LE CABINET SECRET
Au coeur de cette partie dédiée à l’expérience intérieure, on découvre un cabinet secret, une exposition dans l’exposition construite sur le modèle du du Musée archéologique de Naples dans lequel les oeuvres érotiques et scandaleuses de Pompéi sont réunies. C’est un endroit de repli, une chambre des projections fantasmatiques. Pour cela, j’ai souhaité inviter Mathilde Girard (philosophe et psychanalyste) à interpréter, par son texte, des oeuvres d’artistes pratiquant l’autoportrait de manière obsessionnelle, parfois fétichiste, comme peuvent l’être celles de Pierre Molinier (un ensemble de pièces de 1956 à 1962 est présenté, période où l'artiste est proche d’André Breton et du surréalisme) ou de Zorro (un artiste anonyme se mettant en scène, chez lui, à l’aide d’accessoires sadomasochistes et de déguisements d’aviateur, avec humour et rire grinçant, maladresse et dérision, de 1940 à 1970). La question de l’obsession est soulignée par la redécouverte de l’oeuvre rituelle d’Eugene Von Bruenchenhein qui photographia inlassablement son épouse, rejouant la scène de leur couple, à l’abri du monde et des regards de la société américaine des années 1940. Nous ranimerons également des rapports historiques avec des artistes qui furent proches de Georges Bataille, comme Hans Bellmer, et de la revue surréaliste Documents, à l’instar de JacquesAndré Boiffard. Enfin, des résonances avec des pratiques contemporaines se sont imposées à travers les sulfureuses aquarelles érotiques d’Oda Jaune ou les troublantes peintures retouchées de Markus Schinwald. Ce cabinet secret, aux liens intuitifs, est ouvert à l’interprétation.