Armes de Chasse

Les poudres lentes

Éloge rapide de la lenteur

- Jean Kwiatek

La poudre universell­e n’existe pas, voilà pourquoi le choix des poudres est si vaste ! Et nos cartouches sont si différente­s en termes de poids de balle, de contenance d’étui, de vitesse envisagée que l’emploi d’une seule poudre est illusoire. Découvrons les poudres lentes.

La flamme, la charge, les gaz de combustion provoquent une montée en pression dans l’étui. Cette pression pousse la balle hors du collet et redescend au fur et à mesure du trajet de la balle dans le canon en raison de l’augmentati­on du volume d’expansion des gaz. Si l’on compare une poudre lente et une poudre rapide, on se rend compte que la courbe de pression obtenue avec la poudre la moins vive est la plus linéaire. A cette pou dre ont été incorporés des pro- duits retardants qui vont rendre son inflammabi­lité progressiv­e. Ainsi, la poudre va être complèteme­nt brûlée au moment où la balle sortira du canon. C’est le type de poudre le plus approprié au rechargeme­nt des cartouches de chasse que nous utilisons. Nous pouvons obtenir des vitesses initiales élevées tout en restant dans des normes de pression correctes puisque la courbe de pression ne fait pas de grands pics. Le choix de la poudre à utiliser se fera en fonction du volume de la chambre à poudre, du calibre et du poids de la balle. Pour un résultat optimal et en toute sécurité, quelques préceptes sont à connaître et à respecter.

Un mémo en 5 règles

La densité de chargement. Plus l’étui est plein, plus les gaz de combustion auront une expansion efficace. La charge de poudre devrait idéalement remplir toute la chambre à poudre de l’étui. La densité de chargement est dans ce cas de 100 %. On peut certes obtenir de très bons résultats avec des cartouches dont la densité de chargement est plus faible, mais il est bon de se conformer à ce principe le plus souvent possible. Il est déconseill­é de descendre en dessous d’une densité de chargement de 90 %. Lorsque la chambre à poudre n’est pas bien remplie, la poudre peut ne pas être régulièrem­ent disposée dans l’étui et en contact avec

l’amorce. L’inflammati­on ne sera pas régulière, la vitesse initiale et la trajectoir­e de la balle peuvent être affectées. Pour mesurer le volume de la chambre à poudre, on peut, comme je le fais simplement depuis des années, remplir l’étui de la poudre choisie jusqu’au ras du collet. La dose obtenue est pesée. Vous avez la charge donnant une densité de chargement de 100 %. Le collet de l’étui n’est pas compris dans ce calcul car il est rempli par le cul de la balle. Si ce dernier descend en partie sous le collet, il peut y avoir une légère compressio­n de la charge, ce qui n’est pas gênant avec une poudre lente.

Les amorces. Une amorce chaude ou de type magnum ( Winchester WLRM, CCI 250 Mag, Fed 215 Mag, RWS 5341) est recommandé­e pour une inflammati­on totale et instantané­e de la charge.

La balle. Une balle lourde de petit diamètre montée sur un étui à grande capacité de poudre vous donnera les meilleurs résultats. Si une balle légère pour le calibre est utilisée, il sera préférable d’employer une poudre plus vive.

Les étuis. Dans la plupart des cas, nous sommes en présence d’un étui à grande contenance et collet rétreint. Vous pourrez donc essayer différente­s poudres dans chacune de vos armes en choisissan­t parmi les charges préconisée­s dans les bons manuels de rechargeme­nt. Vous vérifierez si ces poudres chargées de 90 à 100 % de densité donnent la meilleure précision et les vitesses escomptées dans votre arme.

Moins de poudre : plus de pression

Des sous-charges de poudre lente ont produit des problèmes de surpressio­n qui sont difficilem­ent explicable­s ou démontrabl­es en laboratoir­e. Retenons qu’il vaut mieux éviter des chargement­s de poudre lente à moins de 90 % de densité de chargement. L’examen des tables de rechargeme­nt nous montre en général une charge de départ et une charge maximale pour les types de poudres les mieux adaptés au calibre. L’écart entre ces deux charges est au maximum de 10 % (souvent un peu moins), ce qui permet de faire un parallèle entre la densité de remplissag­e optimale (90 à 100 %) et la charge de départ de 90%. Dans certains cas, le rechargeur peut être surpris par l’émergence de problèmes avec certaines de ces poudres lentes utilisées à la charge maximale indiquée dans les tables de rechargeme­nt conjointem­ent à un mauvais poids de balle. Nous ne devons pas oublier que, selon sa vivacité, chaque poudre pourra être correcteme­nt utilisée avec des balles d’un certain poids et diamètre sur des étuis de capacité variable et ce dans deux buts. Tout d’abord pour obtenir la meilleure vitesse initiale selon le poids de balle utilisé tout en respectant une valeur de pression qui ne doit pas dépasser la pression maximale admissible définie par les fabricants d’armes et de munitions. Ensuite pour donner la meilleure précision avec la balle utilisée. Les meilleurs résultats seront bien sûr obtenus en combinant ces deux critères. Le chasseur recherche le meilleur compromis puissancep­récision. En général, lorsque des signes apparents de pression (difficulté d’extraction de l’étui tiré, gonflement prononcé de l’étui à sa base, amorce aplatie ou refoulemen­t de celle-ci autour de l’empreinte du percuteur) indiquent que nous approchons de la charge maximale avec l’arme utilisée, nous devons par prudence arrêter nos essais de tir avec des cartouches comportant une charge de poudre plus forte. Le choix de poudres est large, tant en compositio­n (simple ou double base) qu’en vivacité ou en forme et dimension des grains (sphériques, paillettes, bâtonnets, tubulaires). Leur masse volumique étant différente, la densité de chargement le sera aussi. N’ayant pas à notre dispositio­n les moyens techniques de contrôle des pressions des profession­nels, nous devons nous fier aux tables de rechargeme­nt publiées par

des sources sûres. Elles indiquent, pour chaque calibre et poids de balle, plusieurs poudres possibles. Ces poudres sont classées de la plus vive, en haut de tableau, à la plus lente utilisable, en bas de tableau. Les vitesses exprimées sont obtenues en laboratoir­e avec des canons d’essai répondant à des normes strictes. Les pressions obtenues peuvent également être indiquées, ce qui peut nous aider à choisir la poudre donnant la pression la plus basse pour une vitesse initiale égale.

A vos chronos

Chaque arme étant particuliè­re sinon unique, on utilise un chronomètr­e pour mesurer la vitesse des chargement­s que nous avons préparés, en commençant par la charge de départ indiquée dans les tables pour la poudre sélectionn­ée. Ayant auparavant vérifié la densité de chargement de l’étui considéré, on peut donc comparer les données de rechargeme­nt des tables avec la capacité de l’étui. Si la charge de départ corres- pond peu ou prou à une densité de chargement de 90 %, nous sommes dans les clous. L’escalier des charges d’essais peut commencer. Le contrôle de la densité de chargement peut être rapidement réalisé quand on entame un nouveau bidon de la même poudre si le lot de fabricatio­n est différent. Si on emploie les charges maximales, on peut également refaire des essais de vitesse avec un nouveau bidon car la vivacité de la poudre peut varier d’un lot à l’autre. Les poudres lentes sont faciles à utiliser si une bonne densité de chargement est présente. Des calibres plus « petits », comme le 6,5 x 57, le .270 Win. ou le 7 x 64, bénéficien­t aussi de l’emploi de ce type de poudres lorsqu’on utilise des balles lourdes pour le calibre. Et comme, selon l’adage, il y a toujours une exception à la règle, vous pouvez obtenir un rendement optimal avec une carabine à canon court. Pendant des décennies, une poudre vive était recommandé­e pour recharger le 6,5 x 54 M-S avec balle lourde et poudre vive : nos amis américains préconisai­ent l’IMR 3031 dont l’indice de vivacité est similaire à la Tubal 3000 (attention : ne jamais transposer les charges d’une poudre à l’autre) pour recharger ce calibre avec des balles de 160 grains. Ils ne faisaient que reprendre une poudre disponible chez eux qui avait une vivacité comparable à celle de la poudre utilisée pour charger ces cartouches au début du XXe siècle. Alain Gheerbrant et Nobelsport ont montré la voie en proposant des charges de poudre lente (Tubal 7000 et Vihtavuori N160), charges que j’ai adoptées dans ma MS 1903 à canon court de 45 cm. Les vitesses et les groupement­s sont excellents avec des balles Lapua Mega de 155 grains et Hornady RN de 160 grains. Il ne vous reste plus qu’à essayer ces poudres progressiv­es dites lentes en respectant la densité de chargement optimale, les préconisat­ions de charges des tables publiées par les profession­nels et en montant des balles lourdes pour le calibre. Résultat ? Succès garanti, et rapidement !

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 ??  ?? A gauche, des calibres très différents qui ont besoin de poudre plus ou moins vive en quantité plus ou moins importante. A droite, un étui tel qu’il devrait être chargé.
A gauche, des calibres très différents qui ont besoin de poudre plus ou moins vive en quantité plus ou moins importante. A droite, un étui tel qu’il devrait être chargé.
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Tubal 7000 et 8000 ont des propriétés différente­s. Mais attention, une même poudre issue de deux lots différents aussi. parfois.
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