Richard Serra ; Yael Bartana
Museum Boijmans van Beuningen / 24 juin - 24 septembre 2017
Richard Serra entretient un lien privilégié avec le Boijmans van Beuningen pour lequel il a produit, au début des années 1980, deux waxing arcs qui, après avoir été « refabriqués » et « réadaptés », sont aujourd’hui présentés dans un nouvel espace pérenne. L’institution néerlandaise avait aussi fait l’acquisition de quatre dessins, non retenus dans cette exposition, qui se concentre sur un ensemble de travaux sur papier conçus entre 2015 et 2017. Le titre de l’exposition, Drawings 2015-2017, est, disons-le, trompeur et problématique, les travaux en question témoignant de données processuelles et d’un rapport à la matière et, selon les cas, à l’espace environnant. Ils relèvent davantage d’expérimentations sculpturales menées à la fin des années 1960, notamment autour du plomb, quand bien même celles-ci étaient, selon l’artiste, placées sous le signe du dessin. L’épaisseur et la densité de certaines oeuvres présentées à Rotterdam, de même que la sensation de pesanteur qui s’en dégage, soulignent enfin leur filiation avec d’autres familles de sculptures de Serra. Variant formats et techniques, l’exposition se clôt sur un ensemble de Rifts, reflétant l’insolente capacité de renouvellement de cette figure incontournable du postminimalisme. Le vertige que l’on éprouve face à ces dernières oeuvres placées dans des espaces qui n’autorisent presque aucun recul ne saurait être retraduit par les illustrations du catalogue. La qualité de l’épiderme des oeuvres y est respectée, mais, pour qui souhaiterait en expérimenter le corps, un voyage à Rotterdam s’impose.
Erik Verhagen
Richard Serra has a special relationship with the Boijmans van Beuningen, for which he made, in the early 1980s, two Waxing Arcs which, “refabricated” and” readapted,” are once again on view in a new permanent space. The museum also acquired four drawings, not included in this show focusing on works on paper made between 2015 and 2017. That said, the show’s title, Drawings 20152017, is misleading and problematic, since these particular works are actually concerned with process and the relation to materials and, where applicable, the surrounding space. They relate more to Serra’s sculptural experiments of the late 1960s, especially with lead, even if Serra did consider them drawings. The thickness and density of some of the pieces here, and the sensation of weight they give off, emphasizes their connection with other families of Serra’s sculpture. Varying formats and techniques, the show ends with the Rifts, testament to this major postMinimalist’s insolent capacity for self-renewal. The dizzying effect of these two pieces placed in a space where it’s almost impossible to step back is lost in the catalogue. If you want to experience them as bodies, you’ll just have to go there.
Translation, L-S Torgoff