Battues de haut vol
Plombs doux ou plombs durs ?
Plombs doux ou plombs durs ?
Pour chasser en battue de faisans et tirer des oiseaux passant à plus de 30 ou 35 mètres, quelles cartouches mais surtout quel type de plombs choisir ? En guise de réponse, nous partageons avec vous une conversation entre deux membres de la rédaction. La question d’un ami de notre collaborateur
Il y a quelques jours, un excellent ami, grand fusil exerçant son art depuis longtemps et avec régularité, me téléphonait pour m’annoncer qu’il partait sous peu à l’étranger pour des chasses en battue aux faisans. Il s’attendait à beaucoup d’oiseaux de très haut vol. Le connaissant bien, je savais qu’il n’exagérait rien dans les distances annoncées. J’avoue que j’ai été à la fois surpris et flatté quand il m’a demandé ce que je lui conseillais d’emporter comme cartouches pour ces tirs en limite de portée. Du plomb normal ou du nickelé ?
La réponse me semblait a priori facile, mais étant donné le connaisseur auquel j’avais affaire, j’ai préféré me replonger dans une lecture rapide des auteurs de référence. Une fois ces vérifications d’usage effectuées, je rappelais mon ami et lui disais en substance ceci : « En gros, à quelques nuances près, tous les auteurs sont d’accord pour recommander des charges de 35 ou 36 g, des bourres à jupe et du plomb n° 4 nickelé ou cuivré. Le plomb normal est trop mou et se déforme, ce qui affecte la régularité des gerbes, tout comme la pénétration. »
Ces conclusions reposaient sur une multitude de tests et d’analyses, je ne prenais pas beaucoup de risques par mes conseils.
Deux jours plus tard, nouveau coup de téléphone de mon ami. Voulant se faire une opinion définitive avant de partir, il me dit avoir profité d’une grande battue pour comparer l’effet de cartouches de plombs normaux et celles de plombs nickelés. Il n’a pas noté de différence jusqu’à 35 m, mais au-delà le plomb standard lui est apparu tuer plus proprement. Selon son expression, les faisans sont « mieux croqués » . Avec le nickelé, ils ont tendance à poursuivre un peu leur vol avant de tomber. Il ajoute que cette observation correspond à ce qu’il a toujours constaté au fil de ses différentes expériences et cela en ayant essayé plusieurs marques de cartouches. Il ne conteste pas que la pénétration est plus importante avec le plomb nickelé, mais avec la contrepartie que les oiseaux sont moins bien « séchés » en haut vol. Il ajoute que le plomb classique utilisé est sans doute également durci et graphité.
Ces observations contredisent donc les études ! Mais on sait qu’entre le laboratoire, le pas de tir et la réalité à la chasse, il peut y avoir des différences que l’on ne constate sans doute
La réponse de notre expert « ès cartouches » !
Un des paramètres dans le choix d’une cartouche n’a pas été évoqué par votre ami : la charge de plombs. Sans doute parce qu’il connaît la réponse depuis longtemps. Précisons toutefois de quoi il retourne pour nos lecteurs. De prime abord, on pourrait être tenté de conseiller, pour le confort et pour des tirs nombreux, une charge plus légère qui est également plus rapide. Il serait facile de conclure qu’une charge
plus rapide signifie moins d’avance à apporter, une visée plus facile et un recul moins violent. Seulement, pour des tirs très lointains, au-delà de trente ou trente-cinq vrais mètres, il ne faut pas descendre en dessous de 34 g pour le calibre 12. La raison en est simple, il faut augmenter le nombre d’atteintes potentielles pour tuer net le gibier. Voilà pourquoi les 34 g et surtout les 36 g sont unanimement prisées.
Pour ce qui est du choix du type de plomb, entre celui dit standard – mais en effet quand même durci avec 3 % d’antimoine – et le nickelé, votre ami est là encore dans le vrai. Le plomb durci a l’avantage de posséder une ductilité importante qui lui permet une pénétration suffisante mais aussi une déformation qui va augmenter sa létalité. Cette déformation n’a pas lieu avec le plomb nickelé qui, comme le décrit votre ami, va traverser le gibier quasi systématiquement. Même chose pour le plomb cuivré. Un plomb rendu trop dur, que ce soit par la proportion d’antimoine ou par un traitement de surface, perd de cette capacité à se déformer. Tout comme une balle blindée ou les billes d’acier, il traverse le gibier sans le foudroyer.
C’est toujours une histoire de compromis entre vitesse, nombre d’atteintes et ductilité et donc diamètre des projectiles qui fera que la cartouche sera adaptée au type de chasse. Pour une cartouche de premier coup et un tir à moyenne distance, les petites charges avec des vitesses moyennes sont à privilégier. En revanche, pour tirer loin et pour les battues de haut vol, des plombs moins durs et des charges un peu plus importantes sont requis. Pour faire simple, et au risque de vous surprendre, il faut choisir une bonne cartouche mais chargée avec du plomb standard ou classique, parfois le moins cher. La seule règle indiscutable est de faire des essais avec différentes marques et catégories de cartouches afin de sélectionner celle qui donnera les meilleurs résultats dans son fusil, en termes de groupement et de pénétration à la distance désirée. Ensuite, on n’en change plus !