DAMIR OCKǑ
Intitulé Studies on Shivering: The Third Degree, le projet de Damir Ocˇko s’inscrit dans ses recherches développées au cours de ces trois dernières années, explorant ainsi un lien entre poétique et politique. Ses poèmes, films, partitions et collages entremêlent habilement des éléments qui traduisent justement et poétiquement les contraintes sociales imposées à notre corps, évoquant par là même des moments de passage et des zones de transition. La violence inhérente à ses oeuvres reflète les problèmes soulevés par une instabilité qui oscille constamment entre une apparente tranquillité et la violence sousjacente à la mondialisation. Damir Ocˇko (né en 1977) explore les thèmes du contrôle et de l’absence de contrôle, de l’endurance et des limites de la présence humaine au sein de la sphère politique : entre représentation et abstraction, la notion de tremblement [shivering] est analysée ici comme une réaction récalcitrante aux mécanismes de contrôle. Avec son titre faisant référence à des onomatopées produites par le son d’une pierre heurtant le sol ou d’un claquement de dents, le film TK (2014) nous montre un vieil homme atteint de la maladie de Parkinson en train d'écrire une phrase commençant inlassablement par les mots « In tranquility… ». Ces scènes sont juxtaposées à des plans d’hommes athlétiques, grelottant dans le froid glacial. Cette instabilité incontrôlée du corps physique se retrouve dans un autre film intitulé The Third Degree, montrant en gros plan la peau d’une femme telle une texture gravement endommagée par le feu. En anglais, l’expression The third degree [Le troisième degré] a deux sens : celui d’une brûlure extrême, mais aussi celui d’une confession avouée sous la violence ou la torture. Ces deux films sont en étroite relation : si TK suit un groupe de protagonistes faisant l’épreuve du froid hivernal, comme la métaphore d’une situation où les mécanismes de contrôle nous échappent pour révéler notre fragilité, mais aussi notre potentiel d’endurance, The Third Degree évoque la question des limites et ce que signifie « résister jusqu’au bout ». Le visible et l’invisible, la présence d’un corps humain fragmenté, brûlé, gelé, rappellent les contraintes à la fois physiques et psychologiques générées par un contexte socio-politique