Joël Ducorroy
Espace d’art contemporain André Malraux / 5 juillet - 5 octobre 2014 Réunissant des oeuvres produites entre 1980 et 2013, cette présentation de type rétrospectif donne « comme un aperçu » (titre de l’exposition) d’une pratique atypique mêlant langage, couleur et forme. S’il faut lui attribuer une étiquette, Joël Ducorroy peut être qualifié de « plaquetitien néo-conceptuel ». Suite à une rencontre en 1980 avec l’auteur compositeur Serge Gainsbourg d’une part, puis avec un atelier de fabrication de plaques minéralogiques d’autre part, l’artiste décide d’allier les mots aux plaques métalliques. Il utilise un lexique générique où le mot fait appel à une image. Le langage est efficace, il n’y a pas de mystère, tout est écrit. Ce dispositif systématique lui permet de composer des images mentales à partir de mots-motifs. Il fait ainsi appel à l’imaginaire du regardeur, qui, en fonction de ses références et de son expérience, va créer sa propre image, unique et personnelle. Sur six plaques rouges est inscrite la phrase : « Tableau acheté dans une galerie d’art moderne. » Les mots appellent une oeuvre, celle de notre choix. De même, l’oeuvre intitulée l’Exposition (1989-1990) est formée d’un large ensemble de plaques où fourmillent les références : Composition verte, Montype, Sans titre, Visage, Petit Paysage, etc. Une exposition mentale s’ouvre devant nos yeux. Ducorroy ne se restreint pas aux plaques, il en adapte les normes grâce au volume, à la photographie, à la sérigraphie ou encore au néon. Les oeuvres dotées d’une dimension polysémique convoquent non seulement l’histoire de l’art, mais aussi le pouvoir d’interprétation de chacun. Bringing together works made between 1980 and 2013, this retrospective show offers a glimpse—an “apercu” says the title—of this artist’s unusual way with language, color and form. You could, if you wanted to find a label, describe him as a “neo-conceptual plate-ician.” After meeting Serge Gainsbourg in 1980 and seeing a workshop specializing in license plates, he decided to combine the latter with words. In his generic lexicon each word conjures up an image. It’s an effective language, with no mysteries. It’s all in the words. Using this system, he composes mental images with words as motifs, in response to which each viewer will create their own personal image based on their references and experiences. Here, for example, six plates bear the words, “Picture purchase in a modern art gallery.” It’s up to us to imagine the picture. Likewise, L’Exposition (The Exhibition, 1989–1990) consists of a big set of plates offering a host of references: “Green Composition, Monotype, Untitled, Face, Small Landscape.” Etc. This is a mental exhibition. Ducorroy has extended his methods from these plates to three dimensions, to photography, silkscreens and neon. These works with their polysemous dimension evoke not only art history, but also each person’s capacities for interpretation.
Translation, C. Penwarden