Marion Verboom
Musée de l’abbaye Sainte-Croix / 4 juillet - 1er novembre 2015 L’oeuvre de Marion Verboom est gourmande et généreuse. Sans cesse renouvelées et témoignant d’une prise de risques permanente, les sculptures conçues par l’artiste depuis la seconde moitié des années 2000 ne sauraient se plier à une charte esthétique clairement identifiable. Aucune signature à proprement parler ne pourrait leur servir de fil conducteur, aucune thématique ou problématique récurrentes les fédérer si ce n’est un goût affirmé et affiché par Verboom pour l’appropriation de sources disparates, de répertoires formels complémentaires ou de techniques diverses qui ont jalonné l’histoire de l’art, aussi bien « ancienne » que « contemporaine ». Le minimalisme y occupe en toute légitimité une place de choix. Aussi n’est-il pas rare d’être confronté à travers ses pièces à des modules ou dispositifs répétitifs et permutables, à des « présences » sollicitant la déambulation d’un spectateur invité à en déconstruire les paramètres fluctuants. Ici, l’oeuvre conçue pour l’atrium répond à cette exigence et rappelle d’autres propositions de l’artiste, à l’image de Loess 1 (2012). Des colonnes formées de blocs sculptés et moulés renvoyant à de multiples références habitent et interagissent avec l’espace d’exposition. À aucun moment, il nous est permis d’embrasser d’un regard la totalité des colonnes. On a beau tourner autour, la pénétrer, s’en approcher, se tenir à distance et / ou démultiplier les points de vue, l’oeuvre nous met systématiquement en situation d’échec. Mais nous donne en contrepartie l’impression d’avoir retrouvé une forme d’humilité que très peu de travaux contemporains sont en mesure de nous procurer. Marion Verboom’s constantly changing sculptures attest to a ceaseless appetite for risk. Her work has evolved constantly over the last decade, and cannot be pigeonholed. She has no signature style, no recurring themes or issues to provide cohesion—except for her pronounced taste for appropriating from disparate sources and complementary formal repertories, and the various techniques that have marked art, both in the past and the recent present. Minimalism, quite legitimately, has pride of place. Many of her pieces are comprised of repetitive or permeable modules, or “presences” that invite visitors to walk around them and deconstruct their fluctuating parameters. A site-specific piece designed for the atrium here is meant for exactly that purpose. It recalls some of this artist’s previous work, such as Loess 1 (2012). Columns made of sculpted and cast blocks with multiple references inhabit and interact with the exhibition space. We can never see all the columns at once no matter what we do—walk around or between them, move closer or further away, or look from various angles. On the other hand, this piece gives us a sense of humility that very few contemporary artists are capable of imparting.
Translation, L-S Torgoff