L’Art contemporain en Chine depuis 2000
Nouvelles éditions Scala Appréhender l’art contemporain chinois, en prise directe avec les bouleversements de la société et dont le grand réveil remonte à l’ouverture économique du pays au sortir de la Révolution culturelle, tel est l’objectif que s’est donné Caroline Ha Thuc, spécialiste de la scène artistique asiatique, vivant depuis plusieurs années à Hong Kong. À travers cet ouvrage concis et organisé, elle dégage les principales orientations d’une production artistique en pleine mutation qui se défait enfin, depuis le début des années 2000, de son carcan maoïste et se voit confronter à de nouvelles problématiques (nouvelles formes d’aliénation ?) issues du monde capitaliste et globalisé. L’étendue du sujet aurait pu conduire à une étude généraliste et orientée, que l’auteure évite par une exemplification systématique, enrichie d’analyses d’oeuvres, de nombreuses illustrations et de remarques directement inspirées de ses interviews avec les artistes. Loin de tomber dans un relativisme stérile face à une création de plus en plus hybride et universelle ou un déterminisme caricatural, son propos se déploie dans les nuances : si les textes introductifs constituent des mises en perspectives socio-culturelles des oeuvres et questionnent leur positionnement par rapport à la société chinoise, qu’elles s’attachent à en souligner les contours, les dérives ou qu’elles tentent de s’en libérer, il s’agit d’en donner des clés de lecture plutôt que des interprétations figées. En arrièreplan, c’est toute une pensée occidentale qui verse régulièrement dans le stéréotype et s’affranchit difficilement de son prisme de lecture qui est pointée du doigt, questionnant la légitimité même du label « art contemporain chinois », caractéristique d’une histoire de l’art encore trop sujette au cloisonnement.