Plastique et sans plomb Les encartou cheurs se révoltent !
Partout en Europe, la question du plomb et du plastique dans nos cartouches fait actuellement débat.
Alors que la plupart des Etats semblent résignés à la fin du plomb à assez brève échéance, sans doute à l’horizon
2024 (lire ci-contre), étonnamment, c’est uniquement dans un pays où le flegme s’érige en art de vivre que les fabricants de cartouches ont osé s’opposer à ces mesures. Puisque, Brexit ou pas, le Royaume-Uni est également touché par ces interdictions à venir. Le 24 février dernier, la Basc (British Association for Shooting and Conservation) et d’autres associations partenaires signifiaient leur souhait de voir interdit, dans les cinq ans à venir, l’usage du plomb et du plastique dans les cartouches de chasse et de ball-trap. Quatre jours plus tard, les principaux encartoucheurs de Grande-Bretagne (Eley, Gamebore, Hull et Lyalvale Express) cosignaient sur leurs sites Internet respectifs une lettre ouverte dans laquelle ils font front commun contre la décision de la Basc. Ils y expriment leur regret de ne pas avoir été consultés par la Basc et ses partenaires avant la publication de cette annonce et du fait que de nombreuses données
n’ont pas été prises en compte. Selon eux, « l’Europe connaît actuellement une pénurie de grenaille d’acier. Le passage du plomb à l’acier créera de nouvelles pénuries à court terme et fera grimper les prix au moment même où les fabricants doivent investir pour augmenter leur capacité de production
de billes d’acier ». Ils ajoutent que le cas des États-Unis ou du Danemark posé en exemple par la Basc n’est pas probant puisque, dans ces pays, les cartouches de substitution sont chargées selon des normes bien supérieures à celles de la CIP. De telles cartouches seraient interdites au Royaume-Uni comme en Europe. Il est impossible pour les encartoucheurs britanniques, comme européens, d’utiliser les mêmes charges, d’autant que, pour parvenir à des performances élevées, elles sont combinées à des bourres plastique qui seront elles aussi prochainement interdites. Les cartouches réalisées selon ce nouveau cahier des charges et en respectant les normes CIP seraient très peu létales selon les quatre fabricants.
Ils demandent par conséquent que soit décidée « une augmentation des
performances autorisées », préalable à tout développement de cartouches qui soient à la fois efficaces et respectueuses des nouvelles normes.
Ils reconnaissent que « de nombreuses options de munitions sans plomb avec des bourres biodégradables existent actuellement sur le marché, mais qu’elles sont à ce stade impossibles à rendre commercialement viables. Nous ne pouvons pas effectuer un basculement complet vers ces produits dans un délai de cinq ans sans un investissement substantiel dans l’industrie. » « La Basc et ses partenaires ne connaissent pas les processus de fabrication impliqués et ne sont donc pas en mesure de déterminer le délai nécessaire pour faire évoluer cette industrie » , ajoutent les quatre fabricants, qui rappellent que le tungstène et le bismuth sont très peu disponibles
et bien plus coûteux à produire que l’acier. Le processus entraînera une augmentation énorme des coûts, au risque de perdre de nombreux tireurs et chasseurs. Les signataires de cette lettre ouverte conviennent que « l’industrie doit évoluer pour devenir plus respectueuse de l’environnement » , mais plaident pour l’entrée en vigueur d’une seule suppression à la fois, le plastique ou le plomb, pas les deux en même temps.
Et de conclure qu’il faudra « beaucoup de temps avant qu’une gamme complète d’options soit disponible pour les tireurs. Nous continuerons à encourager l’utilisation de grenaille d’acier là où cela est nécessaire, mais à ce stade précoce, nous n’avons pas d’autre option que de plaider pour l’utilisation de plomb avec des bourres en fibre comme solution au problème de la pollution plastique. »