FAIRE CORPS AVEC LE PAYSAGE
Pour ce projet qu’elle poursuit depuis plus d’un an, Pauline Bastard a acheté une ancienne ferme landaise fragilisée par une tempête, afin de la déconstruire à la main, pierre par pierre, et d’en répartir les composants dans les environs, de façon tantôt visible et tantôt imperceptible. Toute la charge historique de cette maison hante depuis lors des paysages dont Pauline Bastard se trouve être la décoratrice, presque l’auteur invisible. Trois vidéos ont été réalisées comme des traces de cette action, ainsi que des photographies encadrées avec des morceaux de bois venant de la maison. Au son de cette évocation, on pourrait penser à des oeuvres de land art, mais les formes spectaculaires des grands Américains sont ici remplacées par des spectres plus proches du travail de Danh Vo, bien que celui-ci soit un artiste beaucoup plus politique (1). Pauline Bastard se situe sur un chemin différent ; avec les États de la matière, elle rompt calmement et sans pathos le fil d’une histoire, déconstruit au lieu de produire. L’oeuvre consiste en cette inversion du paysage. Ce n’est pas là son premier travail à faire corps avec le paysage. La série de photographies Thinning out of Leaves (2013), montre ses effets personnels disséminés derrière elle dans des buissons et des terrains vagues après une résidence en Californie. À une autre occasion, avec le budget d’une exposition au château de Montbazillac, elle a été jusqu’à acheter une grotte afin d’y déposer durablement le contenu des Objets trouvés qu’elle y avait exposés ( la Grotte, 2013). Ces échanges avec le paysage sont comme une conversation, une sorte de récit, lui aussi central dans ces oeuvres.