JENNIFER DOUZENEL
Anaël Pigeat
d’un motif repéré à l’avance par des rencontres et des conversations, qui lui permettent de trouver l’immobilité qui règne dans ses travaux, ces moments de contemplation que notre société contemporaine nous refuse si souvent. Dans Voile (2013), on reconnaît les mers de nuages que les peintres chinois traditionnels représentent sur des rouleaux, paysages de l’âme et invitation au voyage ; un personnage occupe le premier plan (ils sont rares chez Jennifer Douzenel), mais il a la tête sous un foulard rouge, et se trouve comme « effacé » devant le paysage ; c’est un photographe au travail, dont les mouvements guident notre regard immobile, double de l’artiste, et portrait de la Chine. Dans ses vidéos, qu’elle réalise avec un appareil de photographie, Jennifer Douzenel reflète d’abord ces lieux visités : ses vidéos japonaises traduisent les différents héritages culturels de l’archipel, ses vidéos italiennes touchent à l’histoire de l’art de la Renaissance. C’est aussi le passage d’un temps universel qu’elle montre à travers elles. Et lorsqu’elle évoque un nouveau projet, un nouveau motif, elle parle de l’ajouter à sa « collection », c’est-à-dire au reste de son oeuvre.