Armes de Chasse

Sauer Apollon

La sobriété germanique et l’élégance italienne réunies sur un superposé Apollon ! Un tel nom pourrait annoncer une arme ornée de gravures foisonnant­es et d’incrustati­ons or. Rien de tel avec ce fusil. Cet Apollon ne manque ni d’élégance ni de charme, mai

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La sobriété germanique et l’élégance italienne réunies sur un superposé

Ala fin du XIXe siècle et au début du XXe, Sauer était un fabricant d’armes rayées, d’armes combinées et d’armes lisses, ce que l’on oublie souvent. De superbes fusils juxtaposés à platines sont nés sous ce célèbre label. Seulement, au fil du temps, ce sont les carabines à verrou qui ont fait la réputation du fabricant, à commencer par les 90 et 202 dont la notoriété demeure intacte aujourd’hui. Au fil du temps également, il y eut deux guerres mondiales et deux déménageme­nts. Sauer, entreprise fondée en 1751 à Suhl, dans l’est de l’Allemagne, a réussi à passer sous le rideau de fer avant que celui- ci ne devienne totalement hermétique pour s’installer à Eckernförd­e, en 1951. Il y a quelques années, après le rachat par le groupe Blaser de Michael Lüke et Thomas Ortmeier, la plus ancienne des manufactur­es d’armes allemandes a posé ses machines-outils en Bavière, à Isny, le berceau des armes Blaser. Depuis, Sauer a dévoilé les modèles 100, 101 et 404, proposé de nombreuses innovation­s en carbone, en polymère, à trou de pouce et finalement un fusil superposé baptisé Apollon, le modèle que nous vous proposons de découvrir.

Tout acier, tout noir, tout bronzé

Il est clair que Sauer ne dispose plus aujourd’hui des machines et de l’infrastruc­ture nécessaire­s pour réaliser ce type d’arme. C’est en se rapprochan­t d’un spécialist­e du superposé comme en compte l’Italie que la firme allemande a pu rendre possible la réalisatio­n de ce fusil. Son choix s’est porté sur la société Fausti Stefano. Mais, preuve de la rigueur et de la précision du cahier des charges établi par les dirigeants de Sauer, ce fusil ne ressemble en rien aux autres superposés fabriqués par Giovanna et Barbara Fausti, qui dirigent aujourd’hui l’entreprise créée par leur père.

L’origine italienne de ce fusil n’est guère visible que par ses poinçons, ceux du banc d’épreuve de Brescia. Pour le reste, il est très germanique, en dépit de son lieu de production. Il a la sobriété des armes allemandes, leur élégance toute de discrétion et de détails. Il est également tout acier, ce qui est devenu rare désormais. Une grande part de la réussite esthétique du fusil passe par ses pièces métallique­s intégralem­ent bronzées noir. Même la bascule est noire, sans fioritures ni gravures, hormis un Apollon réalisé au trait sur son dessous. Elle est ornée d’un simple filet qui court sur toute sa longueur et contourne l’arrondi du tourillon dans lequel pivotent les canons.

Les canons sont frettés. Ils mesurent 71 cm sur notre modèle d’essai, mais sont également disponible­s dans une longueur de 76 cm. L’arme est proposée en 12/ 76 mm et 20/ 76 mm, soit au total en quatre modèles. Nous aurions aimé tester le fusil avec des canons de 76 cm, en 12 ou en 20, mais des armuriers avaient fait la même

demande avant nous et le seul modèle encore disponible était le 12/76 mm à canons de 71 cm photograph­ié ici.

« Presque » quatre verrous

Les canons sont brasés à l’argent sur une frette bouchonnée qui porte les deux crochets et les éjecteurs. Ces crochets, massifs et bas, se situent sous la frette et, à la fermeture, un épais et massif verrou, bas lui aussi, vient les bloquer en place. C’est à peu de chose près la même fermeture que celle du B25 ou de la plupart des superposés italiens. Il n’y a pas de vraies surprises ici, il n’y a pas non plus de doute sur la fiabilité et la résistance de ce dispositif. Ce verrouilla­ge possède tout de même une petite particular­ité. Au milieu de chacun des deux flancs de la frette se trouve un usinage circulaire où une protubéran­ce, située à l’intérieur de la bascule, côté droit et côté gauche, va s’engager à la fermeture du fusil. Sans être un vrai quadruple verrouilla­ge, ce système va considérab­lement limiter la prise de jeu et rendre la fermeture à la fois plus rigide et plus solide.

Les tire- cartouches se situent sous les ailerons de canons, reliés à des éjecteurs à échappemen­t, un grand classique de l’armurerie italienne. Comme nous le verrons, ces éjecteurs sont particuliè­rement puissants et réguliers, ce qui est moins courant sur un système à échappemen­t.

Les tubes sont soudés entre eux à l’étain, avec des bandes intermédia­ires pleines. Une bande ventilée, droite et striée, de 7 mm de large, terminée par un guidon boule en laiton doré, assure une visée facile même avec un soleil rasant.

La jonction entre les canons et la frette a été ornée d’une gravure en guimpe qui alourdit un peu l’ensemble, c’est habituel mais c’est dommage. Les âmes des canons sont chromées, ce

qui garantit une moindre sensibilit­é aux intempérie­s et allège l’entretien. Enfin, ces tubes sont éprouvés bille d’acier, vous pourrez les emmener sans crainte au marais en ayant toutefois pris soin de visser des chokes ouverts (lisse, quart ou demi), puisque nos canons sont dotés de chokes amovibles internes et cinq rétreints et leur clé de démontage sont fournis avec l’arme.

Aux bonnes mesures des grands et forts

La crosse est de type pistolet boule. Elle est réalisée dans un bloc de noyer sans doute assez pauvre car il a été renforcé par des brûlures laser qui lui apportent artificiel­lement des veines noires et marron. C’est flatteur, même si cela dérange toujours mon petit côté traditiona­liste. Cette crosse mesure 36,5 cm, longueur à laquelle s’ajoutent la petite plaque de couche et son intercalai­re noir, soit 1 cm. Ces dimensions initiales conséquent­es sont une bonne nouvelle pour les chasseurs les plus grands qui pourront, sans dénaturer la silhouette de l’arme, arriver à une longueur de 39, voire 39,5 cm en ajoutant simplement une plaque de couche plus épaisse. La pente est classique, de 36 et 55 mm, et l’avantage à droite de 3 mm. Le fusil possède un pitch de 20 mm : en plaçant l’arme debout sur sa plaque de couche, les canons forment un angle fermé par rapport au sol. Ce pitch dit « rentrant » permet de compenser la poitrine un peu large des tireurs les plus costauds et de garder les canons à l’horizontal­e au moment du tir. Il peut a contrario faire tirer un peu trop bas les plus filiformes. Le quadrillag­e de la crosse est en forme de croissant et a sans doute été réalisé au laser, tout comme le quadrillag­e du devant à auget. A mon peu de goût pour ce procédé s’ajoute ma réserve sur la finition des bois, matte et un peu triste. Ils auraient mérité un meilleur bouche- porage ainsi qu’un huilage plus soutenu et plus brillant, surtout pour un fusil d’une valeur de 2 400 €.

Une force tranquille

Il est temps d’emmener ce fusil sur l’un de ses deux terrains de jeu : le stand de tir. C’est au parcours de chasse de Gonesse (95) que l’Apollon va tirer ses premières cartouches. Pour cet essai, j’utiliserai des 24 et des 28 g en calibre 12/70 à plombs de 71/ 2. Je fais quelques tests à vide pour me familiaris­er avec la monodétent­e à inertie. Les départs sont bons et nets, ni trop lourds ni trop légers. Ils sont en outre réglables de 1,8 à 2,2 kg au moyen d’une petite vis logée juste derrière la racine de la queue de détente. Celle-ci est positionné­e très en arrière dans le large pontet rond, ce qui est une très bonne chose, beaucoup de place est laissée à l’index même quand on porte des gants. Je note que le pontet est tout acier lui aussi, comme la détente bronzée noir.

Je chambre les premières cartouches et m’aperçois qu’il faut forcer un peu pour chambrer le coup du bas. L’angle de basculage est insuffisan­t,

il faudra systématiq­uement pousser sur les canons pour charger les deux cartouches. Le fusil se referme par contre avec douceur et moelleux. Comme je débute par un rentrant, je veux tirer le second coup, le plus choké, en premier. J’agis sur le sélecteur de tir, logé sur le poussoir de sécurité. Il est accessible et se déplace sans problème. Le fusil est prêt, le plateau arrive et sera cassé à deux reprises. L’enchaîneme­nt des tirs est bon, facilité par la grande douceur de la détente. A l’ouverture, les étuis sont éjectés ensemble et loin, ce qui est rare avec un système à échappemen­t. Les essais se poursuiven­t sur le même rythme avec une bonne réussite, ce fusil me convient.

L’angle de basculage restera ma seule réserve, je n’ai aucune critique à adresser à ce fusil au terme de deux parcours de chasse. Il fonctionne bien, il est équilibré, doux et agréable à utiliser. Sa balance fait oublier son poids supérieur à 3,3 kg, ce qui est en fait un avantage pour ce genre d’essais. Au final, cet Apollon n’est ni le plus grand ni le plus beau des fusils de chasse que nous avons testés, mais il dégage une force tranquille, une élégance qui rappellent certains grands superposés à bascule noire !

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 ??  ?? L’angle de basculage est juste, il faut pousser un peu sur les canons pour pouvoir glisser la cartouche du bas.
L’angle de basculage est juste, il faut pousser un peu sur les canons pour pouvoir glisser la cartouche du bas.
 ??  ?? La bascule noire très sobre donne charme et élégance à ce fusil, qui se démarque des nouveaux superposés actuels.
La bascule noire très sobre donne charme et élégance à ce fusil, qui se démarque des nouveaux superposés actuels.
 ??  ?? L’éjection est simultanée et assez puissante, ce n’est pas le cas de tous les modèles à échappemen­t.
L’éjection est simultanée et assez puissante, ce n’est pas le cas de tous les modèles à échappemen­t.
 ??  ?? Ce fusil dispose de chokes amovibles et est livré avec les cinq rétreints habituels.
Ce fusil dispose de chokes amovibles et est livré avec les cinq rétreints habituels.
 ??  ?? La montée à l’épaule est vive et aisée, ce fusil est des plus agréables sur le terrain.
La montée à l’épaule est vive et aisée, ce fusil est des plus agréables sur le terrain.
 ??  ?? Le sélecteur de tir est logé sur le poussoir de sécurité, du classique.
Le sélecteur de tir est logé sur le poussoir de sécurité, du classique.
 ??  ?? Deux calibres et deux longueurs de canons sont proposés pour l’Apollon.
Deux calibres et deux longueurs de canons sont proposés pour l’Apollon.
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