Confiteor
Tituli L’expression « se réfugier dans les livres » est la plus étrangère, la plus contraire à Pascal Boulanger. On ne vit pas vraiment dans un refuge ni dans une bibliothèque qui sent l’encaustique. On vit à l’air libre. Et si possible libre dans l’air. Des livres, il y en a pourtant dans ces pages sans repos… Ils sont nombreux, divers, et pas du tout rangés selon les genres ou les époques. Tertullien et Charles Péguy vont ensemble, Baudelaire, Nietzsche, Hopkins, Marcelin Pleynet et Jacques Henric (avec lequel Pascal Boulanger publia un livre d’entretien, Faire la vie, en 2013) sont lus avec la même attention, dans le même but : alimenter un large « manuel de survie », ne jamais baisser les armes devant cette « barbarie [qui] ronronne et se fait appeler culture ». Ce qui fait du bien dans ce livre de Boulanger, comme dans toute son oeuvre, c’est précisément cet impossible repos dans une certitude – et la condescendance qui va avec à l’égard de ceux qui ne la partagent pas. Les convictions, ici, mettent en mouvement, parfois même en rage. Prenez la foi chrétienne à laquelle l’écrivain dit avoir accédé à la fin des années 1970. Nul retour à un conformisme, encore moins à un ordre social ou culturel. « Ma foi est indissociable de l’angoisse et de la révolte. » De même, politiquement, sur le mariage pour tous ou à propos de tout sujet, rien n’est pensé d’avance. « Royaliste de sentiments et gaulliste de raison », Boulanger aime bousculer, refuser les « savoirfaire », la « fusion souhaitée des individus en collectif ». L’aveu que suggère le titre, c’est la promesse toujours renouvelée de ne jamais « prostituer [son] âme », de ne rien céder: « Tout ce que mes adversaires attaquent, je le défends. Tout ce qu’ils défendent, je l’attaque »… Qu’on se le tienne pour dit.