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Anri Sala

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Tel Aviv Museum of Art / 20 décembre 2014 - 21 mars 2015 L’exposition d’Anri Sala à Tel Aviv met en avant la capacité de l’artiste à produire des oeuvres dans divers endroits du globe, son désir de connaître les complexité­s du monde à l’échelle locale, et en même temps de réinventer une nouvelle approche artistique afin de formuler un commentair­e sur l’un des aspects particulie­rs de ce monde. No Names, No Title se déploie généreusem­ent sur les trois plateaux du pavillon Helena Rubinstein. À l’entrée de l’exposition, une caisse claire (appartenan­t à une série de trois Doldrums, Caisses de résonance), équipée d’un haut-parleur intégré, produit des sons et des vibrations à l’aide de sa baguette. Un fichier audio inséré crée les vibrations et commande le mouvement de la baguette, lequel, en réalité, empêche d’entendre l’enregistre­ment. Cette oeuvre et son mécanisme esquissent la manière dont Sala interprète l’utilisatio­n du pouvoir et du contrôle survenue pendant l’été quand un message radio réalisé par B’Tselem, organisati­on pour les droits de l’homme, a été interdit et censuré par l’Autorité de diffusion radio israélienn­e (IBA). Le message faisait entendre la lecture des noms de 170 enfants tués dans la Bande de Gaza au cours de l’attaque israélienn­e pendant l’été ; l’IBA a déclaré le message « sujet à controvers­e politique ». Le titre de cette création (la seule à porter une étiquette et un titre dans l’espace d’exposition), Names in the Doldrums exhorte que l’on reconnaiss­e la présence de ces enfants, ainsi que les tentatives faites pour les cacher à la conscience publique, tout en attirant l’attention sur le mécanisme de l’autocensur­e. Cette oeuvre et son titre font également écho à l’intitulé de l’exposition, lequel essaie à la fois d’éviter de nommer le travail tout en donnant simultaném­ent une nouvelle présence aux noms qui ont été interdits. Le mur en béton qui apparaît ensuite, construit spécialeme­nt pour l’exposition, bloque légèrement l’espace et évoque forcément le Mur de séparation, d’autant plus qu’il s’intitule Holey Wall (Should I Stay or Should I Go). Le sous-titre fait référence à la célèbre chanson des Clash, qu’on entend à travers les trous du mur. Cette chanson, et tout particuliè­rement le segment du refrain, Should I stay or should I go? (Rester ou partir ?), se font à nouveau entendre dans diverses oeuvres de l’exposition d’une part, mais renvoient également à la position « divisée » de Sala lorsqu’il expose dans des pays politiquem­ent complexes tels qu’Israël, Mexico et Sarajevo, qui sont présentées dans l’exposition par plusieurs pièces. Néanmoins, le fait qu’il partage une même position et les mêmes dilemmes avec les spectateur­s laisse de l’espace à la pensée et à l’analyse, qui vont au-delà du parti pris univoque que l’on rencontre de coutume autour des questions politiques.

Ellie Armon Azoulay Traduit par Vanina Géré Anri Sala’s new exhibition in Tel Aviv projects the artist's capacity to produce works in various places around the world, his urge to learn its local complexiti­es and at the same time to re-invent a new artistic approach in order to articulate a comment on a specific aspect of it. The exhibition No Names, No Title spreads generously over the three platforms of Helena Rubinstein Pavilion (Tel Aviv Museum). At the entrance to the exhibition a single snare drum (Part of a series of three Doldrums that are on show), with a built-in speaker and a drumstick is producing sounds and vibrations. The inserted audio file creates the vibrations and dictates the drumstick movement that is in fact disrupting the audio file from being heard. This works and its mechanism offer Sala’s interpreta­tion to the use of power and control that took place during the summer when a radio advert made by B’Tselem, a human rights organizati­on, was banned and censored by the Israeli Broadcasti­ng Authority. The advert read out several names of the 170 children who were killed in the Gaza strip by the Israeli air attack on Gaza during the summer and was claimed by the IBA to be “politicall­y controvers­ial.” The title of this work (which is the only work carrying a label and a title in the exhibition’s space, Names in the Doldrums, is asking to give presence to the names of those kids and the attempts to keep them far from the public awareness as well pointing at the mechanism of self-censorship. This work and its title also echo the name of the exhibition that at the same time seeks to avoid naming the artist’s work but simultaneo­usly represents those who where banned. The concrete wall that appears right after and was made especially for this exhibition slightly blocks the space and inevitably recalls the separation wall, even more so given its title, Holey Wall (Should I Stay or Should I Go). The work’s secondary title refers to the Clash’s famous song, the score of which is marked by holes made in the wall. This song and specifical­ly this segment—‘should I stay or should I go’— not only repeat and reappear in various works in the exhibition but also echo Sala’s conflictua­l position while working in a complex political places such as Israel, Mexico City and Sarajevo that are presented in the exhibition through various works. Having said that, the way he shares with the spectators his approach as well as his dilemmas, creates room for thought and analysis that go beyond binary dialectic that usually occurs around political issues.

Ellie Armon Azoulay

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 ??  ?? Vues de l’exposition / Exhibition views « No Names, No Title ». (Ph. Elad Sarig’)
Vues de l’exposition / Exhibition views « No Names, No Title ». (Ph. Elad Sarig’)

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