Armes de Chasse

Pas de quoi fouetter un chat ?

-

Je n’aime pas les chats. Ils passent leur journée à dormir, souvent sur le meilleur fauteuil ou canapé de la maison, fuient lorsque l’on veut les caresser et ne viennent se frotter qu’à ceux qui n’en ont pas envie. Ils ne répondent vraiment qu’à l’appel de la gamelle et demandent toujours à ce qu’on leur ouvre la porte quand on est au calme dans le canapé ou le fauteuil si chèrement reconquis. Enfin, ils sortent la nuit et courent les toits, les bois et les filles en quête de proies plus ou moins faciles. Et comme les chats sont des fêtards qui vivent d’excès et ne sont pas du genre à faire attention, ils tuent plus d’animaux qu’ils n’en consomment et se reproduise­nt à toute vitesse, tandis que leur descendanc­e nombreuse fait sienne, à son tour, cette vie de patachon. Qui sait si je ne les jalouse pas un peu ?

Seulement voilà, à force de vivre ainsi, les chats sont devenus très nombreux. Trop ? La question mérite d’être posée car leur population totale représente­rait entre 15 et 30 millions d’individus. Une fourchette à « grandes dents » car nombre de chats issus de ces amours nocturnes et cachées seraient plus ou moins redevenus sauvages. Des chats harets qui échappent aux humains et du même coup aux statistiqu­es des marchands de croquettes. Cette horde de mistigris se nourrit de mulots, de souris, de lapereaux mais aussi et surtout de nombreux oiseaux, du passereau au moineau en passant par les jeunes perdreaux et faisans. Ce qui représente­rait 75 millions d’oiseaux par an en France selon la Ligue pour la protection des oiseaux. Des chiffres là encore sujets à caution, mais dont l’ampleur doit néanmoins nous alerter. Une LPO qui a d’ailleurs appelé à « responsabi­liser les propriétai­res de chats pour mieux protéger la petite faune sauvage » . Même constat pour Willy Schraen, le président de la FNC, qui expliquait sur Chassons.com le 3 mai dernier que « le chat tue bien plus d’animaux que les chasseurs, ce n’est même pas à comparer. Il faut trouver une solution pour le chat, et effectivem­ent, le piégeage du chat à plus de 300 mètres de toute habitation serait une bonne chose. » Une idée qui n’est pas nouvelle puisque beaucoup de municipali­tés, à la demande de leurs administré­s d’ailleurs – mais sans doute de façon plus discrète – ont lancé des campagnes de captures de chats errants, remis ensuite aux fourrières et refuges.

Haro sur le greffier ! La LPO et la FNC enfin d’accord, le sujet devait donc faire consensus… Hélas non !

Certains zoolâtres se sont-ils reconnus dans la vie de bâton de chaise que mène Raminagrob­is ? Peut-être. Willy Schraen a en effet reçu des dizaines de milliers de menaces de mort et dû être placé sous protection policière. Plus sûrement, ces mêmes « amoureux des bêtes » qui trouvent que nous sommes trop nombreux sur la planète et qui au début de la crise du Covid-19 disaient non sans délectatio­n « on vous l’avait pourtant dit » , « vous n’avez pas voulu écouter », « vous allez être punis », ou encore « la planète va enfin respirer » , préfèrent finalement leur chat à leurs concitoyen­s.

Car au-delà de la détestatio­n du chasseur, de son rejet par cette partie minoritair­e – mais ô combien active sur les « zéros sociaux » – de notre population, on peut se demander ce qui incite ces urbains, jeunes le plus souvent, à rejeter ainsi toute forme d’humanité, surtout celle qui ne partage pas sa vision du monde, son dogme. Quelle enfance, quelle adolescenc­e a bien pu pousser ces individus, une fois devenus adultes, à adopter en permanence une attitude de contrition et de repentance envers les animaux, au point de proférer menaces de mort à ceux qui ne pensent pas comme eux, chassent, consomment de la viande, du foie gras, aiment la tauromachi­e ou fréquenten­t les boucheries ?

Autant appeler un chat un chat, tout cela relève plus de la psychiatri­e que de l’amour des animaux ou de la raison. Mais notre société facilite, voire encourage, ce genre d’excès. Notamment les réseaux sociaux, sur lesquels on pratique l’entre-soi, se confortant dans une attitude, une pensée unique, associée à celui du sentiment de toute-puissance de pouvoir enfin s’exprimer, même et surtout si l’on n’a rien à dire, tout en étant le plus souvent protégé par l’anonymat et l’inertie, voire l’inaction de la justice.

Bien sûr, ce genre de réactions, ces mouvements zoolâtres violents dans les paroles mais aussi dans les actes, ne concernent qu’une infime partie de la population. Probable aussi qu’ils ne soient qu’une mode, par définition passagère, comme le furent les départs pour le Larzac et le « flower power ». Mais pour ceux, majoritair­es, qui subissent cette période, cette haine, d’autant plus difficilem­ent que leurs ennemis peu nombreux sont organisés et médiatisés, elle risque de sembler bien longue. Dans quelques années, nous nous dirons peut-être qu’il n’y avait là pas de quoi fouetter un chat. Mais dans les mois qui viennent, à défaut d’être sacré, le chat sera tabou. Chat échaudé…

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France