liers. Ils sontso réalisés dans un acier Excelsior, ttrès solide, à la résistance mécanique élevée. Cela ne suffisait pas, BerettaBerett a voulu aller plus loin encore dandans la performance. Il a pour cela eue recours à la technologiegie SteeliumSteeliu qui consiste à donner à la gerbe des canons une densité et une régrégularité accrues tout en générant moinsm de recul grâce à un léger suralésagesural – ce qui donne un alésage à 18,61 mm pour les calibres 12. Le tir ddes bourres grasses, qui se déforment moins que celles à jupe, ne posera ppas de problème. Le cône de raccordementraccord de la chambre de 76 mm à l’l’âme des canons est ainsi allongé. Il mesure ici 70 mm, sur le 692, le premier du genre, il mesurait 350 mm. LesL tubes sont éprouvés pour la billbille d’acier, il sera possible de tirer desde cartouches hautes performancesformances à l’épreuve supérieure, mais en ooptant pour les chokes les plus ouvertso : lisses, quart ou demi. Car, vous l’aurez compris, les canons se terminent par des chokes amoviblesamovibles. Ces derniers mesurent 5 cm et ssont au nombre de cinq, selon la déclinaisond habituelle, du lisse au pleinpl choke. La bande de visée est ventilée, elle est droite et striée et mesure 6 mm de large. Les bois dde ce fusil suffisent à le surclasserclasser dansda la gamme des 690. Ils sont magnifiques,magn Beretta évoque un grade 33, on peut considérer qu’il s’agit d’und’u noyer 3- 4 étoiles. Un noyer supsuperbe, d’une couleur et d’un veinagevein irréprochables, mais qui ne reçoitre pas la finition qu’il mérite. LaL finition mate est belle, mais c’estc’ le bouche- porage qui laisse à désirer, laissant des pores très visibles. Une couche de Tru-T Oil aurait pu ou dû y remremédier. Elle aurait certes apapporté un peu de brillance auaux bois, mais une touche de glamour nen saurait nuire à un fusil de ce niveaunive de prix et de qualité. Le modèle que nous avons reçu comportait une plaque de couche en caoutchouc noir, mais sachez que tous les 695 destinés au marché français seront dotés d’une belle plaque de couche en bois. Notre crosse pistolet à busc droit mesure 37,5 cm, un ovale en argent prend place sous la crosse pour y recevoir un symbole choisi par le futur propriétaire ou ses initiales. Le devant long et tulipé est quadrillé de façon conventionnelle avec une double pointe. Il se dépose avec un auget dont la pédale est argent tandis que la partie fixe est bronzée noir. Une teinte que l’on retrouve aussi sur le fer de devant qui, notez-le, est réalisé en alliage. Un bon point, cette crosse est disponible en deux hauteurs, deux pentes, une version 35/55 mm et une 38/60 mm. Elle est proposée également avec l’avantage à droite ou à gauche, pour une fois les gauchers n’ont pas été oubliés. Nous avons testé ce fusil au ball-trap de Gonesse, dans le Val- d’Oise, sous un franc soleil et par des températures estivales de 22 à 24 °C. Premier enseignement de notre essai, le fusil fonctionne parfaitement, rien n’est venu gêner le bon déroulement du test malgré la chaleur ambiante et générée par un rythme soutenu. La percussion du fusil est bonne, les départs sont doux et sans point d’accrochage. Le basculage des canons est conséquent, il est facile de charger le canon du bas, sans avoir à forcer sur l’ouverture comme cela arrive parfois avec les superposés. L’éjection est franche, simultanée et puissante. Les étuis montent véritablement droit vers le ciel. Si vous ramassez vos étuis comme il se doit, il vous faudra mettre la main au-dessus des chambres si vous ne voulez pas avoir à chercher 2 à 3 mètres derrière vous les étuis vides. Notre fusil dispose de canons de 76 cm, c’est parfait pour le stand de tir, mais ceux qui chassent dans des biotopes très denses opteront pour une des deux autres longueurs disponibles, 66 et 71 cm. Avec ces canons longs, l’épauler et le suivi des cibles est bon. L’arme est assez lourde et possède donc l’inertie qu’il faut pour tirer sans gestes parasites, sans mouvements de bras néfastes. On lance le fusil derrière la cible, on lui donne la vitesse suffisante et il suffit ensuite de contrôler la course
des canons avec l’inertie que leur apporte leur masse pour rattraper la cible, contrôler son swing et casser le plateau. Pas de doute, ce fusil-là se destine bien à la chasse en plaine et si possible aux battues, voire aux chasses des faisans et canards où l’on peut tirer assez loin. Malgré le rythme de notre essai et la chaleur, les canons ne chauffent pas exagérément. La bande ventilée est un accessoire utile dans ce genre de situation car elle limite l’effet mirage, même si cela ne suffit pas à le faire totalement disparaître. La forme de la poignée pistolet est bonne, la prise en main est agréable et surtout la main n’est pas crispée, la pression de l’index sur la queue de détente se fait naturellement, sans effort ou contorsion. Le long devant est un plus pour certains types de tirs qui obligent à modifier la prise en main en rapprochant ou en éloignant la main faible.
Un bon numéro
Ce fusil ne donnera aucun signe de faiblesse. Il fonctionne parfaitement, métronomiquement même. Il faut dire qu’il bénéficie des quatre années d’expérience des 690 Field et de deux années supplémentaires avec le 692, un fusil qui est soumis à rude épreuve sur les pas de tir du monde entier. A peine né, ce Beretta 695 est déjà une valeur sûre. Il ne vous laissera pas tomber et sa mécanique comme ses canons sont éprouvés. Il est robuste et fiable, élégant et raffiné également. Sur cet aspect aussi, le doute n’est pas permis, ce 695 est bien le plus joli de la gamme. Il est aussi le plus cher : 4 975 €. Mais c’est un Beretta industriel haut de gamme, la dernière marche avant les fusils plus artisanaux fabriqués à l’usine de Beretta Due et dont l’esprit est comparable à celui- ci. Bingo ! Le 695 est un bon numéro.