Pierre de Fenoÿl
Jeu de Paume / 20 juin - 30 octobre 2015 Aujourd’hui méconnu, ou réduit à quelques vues de ruines égyptiennes ou de paysages du sud de la France, Pierre de Fenoÿl (prononcer « fenouil ») fut, à double titre, une figure importante de la photographie en France dans les années 1970-80. Il participa, par ses activités institutionnelles et éditoriales, à la reconnaissance du médium en s’intéressant aussi bien à la photographie anonyme qu’aux jeunes photographes de sa génération qu’il exposa au Salon Photo du Centre Pompidou. Parallèlement, il développa une oeuvre photographique qui lui valut bientôt de rejoindre ceux qu’il avait mis en lumière. L’exposition du Jeu de Paume au Château de Tours, première rétrospective depuis la mort prématurée de Fenoÿl en 1987, riche d’inédits et de documents, met l’ensemble de la carrière en perspective. Virginie Chardin, sa commissaire, a adopté un parti pris chronologique qui conduit, en passant par les ÉtatsUnis, Paris et l’Égypte, d’une série réalisée en Inde en 1969 aux paysages du milieu des années 1980. Bon nombre de ces derniers furent réalisés dans le Tarn dans le cadre de la vaste commande de la Datar qui visait à dresser un état des lieux du territoire français. Ce parti pris peut étonner : l’oeuvre, brève et cohérente, d’un classicisme noir et blanc centré et frontal, marqué par la photographie du 19e siècle, mais qui s’autorise quelques excentricités, semble devoir s’extraire de la chronologie, voire de son temps. Ce serait d’ailleurs se conformer à la pensée de Fenoÿl qui, dans « Nous sommes tous des anonymes », un texte à redécouvrir publié en 1983 dans la revue Photographies, opposait la nécessité de « rendre l’image