Armes de Chasse

Tournée générale pour la Bar

Recharger une semi-auto en .30-06

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Recharger une semiautoma­tique en .30-06

« Pas simple de recharger une semi-auto ! », entend-on souvent. C’est vrai qu’une erreur de choix de poudre pour une telle arme se paye cash. Pour autant, la procédure n’est pas plus compliquée que pour une arme à verrou. Nous nous y sommes essayés avec une Bar.

La difficulté du rechargeme­nt d’une cartouche est toujours liée au mode de fonctionne­ment de l’arme dans laquelle vous allez la tirer. Avec une arme à verrou, à bloc tombant ou express, il n’y a pas de piège particulie­r, on choisit sa balle, le type et la charge de poudre ainsi que l’amorce en fonction du calibre et du type de chasse envisagé. Pour une semi-auto, il faut prendre en compte les paramètres particulie­rs entrant en jeu dans son fonctionne­ment, à commencer par le système de récupérati­on des gaz qui provoquera le cycle de déverrouil­lage, d’éjection de l’étui tiré et d’alimentati­on d’une nouvelle cartouche. Ce n’est pas aussi simple que de faire pivoter un verrou ou d’ouvrir un express pour extraire ou éjecter les étuis tirés.

Une carabine semi-automatiqu­e comporte un évent situé dans le canon par lequel s’engouffre une partie des gaz qui serviront à déverrouil­ler l’arme, reculer la culasse tout en réarmant le chien et enclencher le cycle d’alimentati­on d’une cartouche contenue dans le magasin ou le chargeur.

L’enrayage guette

Ce processus long à décrire se déroule en une fraction de seconde. Il permet de doubler ou tripler rapidement si on n’est pas sûr ou si on a loupé sa première balle. Les semi-automatiqu­es sont très répandues en battue pour cette raison. Les modèles actuels sont fiables si on respecte deux conditions fondamenta­les : un nettoyage régulier et complet du canon, de la chambre et du système de récupérati­on des gaz d’une part, des cartouches rechargées avec des composants adéquats d’autre part. Faute de quoi un enrayage ne manquera de se produire tôt ou tard, toujours au plus mauvais moment. Les cartouches du commerce fonctionne­nt désormais bien dans les

armes semi- automatiqu­es récentes ou actuelles. Evidemment, cette règle générale ne s’applique pas aux munitions rechargées. Le rechargeme­nt pour semi-auto fut longtemps le pré carré de tireurs employant des armes militaires d’une conception plus ou moins datée. Des cartouches rechargées pour un Springfiel­d Garand M1, un Gewehr 43 ou un Lungman AG 42 B devaient en tout point reproduire les cartouches d’origine au risque d’incidents plus ou moins graves – il n’est qu’à voir le nombre de tiges de manoeuvre de Garand M1 tordues et sorties de leur logement. La plupart des tables de rechargeme­nt du .30-06 étaient établies pour des armes à verrou et ne fournissai­ent pas le type de poudre à employer pour des semi-auto. Un choix plus ou moins hasardeux pouvait engendrer le pire, une poudre trop lente ou trop vive entraînant un pic de pression trop en avant ou en arrière de la prise, affectant le cycle de l’arme. Cette remarque ne s’applique pas à Hornady qui veille depuis longtemps à publier deux tables distinctes pour le .30-06 : une pour le tir dans une arme à verrou et une spécifique pour le tir dans un Garand M1.

Notre recette et ses résultats

Nos essais ont été faits avec une Browning Bar Mark III. Issue d’une longue lignée qui a vu le jour au milieu des années 1960, l’arme est la reine des battues françaises. Son canon court (53 cm) lui assure une grande maniabilit­é mais reste suffisamme­nt long pour obtenir un bon rendement de la cartouche de .30-06. Le modèle Reflex en notre possession, avec un point rouge monté très bas, offre un épaulé facile et rapide. Son magasin inamovible (merci à notre belle législatio­n) bascule selon un angle de 90 degrés, ce qui est suffisant pour ne pas transforme­r son chargement en calvaire pour nos doigts. Les commandes de verrouilla­ge de la culasse et du chargeur sont bien placées et leur manoeuvre est aisée. La prise en main est facile et rapide.

Cependant, pour ceux qui n’ont jamais utilisé ce type d’arme, la lecture du mode d’emploi reste importante pour faciliter son appropriat­ion.

Le calibre .30- 06 est bon à tout et mauvais à rien. Depuis sa libération en 2013, il caracole en tête des ventes et se trouve donc tout indiqué pour cet essai. J’ai choisi une cartouche toute roulée comme base de comparaiso­n avec mes rechargeme­nts, la Winchester Extreme Point à balle de 150 grains (9,7 g). Elle est donnée sur la table balistique figurant sur la boîte pour une vitesse à la bouche de 890 m/s. La longueur du canon d’essai étant vraisembla­blement plus longue que celle de notre Bar, je vais chercher à obtenir des rechargeme­nts d’une balle de même poids aux alentours de 800-820 m/s, vitesse qui d’ailleurs correspond à celle de la .30-06 tirée dans un Garand M1 dont le canon mesure 61 cm.

La balle choisie est une Sellier & Bellot SPCE de 150 grains, une bonne munition de chasse classique qui a fait ses preuves. Son prix est attractif et son rebord coupant sera mis à l’épreuve pour vérifier qu’il ne bute pas sur l’entrée de la chambre, empêchant un chambrage fluide de la cartouche. Une poudre de vivacité moyenne évitera tout incident d’alimentati­on.

Le tir des cartouches Winchester toutes roulées donne une vitesse à la bouche de 885 m/s, proche des 890 m/s annoncés. Les tirs de nos cartouches rechargées sont observés sous différents angles : fiabilité de l’alimentati­on, éjection et précision.

L’éjection des étuis tirés est molle en dessous de 47 grains. Elle devient aussi franche et puissante que celle des Winchester à partir de 48 grains (3,11 g). Cela tend à indiquer que l’on s’approche de la vérité. Côté précision, les groupement­s les plus serrés sont obtenus avec des charges comprises entre 48 et 49 grains (3,11 et 3,17 g). Il faudra toujours guetter les signes apparents de pression trop élevée : amorce aplatie ou percée, gonflement ou déformatio­n de l’étui.

Aucune des amorces tirées ne porte de trace de surpressio­n. L’étui des cartouches Winchester d’usine est un peu élargi vers sa base tandis que les étuis rechargés par votre serviteur ne portent pas de marque de gonflement. Cela m’incline à penser que le rechargeme­nt en TU 5000 pourra être porté sans encombre à 50 grains afin d’atteindre une vitesse initiale de 800 m/s. Cette charge n’est d’ailleurs pas au maximum de celles publiées par les poudriers.

La faible lumière ambiante et un point rouge trop gros et un peu baveux ne m’ont pas permis de juger de la précision de l’arme. Malgré ces mauvaises conditions, les balles d’usine et celles rechargées avec 47 à 49 grains de TU 5000 ne sortaient pas d’un cercle de 5 cm à 50 m. Ce n’est certes pas la précision que l’on attend d’une arme de gros calibre pour le tir sportif, mais c’est largement suffisant pour le tir en battue. La Bar Mark III semble très tolérante avec nos charges, qui vous donneront un fonctionne­ment parfait. D’autres carabines semi-automatiqu­es récentes produiront certaineme­nt les mêmes résultats. Nous n’avons plus à redouter les enrayages qui se produisaie­nt assez fréquemmen­t avec des modèles plus anciens.

Ces quelques données et observatio­ns devraient vous aider à sélectionn­er une balle et une charge de poudre adaptées à vos besoins et à votre arme. Vous le voyez, le rechargeme­nt pour un semiauto n’est pas compliqué, pour autant que vous sachiez être attentif à chaque détail de la procédure. Après quelques essais et réglages au stand, vous serez prêt pour la saison de battues.

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 ??  ?? La Bar de notre essai, un modèle Hunter bois Reflex, avec son petit point rouge Kite à mi-canon.
La Bar de notre essai, un modèle Hunter bois Reflex, avec son petit point rouge Kite à mi-canon.

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