1re biennale, Circonférences
Divers lieux / 5 - 7 mars 2015 Au coeur de la Mayenne, à ChâteauGontier, Le Carré (scène nationale et centre d’art contemporain) a fait le pari d’une nouvelle expérience : la première édition d’une biennale intégralement consacrée à la conférence-performance. Pari réussi ! Pendant trois jours, le programme de Circonférences a donné lieu à neuf conférences prononcées par dix artistes. Il s’agissait d’analyser ce qu’est une conférence (fonction, objectifs, déroulé), de décrypter la relation qui existe entre le public et le conférencier, de déplacer les frontières entre la conférence traditionnelle et la performance. Dans le cinéma le Rex ou sur la scène du Théâtre des Ursulines, les propositions étaient plurielles. Certains artistes ont fait le choix d’une thématique déclamée par le biais de compilations visuelles, d’anthologies ou d’abécédaires. Ainsi, Alexandre Périgot, retrace une histoire possible de l’art en présentant la récurrence d’un motif : le rideau. De Zeuxis à Mike Kelley, en passant par Felix Gonzalez-Torres et le concours de Miss Rideau de douche à Cannes, l’artiste nous entraîne sur un territoire à la fois absurde et pertinent. De la même manière, Antoine Poncet présente son Anthologie du Charabia, une collection de textes incompréhensibles. Arnaud Labelle-Rojoux débarque sur la scène en trébuchant, il passe en revue des images de chutes, en alternant des références à l’histoire de l’art, à l’histoire du cinéma ou encore à la culture populaire. De Jan Bas Ader plongeant à vélo dans une rivière à la chute scénique de Madonna, l’artiste dresse un Petit Abécédaire de la chute. Nathalie Quintane, debout devant un pupitre, promet une conférence qui abordera tous les sujets de toutes les conférences possibles. D’un jeu de mot à l’autre, elle parle des goitres pendant à nos cous, du potin, une monnaie gauloise ou encore des hamadryades. Sans véritable cohérence, les sujets s’emboîtent les uns aux autres. Jean Boucault et Johnny Rasse (accompagnés de Philippe Braquart) performent un concert de chants d’oiseaux, agrémenté de petites leçons d’ornithologie. Sur un mode autobiographie, Loïc Touzé, danseur et chorégraphe, raconte son parcours ( Je suis lent) : son rejet de la danse classique, son projet de déconstruction du corps. Il confie être à la recherche perpétuelle d’une danse à venir. La biennale s’est close avec l’intervention de Jean-Yves Jouannais, qui, depuis 2008, se consacre à l’Encyclopédie des guerres. Avec émotion et virtuosité, le critique d’art devenu artiste revient sur la genèse de son entreprise : lire tous les ouvrages (livres d’histoire, romans, théâtre, etc.) traitant des guerres entre l’Iliade et Hiroshima. Au moyen de la conférence, il construit une encyclopédie des guerres restituant des citations extraites de ses lectures. Le premier chapitre de Circonférences est la promesse d’un nouveau format interdisciplinaire où les registres et les récits s’entrecroisent en liberté. Le Carré, a national theater and contemporary art center in Château-Gontier (northwest France) bet on something new—the first biennial entirely devoted to performance lectures—and it seems to have succeeded. The three-day cycle entitled Circonférences featured nine lectures by ten artists. The issues it tackled were: What is a lecture—what are its function, aims, and procedures? What is the relationship between the audience and the lecturer? How can the boundaries between the traditional lecture and performance art be shifted? The events taking place in the Rex movie house and the Théâtre des Ursulines varied widely. Some artists chose to address their theme through visual compilations, anthologies and alphabet books. Alexandre Périgot, for example, sketched out a possible history of art by tracing a recurrent motif, curtains. From Zeuxis to Mike Kelley, including Félix Gonzalez-Torres and the Miss Shower Curtain contest at Cannes, his presentation was both absurd and lucid. Similarly, Antoine Poncet presented his Anthologie du Charabia (double Dutch), a collection of gibberish texts. Arnaud Labelle-Rojoux came onto the stage stuttering. The many images of falling he proffe- red were full of references to art and film history and popular culture. From Jan Bas Ader riding a bike into a stream to Madonna’s on-stage tumble, he put forward a kind of alphabet book of great falls. Nathalie Quintane, standing at a lectern, promised a lecture that would take up all possible lecture subjects. Through word play she went from talking about goiters on our neck to gossip, Gallic coins and hamadryades. Without real coherence, the subjects slid together. Jean Boucault and Johnny Rasse (accompanied by Philippe Bracquart) gave a concert of birdcalls with a sidebar of brief ornithology lessons. In an autobiographical piece, the dancer and choreographer Loïc Touzé described his career arc (“I’m slow”) from his rejection of classical dance to his project of deconstructing the body. He confided that his is a perpetual search for a dance to come. The biennial closed with the intervention of Jean-Yves Jouannais, who has been working on his Encyclopédie des guerres since 2008. Combining emotion and virtuosity, this art critic/artist recapped how he set out to read all books (histories, novels, plays) dealing with war from the Iliad to Hiroshima. Using excerpts from his reading, through the course of his lecture he laid out an encyclopedia of wars. This first edition of Circonférences introduced a new interdisciplinary format where registers and narratives mix freely.
Translation, L-S Torgoff