Peter Downsbrough
Divers lieux / Avril - septembre 2015 À l’origine d’un ensemble de quatre, et à l’initiative d’Elke Giffeler, l’exposition qui s’est ouverte en avril à la Mies van der Rohe Haus, accompagnée d’un catalogue, est une occasion inédite de spéculer sur les connivences du travail de Peter Downsbrough avec l’architecture. À proximité de l’Obersee, cette maison modeste a été conçue par Ludwig Mies van der Rohe en 1932- 1933, avec Lilly Reich, pour Karl et Martha Lemke, sur fond de fermeture par les nazis du Bauhaus réinstallé à Berlin, que Mies dirigeait depuis 1930. Karl Lemke était propriétaire d’une imprimerie et d’une maison d’édition qui diffusait Die rote Fahne. Passée en secteur soviétique en 1945, la Haus Lemke fut transformée en garage puis affectée à la Stasi en 1962, avant de changer de statut en 1977, reprise ensuite dans la liste des monuments protégés. Après la réunification de l’Allemagne, Martha Lemke l’a léguée à la Ville de Berlin, qui en a fait un lieu d’exposition. Une petite pièce – UND – donne son nom à l’exposition de la Haus Lemke: le mot s’ouvre avec la porte d’entrée sur l’espace limpide et net de cette oeuvre discrète de Mies. Six autres pièces sont placées dans l’espace orthonormé, intérieur comme extérieur. L’attitude est la même, en recherche de subtiles variations d’un langage plastique aussi précis qu’ouvert. Aux visiteurs de faire les liens avec l’Histoire, avec la géographie, mais aussi, parce qu’elle saute aux yeux, avec la situation de fait, en temps réel. À l’inverse du minimalisme, ce n’est pas la théâtralité qui importe, mais l’inscription dans le donné immédiat, pour que tout ce qui n’est pas l’oeuvre stricto sensu y participe dans une complexion de deixis in praesentia – d’autres ont parlé de « défocalisation », d’« éléments déflecteurs » – et de deixis in absentia : les contenus spatio-temporels du contexte révolu interagissent au gré des investigations sans s’imposer au plan des affects, mais en intelligence avec le sens miesien du détail. Outre une discussion publique avec Michael Lailach, le 21 avril à la Kunstbibliothek, où sont également présentés une wall piece et l’ensemble des livres de Peter Downsbrough, l’exposition de la Mies van de Rohe Haus se complète donc d’une wall piece de plus grandes dimensions – LIMIT / S – visible chez Andreas Murkudis, et d’une exposition – TIME – montée par Marc Glöde à la Kunstsaele, qui regroupe photographies, vidéos et room pieces. L’ensemble de ces expositions est intitulé A Place – Berlin, titre repris d’un livre éponyme publié pour la circonstance. The exhibition at the Haus Lemke takes its name, UND (And) from a small piece of the same name located at the entrance, which opens on the kind of bright, straightforward space that characterizes Mies’ discreet design. Six other pieces are on view elsewhere in the interior and exterior orthogonal spaces. Each is a subtle variation on a visual language that is as precise as it is open. It is up to visitors to divine the work’s relationship with history and geography, as well as the actual, real-time situation, which cannot be ignored. In contrast with Minimalism, the point here is not theatricality but an inscription in immediate sense data. Everything that is not the artwork in itself strictly speaking is part of it in the sense of a complex interplay of deixis in praesentia (some writers have referred to “defocalization” and “deflecting elements”) and deixis in absentia: the spatio-temporal contents of a past context interact as we explore them without imposing themselves on the affective plane, in harmony with Mies’s sense of detail. Complementing the show at the Mies van de Rohe Haus, a Downsbrough wall piece and all of his books were presented at a public discussion with Michael Lailach on April 21 at the Kunstbibliothek. An even larger wall piece, LIMIT/S, is on view at the Andreas Murkudis boutique. The exhibition TIME curated by Marc Glöde at the Kunstsaele includes photos, videos and room pieces by Downsbrough. The ensemble of these exhibitions is called A Place – Berlin, a title borrowed from an eponymous book.
Translation, L-S Torgoff