ORLAN
Galerie Michel Rein / 6 septembre - 18 octobre 2014 ORLAN interroge le statut du corps dans notre société. Depuis les années 1960, elle explore l’autoreprésentation à travers une réflexion sur le « masque-identité ». Ce dernier est mis à l’honneur pour sa troisième exposition personnelle à la galerie Michel Rein. À l’entrée de l’exposition se trouve une photographie datée de 1965, Sens dessus dessous ou jambes en l’air, masque et tête à l’envers, où l’artiste nue dissimule son visage sous un masque Nô représentant un vieil homme grimaçant. Dans la grande salle apparaît ensuite sa dernière série photographique : Pekin Opera, Facing Designs et réalité augmentée. Les couleurs et les motifs sont issus des masques peints sur les visages des acteurs, danseurs et acrobates chinois. Le visage de l’artiste est entièrement peint et se fond dans un camouflage de motifs colorés. De la 2D à la 3D, il n’y a qu’un pas. Il suffit en effet au regardeur de scanner les photographies avec un téléphone ou une tablette pour faire apparaître l’avatar d’ORLAN sur les écrans. Les motifs forment un « QR code » donnant accès à une réalité augmentée. L’avatar, un corps immatériel vêtu d’une tenue noire et de chaussures hautement compensées, sort littéralement du cadre. Il s’avance, salue, jongle avec des masques et procède à différentes acrobaties. ORLAN fusionne son corps avec des corps d’hommes, les acteurs et acrobates de l’opéra de Pékin. Comme dans la série RefigurationSelf-hybridation (1999-2002), elle s’empare des attributs significatifs du pouvoir masculin à travers différentes cultures (africaine, précolombienne et indienne-américaine). Les genres sont hybridés pour une déconstruction et une redistribution des rôles. Elle sort du cadre pour nous interpeller, et sort aussi du carcan des traditions et des normes patriarcales. Depuis le début de sa carrière, ORLAN prône un engagement féministe fort en combattant la standardisation des corps par la société et la religion. Entre figuration et défiguration, elle porte un visage pluriel. « Je ne me prends pas pour une déesse mais je me sens moimême irreprésentable, infigurable. Toute image de moi-même est pseudo ». Son visage est ainsi pseudonyme de la différence. En
(Upside down, legs in the air, mask and backwards head), where the nude artist hides her face with a Noh mask of an old man making a face. Then, in the main room, is her latest photo ensemble, Pekin Opera, Facing Designs et réalité augmentée. The colors and designs are based on masks painted (1999-2002), she appropriates external signs of masculine power from several cultures (African, pre-Columbian and indigenous North American). The genders are hybridized in order to deconstruct and reassign the roles. She comes out of the frame to challenge us, and likewise moves outside of patriarchal traditions and norms Since she started out Orlan has been a staunch feminist and fought society and religion’s standardization of the body. Her figurations and disfigurations make her a person of many faces. “I know I’m not a goddess, but I feel unrepresentable, non-figurable. All representations of me are pseudo.” Her face, therefore, is a pseudonym for otherness. Drawing on non-Western cultures, she becomes the matrix where otherness is revealed and expressed. She embodies the writer Édouard Glissant’s “ToutMonde” (Everyworld), an archipelagic body where references clash and hybridize to reveal new identities and relationships. This same idea can be glimpsed in her video piece Repère(s) mutant(s) (Mutant Signifiers, 2012), with photo of some twenty people of various ethnicities who have acquired French citizenship. Their faces are overlaid with the flag of their country of origin and the French flag. In this show, the decision to combine Orlan’s historic and recent work brings out not only its audacious development but also its critical coherence and steadfast stand against the standardization of the body.
Translation, L-S Torgoff