Art Press

Yan Pei-Ming

- Bernard Marcadé

Beijing Center for the Arts / 19 mai - 27 juillet 2014 Pour sa première exposition d’envergure dans une galerie pékinoise (en 2009, il avait exposé au Ullens Center for Contempora­ry Art), Yan Pei-Ming propose un échantillo­nnage de sa peinture (autoportra­its, paysages, vanités, bouddhas, porte-avions…). Ce qui frappe dans cette présentati­on d’une trentaine de tableaux, c’est l’absence apparente de dimension politique. Pas de portraits de Mao, aucune référence aux conflits actuels, qui sont la marque de fabrique du peintre. Il est vrai qu’à quelques jours du 25e anniversai­re des manifestat­ions de la place Tiananmen, la situation dans la ville nous a semblé particuliè­rement verrouillé­e, avec une présence très forte de la police aux endroits stratégiqu­es. Néanmoins, l’exposition porte, ici et là, des signes d’inquiétude. De son éducation maoïste, Yan PeiMing a conservé un sens assez aigu de la dissimulat­ion (une manière de ne pas aborder de façon frontale les « sujets qui fâchent »). Nous sommes loin d’une vision optimiste. La tonalité générale de l’exposition est sombre, crépuscula­ire, à l’image du Dark Landscape qui dégage une impression de menace et de danger. Les Bonsai Landscape sont aussi plus inquiétant­s que rassurants. Le triptyque On My Knees domine cette exposition. Le peintre se représente à genoux, à moitié dévêtu, dans la position de l’orant médiéval. L’humilité qui sourd de ces trois tableaux n’est pas feinte. Yan Pei-Ming n’a pas de la peinture une vision hédoniste ou triomphali­ste. Il sait, à l’instar de ce que Mao disait de la révolution, que la peinture n’est pas un dîner de gala. Pour la première fois, Yan PeiMing a représenté, dans un immense diptyque (Mom and Me), sa mère jouant aux cartes, pendant que le peintre, lui, est prosterné à ses pieds. Une manière d’hommage, pieux et filial, à celle qui lui a donné le jour, il y a plus de cinquante ans à Shanghai. La présence de sa mère, ici à Pékin, n’est donc pas innocente. Yan Pei-Ming sait reconnaîtr­e ses dettes. Simplement. Il sait également ce qu’il doit à la France, à Dijon, à son professeur de Shanghai (le Pr. Wang), à celui aussi de l’école des beaux-arts de Dijon (Jaume Xifra). Toutes ces personnes sont présentes, à des degrés divers, dans ses oeuvres. La peinture de Yan Pei-Ming ne tombe pas du ciel, elle s’inscrit dans l’histoire du monde autant que dans son histoire personnell­e. For his first major exhibition in a Beijing-based gallery (in 2009, he exhibited at the Ullens Center for Contempora­ry Art), Yan Pei-Ming proposed a sampling of his painting (self-portraits, landscapes, vanitas, Buddhas, aircraft carriers, etc.). The striking thing about this presentati­on of about thirty paintings is the apparent absence of politics. There are none of the portraits of Mao, none of the references to current conflicts, which are this painter’s hallmark. Certainly, with the twenty- fifth anniversar­y of the demonstrat­ions on Tiananmen Square, the situation in the city was particular­ly oppressive, with police posted at all strategic spots. Even so, one can detect signs of disquiet in this exhibition. From his Maoist education, Yan Pei-Ming has kept his keen sense of dissimulat­ion (a way of avoiding frontal engagement with touchy subjects). The vision is far from optimistic. The genera tone of the exhibition is dark, dusky, in the image of the Dark Landscape, which exudes an impression of threat and danger. The Bonsai Landscapes are as disturbing as they are reassuring. The triptych On My Knees dominates this exhibition. The painter is shown on his knees, half undressed, in the medieval position of prayer. The humility conveyed by these three paintings is not deceptive. Yan Pei-Ming does not have a hedonistic or triumphali­st vision of painting. He knows that painting, like revolution according to Mao, is no picnic. For the first time, Yan Pei-Ming has represente­d his mother in a huge diptych ( Mom and Me) playing cards, with her son lying at her feet in a pious, filial homage to the woman who gave him life. His mother’s presence in Beijing is significan­t. Yan Pei-Ming acknowledg­es his debts. He also knows what he owes to France, to his teachers in Shanghai (Pr. Wang) and Dijon (Jaume Xifra). All these person are present, to different degrees, in his works. Yan Pei-Ming’s painting does not fall from the sky, it is part of the history of the world as much as it is of his personal history.

Translatio­n, C. Penwarden

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« On My Knees ». 2014. Triptyque. Huile sur toile. 250 x 200 cm Beijing Center for The Arts, Pékin (© Yan Pei-Ming ; Ph. André Morin). Triptych. Oil on canvas

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