EMBRASSER LA MORT
Ce sentiment de fuite, de dépossession n’est pas étranger à Jacques Chessex, mais il savait s’y tenir à distance en entretenant avec constance une mauvaise réputation. Les emportements dévastateurs, les péripéties de sa vie amoureuse, sa fréquentation des lieux mal famés et sa longue addiction à l’alcool ont comblé illusoirement bien des trous noirs et vertigineux, fardé maladroitement des plaies remontant à l’enfance. Jean-Michel Devésa démontre comment l’écrivain et peintre, en empruntant sans ménagement cette pente, ne cesse de s’inventer au miroir de Dieu : « Le pur recherché par Chessex coïncide avec l’éclat d’un soleil noir et la lumière du divin. En cédant au plaisir, il espère entrevoir son