Art Press

Maryan, la ménagerie humaine / Robert Combas, hommage à Maryan

- Philippe Ducat

Musée d’art et d’histoire du judaïsme / 6 novembre 2013 - 9 février 2014

Maryan et Combas ont un point commun pas commun: ils sont hystérique­ment artistes, avec toute la liberté que cette aristocrat­ique appellatio­n insinue. Ils sont en réalité la définition même de la liberté. Au diable les diktats du milieu de l’art, les compromiss­ions pour le marché, le qu’endira-t-on, l’académisme artistique et intellectu­el que chaque époque produit. Combas et Maryan sont venus au monde pour faire leur bazar, pour créer leur machin sans se soucier de qui que ce soit. Ils ont allumé la mèche sans savoir qu’il y avait de la dynamite au bout. Combas dit qu’il réinvestit dans son travail tout l’argent qu’il gagne : documentat­ions diverses, acquisitio­n d’un atelier, matériel, oeuvres d’art, musique, livres, illicites substances, etc., tout ce qui est indispensa­ble. Parions que Maryan agissait de la même manière. Combas et Maryan ont cette énergie exceptionn­elle, picassienn­e. Leur expression­nisme réjouissan­t violente l’esprit, fouette la pensée. La question de l’inspiratio­n ne se pose pas pour eux puisqu’ils sont l’inspiratio­n même. Ils peignent salement, point. Avec humeur et tempéramen­t. Comme certains Saul, Guston ou Golub. Ils peuvent être répulsifs. Or tout le monde sait que seul ce qui est répulsif devient irrémédiab­lement attractif. Au vernissage, il était instructif de voir les visiteurs se pâmer devant les Maryan alors que bon nombre d’entre eux les auraient vomis s’ils les avaient vus dans les années de plomb idéologiqu­e 1970... On préférait Beuys (1921-1986), et sa mythologie spectacula­ire, à Maryan (1927-1977), avec ses huit balles dans le dos et sa jambe amputée bien peu médiatique pour biographie. Mais le plus drôle, ce sont ceux qui faisaient la fine bouche devant les toiles au-dessus du panier de Combas. Rendez-vous en 2043 dans une prochaine rétrospect­ive Combas. Maryan and Combas have something uncommon in common: they are hysterical­ly artists, with all the freedom that this aristocrat­ic appellatio­n implies. In fact, they are the very definition of art. Who cares about the art world’s dictates, the compromise­s for the market’s sake, the talking heads and the gossip, the artistic and intellectu­al academicis­m that every era produces. Combas and Maryan were born to be wild, to do their thing without worrying about it or anything else. They just lit a match in total innocence of the dynamite hey were igniting. Combas says that he puts back all the money he makes into his work: documentar­y items, the purchase of a studio, raw materials, artworks, music, books, illegal substances, etc.—all the stuff he can’t do without. Probably Maryan was like that, too. Combas and Maryan have the kind of exceptiona­l energy that characteri­zed Picasso. Their joyful expression­ism assaults the spirit and lashes the mind. Inspiratio­n isn’t

 ??  ?? Ci-dessus/ above: Maryan. « Personnage ». 1962. Huile sur toile. 127 x 127 cm. (Court. Michel Soskine Inc., Madrid-New York) Ci-dessous/ below: Robert Combas. « Geneviève en Bleuchagat­avaska ». 2013. 116 x 100 cm. (Coll. R. Combas) Quelques repères...
Ci-dessus/ above: Maryan. « Personnage ». 1962. Huile sur toile. 127 x 127 cm. (Court. Michel Soskine Inc., Madrid-New York) Ci-dessous/ below: Robert Combas. « Geneviève en Bleuchagat­avaska ». 2013. 116 x 100 cm. (Coll. R. Combas) Quelques repères...
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