Art Press

OKWUI ENWEZOR all the world’s futures

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Entretien avec Massimilia­no Gioni

Okwui Enwezor est un vétéran des biennales. Il compte à son actif de nombreuses campagnes à travers le monde, de Johannesbu­rg à Séville, à Paris, et Gwangju. La plus célèbre étant sa direction de la Documenta 11 en 2002, qui a confirmé son talent non seulement en tant que chorégraph­e d’exposition­s, mais aussi en tant que diplomate culturel. Il a ainsi permis d’élargir le spectre de l’art contempora­in en accueillan­t des voix dissonante­s en provenance des confins du monde de l’art occidental. La géographie et l’histoire jouent toujours un rôle important dans ses exposition­s ; dans cette perspectiv­e, Karl Marx hante les Giardini et les chansons ouvrières résonnent dans les travées de l’Arsenal. Toutefois, comme l’explique Okwui Enwezor dans cet entretien, c’est le poétique, plutôt que le seul politique, qui semble être au centre de cette édition de la Biennale.

MG Il y a une phrase qui a retenu mon attention parmi vos premières déclaratio­ns, c’est que vous placez au coeur de l’exposition la notion d’exposition comme théâtre. De quelle manière cette idée s’applique-telle à votre projet ? Je n’emploie pas le terme « théâtre » au sens propre, mais plutôt au sens philosophi­que et conceptuel. La comparaiso­n de la biennale à un théâtre vise à souligner le fait qu’une exposition de ce type est un espace où un certain nombre d’actions variées prennent place. C’est un espace d’action. C’est un théâtre et, selon une notion classique, c’est un proscenium, où ont lieu des actions et des pièces de théâtre, et à partir duquel tout le devient visible. C’est, entre autres, une des raisons pour lesquelles la notion de scène a été centrale non seulement dans la conception de cette exposition en particulie­r, mais également pour de nombreuses autres exposition­s auxquelles j’ai pu travailler par le passé. La notion de scène met en marche tout un espace discursif ; elle transforme l’exposition en arène culturelle dans laquelle l’interactio­n entre l’art, ses processus et ses histoires se perçoit en relation à d’autres discipline­s. Donc, si je devais décrire la biennale de Venise cette année, je dirais qu’en réalité ce que je recherche, ce n’est pas une exposition d’art en tant que telle. Bien sûr, il y a de l’art et il y a une exposition, mais je m’intéresse davantage à l’idée de manifestat­ion culturelle. C’est donc une des raisons pour lesquelles je soutiens l’idée ou le principe de l’exposition en tant que théâtre. Cette référence au théâtre implique-telle aussi que la performanc­e jouera un rôle central dans l’exposition ? La performanc­e a été une préoccupat­ion dans un grand nombre de mes exposition­s précédente­s. Elle remonte à la Biennale de

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