Design Parade
Villa Noailles / 4 juillet - 28 septembre 2014 La Villa Noailles n’a cessé de se développer, au cours des dernières années, sous la dynamique direction de Jean-Pierre Blanc qui est aussi l’inventeur du lieu tel qu’il existe actuellement. Pour la 9e édition de Design Parade, le programme est à nouveau foisonnant. L’une des expositions les plus réussies est celle qui a été confiée à Marie-Claude Beaud, directrice du Nouveau Musée national de Monaco: elle a invité Konstantin Grcic, qui a luimême invité neuf de ses anciens collaborateurs. Chaque année, une personnalité du monde de l’art est choisie pour rassembler en une exposition autant d’artistes que le festival compte d’anniversaires. La scénographie de Nitzan Cohen et les affiches de Maria Jeglinska donnent à l’ensemble l’allure d’un très élégant « fatras » qui rappelle le recueil de Jacques Prévert justement consultable sur une table à l’entrée. L’exposition des jeunes designers en compétition offre des découvertes dans des registres variés, du design industriel à des recherches plus expérimentales comme celles de Malak Mebkhout qui associe des mots qu’elle transforme en collages puis en objets. Rosa Couto Rosado a remporté le Grand Prix en faisant vibrer des cristaux comme des instruments de musique. Thibaud Penven a gagné celui du public pour un bateau pliable, surprenant écho à une photographie, visible dans la collection permanente, du bateau de la mission Dakar-Djibouti que les Noailles avaient soutenue en 1931. Scholten& Baijings, présidents du jury, occupent la piscine avec une large présentation de leur travail – on peut toutefois regretter qu’ils aient transformé ce lieu spectaculaire en white cube. Les anciens lauréats ont installé tout autour de la terrasse le fruit des résidences qui leur ont été offertes cette année au Cirva et à la manufacture de Sèvres (certains travaux ne semblent pas tout à fait aboutis, peut-être faute pour les artistes d’avoir eu assez de temps pour s’approprier les techniques du verre et de la céramique). Le parcours se conclut par la Capsule du design qui présente des vases créés à Sèvres. Il pourrait être intéressant à l’avenir, et dans la mesure du possible, de penser ces différentes propositions plus en lien les unes avec les autres. À travers l’accrochage qu’ils ont conçu dans les appartements des Noailles, Stéphane Boudin-Lestienne et Alexandre Mare évoquent l’esprit des lieux loin de toute reconstitution, à travers des associations de pièces anciennes et contemporaines. En plus d’une série de dépôts et de prêts, notamment une étonnante roue allemande ayant appartenu à Charles de Noailles, ils montrent, avec le scénographe David des Moutis, une dizaine d’années d’acquisitions installées sur une structure de bois ; ce dispositif laisse entrevoir leur principe de travail selon lequel ils confrontent oeuvres et documents. Enfin, à quelques pas de la villa, un petit bâtiment néo-roman, le château SaintPierre, vient d’être remarquablement réhabilité par Patrick Bouchain, avec Constance Guisset et Antoine Boudin. Le lieu servira d’atelier de prototypage de mode pour les résidents de la Villa. Un cube fait de bois, de verre et de cannes de Provence a été glissé à l’intérieur du bâtiment consolidé. Il était autrefois habité par Tony Gandarillas, diplomate chilien, ami de Charles de Noailles et de Jean Cocteau. The Villa Noailles has been blossoming the last few years under the dynamic direction of JeanPierre Blanc, the inventor of the venue in its present incarnation, with a bumper crop for the ninth annual Design Parade this year. One of the most successful of its exhibitions was initiated by MarieClaude Beaud, director of Monaco’s Nouveau Musée National. She invited Konstantin Grcic, who in turn invited nine of his former associates. Each year an art world personality is selected to bring together, in one exhibition, as many artists as the festival has birthdays. Nitzan Cohen’s exhibition design and the posters of Maria Jeglinska gave the ensemble the look of a very elegant garage sale, as if inventoried by one of Jacques Prévert’s famous lists, a copy of which was available for consultation on a table at the entrance. The exhibition of competition entries by young designers offered the opportunity to make all kinds of discoveries in genres ranging from industrial design to more experimental projects—Malak Mebkhout, for example, assembles words into collages and then transforms them into objects. Rosa Couto Rosado was awarded the grand prize for her crystals that vibrate like musical instruments. The public prize went to Thibaud Penven for his folding boat, a surprising echo of a photo in the permanent collection of the boat used for the DakarDjibouti mission that Charles and Mairie-Laure de Noailles sponsored in 1931. The designers Scholten and Baijings, who also led the jury, situated a large arrangement of their work in the building’s swimming pool; regardless of its merits, it was a bit disappointing to see this spectacular site transformed into a white cube. The terrace was surrounded by work that winners from previous years produced during residences this year at the CIVRA and Sèvres glass and ceramic centers respectively (some pieces seemed unfinished, perhaps because the artists didn’t have enough time to fully master the techniques taught there). The Parade ended with a “Design Capsule” presenting vases made at Sèvres. It might be interesting, in the future, if there were more of a common thread linking the various pieces. In their installation layout running through the villa’s apartments, Stéphane Boudin-Lestienne and Alexandre Mare were able to evoke its past without seeking to produce a reconstitution. Instead they associated historic pieces with contemporary design work. The items on deposit and loan from elsewhere included a stunning German wheel that once belonged to Charles de Noailles. David des Moutis designed a wooden structure to highlight the Vila’s last decade of acquisitions and allow visitors to compare the pieces and their documentation to understand how they were made. The château Saint-Pierre, a small neo-Romanesque building near the villa, was once the home of Tony Gandarillas, a Chilean diplomat and friend of Charles de Noailles and Jean Cocteau. It was remarkably rehabilitated recently by Patrick Bouchain, with Constance Guisset and Antoine Boudin, to house a workshop where artists in residence at the villa can make design and fashion prototypes. The new interior of the consolidated ruins is a cube made of wood, glass and Provençal cane.
Translation, L-S Torgoff