LA DISPARITION DU SUJET
En 2009, l’exposition Corps à corps, à la Fondation Claudine et Jean-Marc Salomon inaugurait une reconnaissance renforcée par la rétrospective que lui consacrait Lorand Hegyi, au musée d’art moderne de SaintÉtienne en 2011. La même année, il est l’un des quatre nominés au prix Marcel Duchamp. Olivier Kaeppelin, alors directeur du Palais de Tokyo, est son rapporteur. Il n’obtient pas le prix, mais le documentaire d’Olivier Picasso et de Wendy Bouchard intitulé l’Art à tout prix, diffusé sur France 2, et qui présentait les quatre finalistes, révélait une personnalité attachante, préoccupée avant tout par l’oeuvre en cours. Formé principalement par Olivier Debré à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris de 1979 à 1984, Damien Cabanes explore depuis ses débuts la problématique de l’objet et de sa représentation, la question de la forme – telle que Picasso la concevait – et celle de l’espace, telle que l’envisageait Malevitch en 1915 avec le Carré noir sur fond blanc. Il imagine de légères distorsions qui permettent de faire l’expérience à la fois émotionnelle et physique de l’oeuvre jusqu’à la disparition presque totale des sujets. Car, pour Damien Cabanes, « c’est précisément lorsqu’il n’y a plus de sujets qu’apparaît le sujet ». Au milieu des années 1980, il inaugure, en marge de la sculpture et de paysages à la gouache d’après nature, une série de tableaux abstraits à travers lesquels il appréhende la peinture en tant qu’espace plan. Il peint des carrés de couleurs, obsessionnellement travaillés, souvent pendant plusieurs mois, procédé qu’il interrompt à deux reprises, par crainte de s’enfermer dans un système. Entre 1988 et 1991, il utilise de la glycéro et la gamme réduite des dominantes